Critique
Après 25 heures de « Starfield » : il reste un jeu de rôle Bethesda
par Philipp Rüegg
« Starfield » n’est pas une révolution du genre. Il s’agit « seulement » d’un jeu Bethesda dans l’espace. Ce qui déçoit de nombreux·euses adeptes est pour moi une raison de se réjouir. Cela fait du bien de se replonger dans un monde magique de Bethesda après une longue période.
Les avis sur Starfield divergent fortement au moment du lancement. Dans sa critique détaillée du jeu, Phil n’est pas non plus totalement convaincu par le jeu. L’un des principaux points négatifs du consensus critique : le jeu n’offre rien de révolutionnaire. Il ne s’agit pas d’un jeu de simulation spatiale avec des mondes transparents à la No Man’s Sky ou Star Citizen. Au lieu de cela, Starfield est simplement un Skyrim ou un Fallout dans l’espace.
Pour moi, ce n’est pas une critique, mais une raison de se réjouir. Car en tant que fan de Bethesda, je suis tout simplement heureux que le studio culte retrouve sa force d’antan dans les RPG après des années de médiocrité.
Avant le lancement de Starfield, les accros de jeux Bethesda n’ont eu droit qu’à des flops pendant une longue période. Fallout 4, le dernier grand RPG solo de Todd Howard, est sorti en 2015. Ensuite, il y a eu la suite multijoueur catastrophique Fallout 76, des versions VR d’anciens jeux ainsi qu’un jeu mobile The Elder Scrolls.
Cette longue période, durant laquelle Bethesda Game Studios n’a pas proposé de jeux de bonne qualité, a été d’autant plus douloureuse si l’on se réfère aux années légendaires entre 2006 et 2011, marquée par la sortie des jeux comme Oblivion, *Fallout * et Skyrim. Trois jeux fabuleux qui bénéficient encore aujourd’hui d’une base d’adeptes importante et active.
Chaque jeu avait cette « magie de Bethesda » particulière. Je ne parle pas des innombrables bugs qui ont émaillé le lancement, mais de cette sensation indescriptible que vous ressentez à la découverte d’une grotte dans Skyrim et lorsque vous vous retrouvez soudainement dans une quête annexe épique qui dure des heures. Il s’agit de ce sentiment lorsque vous décidez de détruire une ville entière avec une bombe atomique dans Fallout 3, de cette sensation de liberté totale et l’envie d’explorer que procurent les immenses univers de jeu de Bethesda. Je parle de la magie de Bethesda, tout simplement.
Pour moi, elle était déjà moins présente dans Fallout 4. Au lieu de moments magiques, je ressentais de plus en plus une sourde impression de déjà-vu. Oui, tout était plus grand et plus beau, sans être passionnant, car le jeu était trop similaire à son prédécesseur.
Je n’ai même pas touché au jeu multijoueur Fallout 76 qui est un échec. Fallout 76 n’avait que peu de rapport avec les jeux de la série principale. Le monde était vide, les quêtes inintéressantes et les bugs encore plus dévastateurs que d’habitude. Même sans y avoir joué, j’avais compris, grâce à de nombreuses critiques et vidéos, que la magie de Bethesda avait définitivement disparu.
Avance rapide jusqu’en 2023. Huit années entières après Fallout 4, Starfield est enfin sorti. Je commence le jeu avec des sentiments mitigés et ne sais pas vraiment à quoi m’attendre. Je n’ai pas l’espoir de redécouvrir l’ancienne magie de Bethesda. Les nombreuses critiques et discussions contradictoires sur Twitter me laissent également perplexe. Mais je suis curieux de le découvrir.
Tout d’abord, je suis déçu par le jeu. Contrairement aux jeux Bethesda précédents, Starfield ne m’offre pas une grande carte sur laquelle je peux simplement me promener et découvrir des choses. Au lieu de cela, je dois cliquer sur des menus et voyager beaucoup et rapidement avec mon vaisseau spatial. Je ne peux pas voler manuellement de planète en planète ou explorer des planètes entières sans interruption.
Je me demande si l’ancienne magie de Bethesda peut être reproduite avec un monde de jeu aussi fortement partitionné et des écrans de chargement permanents.
Ma réponse à cette question, après environ 30 heures de jeu : oui ! L’espace de Bethesda ne semble pas aussi cohérent que les mondes ouverts des jeux précédents, mais Starfield se distingue par une énorme diversité et une grande quantité de contenus.
Tout ce que je découvre dans l’immensité de l’espace n’est pas forcément passionnant. Mais ce n’est pas grave, car Starfield est un jeu gigantesque et me donne encore plus de liberté que Fallout ou Skyrim. Si une ligne de quêtes ou une planète générée de manière procédurale m’ennuie, il suffit de quelques clics pour passer rapidement à la prochaine aventure.
Avec le temps, j’apprends à séparer l’important de l’inutile. Je suis pris dans un tourbillon de quêtes passionnantes et je saute comme un fou entre des dizaines de planètes. Dans une session de jeu, je vois à un rythme époustouflant de nombreux lieux, personnages et événements différents. En l’espace d’une heure, je découvre des aliens dinosaures, je fais une pause dans un spa spatial, j’explore en apesanteur un vaisseau-casino abandonné et, pour finir, je décide du sort de toute une colonie spatiale. C’est impressionnant ! C’est la magie de Bethesda à la vitesse de la lumière.
Toute cette discussion sur les sims spatiaux et les univers de jeu sans faille à la No Man’s Sky me semble de plus en plus futile au fur et à mesure que je joue. Starfield ne vise pas à simuler la réalité souvent ennuyeuse de la navigation spatiale ou à créer une « sensation spatiale » cohérente. Pour cette raison, vous volez rarement manuellement et, trop souvent, vous voyagez rapidement à travers la région et disposez d’un large éventail de contenus RPG accessibles à tout moment en quelques clics. Des quêtes classiques qui pourraient sortir tout droit de Skyrim ou de Fallout aux activités spatiales complètement folles, tout y est. Si vous vous engagez dans cette structure de jeu particulière, vous redécouvrirez la magie des anciens jeux Bethesda.
Malheureusement, cette magie s’accompagne de défauts bien connus du studio. Des visages de PNJ sans vie, des animations bizarres et une gestion laborieuse des objets font également partie du quotidien de Starfield. Mais je dois avouer que tout cela ne me dérange guère. Au contraire, ces petits désagréments provoquent chez moi un sentiment de nostalgie agréable et complètent parfaitement la magie de Bethesda revigorée.
J’ai l’impression que c’est comme avant et cela procure du bien-être. C’est étrange, je sais. Mais je suis simplement heureux de pouvoir jouer à nouveau à un très bon jeu Bethesda.
Il ne reste plus qu’à espérer que Bethesda poursuivra sur cette lancée avec son prochain projet et ne nous livrera pas une suite peu inspirée, voire un désastre à la Starfield 76. Le prochain grand jeu du studio ne devrait de toute façon plus être une aventure spatiale. Selon le patron de Bethesda Pete Hines, The Elder Scrolls VI est activement en développement. Le jeu ne sera pas disponible avant 2028. Mais après Starfield, j’ai bon espoir et je suis persuadé que la longue attente du prochain monde magique de Bethesda en vaudra la peine.
Vous pourrez lire la critique détaillée de Phil sur Starfield ici :
Pour voir notre vidéo de présentation de Starfield, cliquez ici :
Ma passion pour les jeux vidéo s'est éveillée au jeune âge de cinq ans avec la Gameboy originale et a grandi à pas de géant au fil des ans.