En coulisse
La norme de charge sans fil Qi2 : raisons d’un échec
par Lorenz Keller
Le Honor Magic 6 Pro veut se démarquer des autres smartphones haut de gamme avec un diaphragme mécanique et une nouvelle batterie.
Avant de tester le Honor Magic 6 Pro, j’espérais que son diaphragme mécanique lui apporterait une certaine marge de manœuvre créative au niveau de l’appareil photo. Malheureusement, il ne fait pas de grande différence. Quant à la technologie spéciale de la batterie, j’attendais qu’elle apporte une autonomie nettement plus longue, ce qui est le cas, mais seulement à petite échelle. C’est plutôt grâce à ses rares fonctions IA que ce smartphone m’a enthousiasmé.
Le Honor Magic 6 Pro est un smartphone de grande taille qui reste cependant agréable en main. Mon appareil de test de couleur « Epi Green » a un dos mat en similicuir souple avec de légères hachures. La matière est agréable au toucher, même si je ne peux pas encore juger de la rapidité avec laquelle elle s’use. Pour la version noire, Honor utilise du plastique réfléchissant. Indépendamment de la couleur et du matériau, le smartphone est étanche selon la norme IP68. Il a donc résisté sans dommage à des essais de 30 minutes sous 1,5 m d’eau douce propre.
À l’avant se trouve un écran OLED de 6,8 pouces. Ce dernier est doté d’une haute résolution de 2800 × 1280 pixels et ses 1800 cd/m² (pic de 5000 cd/m²) suffisent pour que le contenu reste lisible, même en plein soleil. Le taux de rafraîchissement de 120 hertz correspond à la norme actuelle.
Pour la protection de l’écran, Honor mise sur son propre développement avec le « NanoCrystal Shield », une couverture qui doit avoir une dureté de 7 sur l’échelle de Mohs, soit l’équivalent du quartz. Le matériau est donc censé résister aux couteaux, limes en acier et clés. De plus, un film de protection est appliqué sur l’écran en usine. Celui-ci peut toutefois rapidement présenter des traces d’utilisation.
Le Honor Magic 6 Pro est équipé d’appareils photo de haute qualité à l’arrière. L’appareil photo principal de 50 mégapixels est doté d’un diaphragme autoajustable qui varie entre f/1,4 et f/2,0. L’appareil photo ultra grand-angle a un diaphragme fixe de f/2,0 et une résolution de 50 mégapixels. Le téléobjectif atteint une valeur nominale étonnante de 180 mégapixels. En revanche, son zoom optique 2,5x semble décevant. Le Galaxy S24 Ultra de Samsung dispose lui d’un zoom optique 5x. Les appareils à l’arrière et l’appareil photo frontal de 50 mégapixels du Magic6 Pro utilisent tous le pixel binning. La résolution des photos finies est sacrifiée au profit de plus d’informations sur l’image.
Sur l’appareil principal, le diaphragme s’adapte tout seul en mode automatique. Il faut passer en mode pro pour pouvoir le régler manuellement. Par rapport au Mate 50, la marge de manœuvre est plus réduite. Ancienne société mère de Honor, Huawei offre tout de même des valeurs allant de f/1,4 à f/4,0. Sur le Magic 6 Pro, elles ne vont que jusqu’à f/2.0.
Attention : le mode « diaphragme » va certes de f/0,95 à f/16, mais fonctionne en numérique. Il reste cependant la meilleure option. La différence entre f/1,4 et f/2,0 ne se fait sentir que pour les gros plans où la longueur focale de l’appareil principal est à nouveau trop grand angle. Ainsi, le diaphragme autoajustable aide surtout à régler les paramètres de prise de vue, mais ne joue aucun rôle dans le travail avec le flou.
Le Honor Magic 6 Pro bénéficie d’un rendu des couleurs naturel et de qualité, même s’il est parfois un peu pâle. Les couleurs pourraient être plus vives, comme on peut le constater sur ce mur de street art coloré. Dans d’autres situations, par exemple en plein soleil, les couleurs sont moins pâles. Les forts contrastes ne semblent pas poser problème.
Si je capture la même scène avec l’appareil photo ultra grand-angle, le rendu des couleurs reste bon. La précision des détails diminue quelque peu et on voit apparaître les distorsions typiques de ces prises de vue au niveau des bords. Les détails restent suffisamment précis pour être vus sur smartphone ou pour les posts sur les réseaux sociaux.
Si je m’approche du clocher à l’aide du téléobjectif, le grossissement optique 2,5x et le grossissement numérique 5x offrent une grande précision des détails. Le rendu un peu plus sombre de l’église au zoom 2,5x est dû aux réglages automatiques pour ce cadrage.
Avec le zoom 10x, je remarque les premières pertes de précision au niveau des détails lorsque je regarde les prises de vue sur le grand écran de mon PC. Sur le smartphone lui-même, rien à redire. Mais plus la longueur focale augmente, moins l’image est nette. Si l’appareil photo est capable de zoomer jusqu’à 100x, le zoom 50x montre déjà ses limites. Ces zooms ne permettent pas d’obtenir de belles photos avec une grande précision des détails.
Laisser le choix au mode automatique ou activer moi-même le mode nuit ne change pas grand-chose entre l’appareil photo principal et l’appareil photo ultra grand-angle. Les clichés sont identiques.
En revanche, si j’utilise le téléobjectif, le mode nuit me permet de gagner nettement en précision des détails et donc en qualité d’image. Cela vaut aussi pour le zoom optique 2,5x et pour le zoom numérique 5x, comme le montrent les photos suivantes.
Lorsque je regarde les selfies du Magic6 Pro en taille réelle sur l’écran de mon PC, je trouve que les détails mériteraient d’être plus précis. Sur mon smartphone, les clichés sont magnifiques. Si je laisse les filtres de beauté désactivés, je peux distinguer chaque froncement de sourcils. Le rendu des couleurs est agréable et naturel, malgré une tendance à être un peu trop clair. Je trouve que ma veste pourrait être plus noire.
Avec le Snapdragon 8 Gen 3 et 12 Go de mémoire vive, le Honor Magic 6 Pro est bien équipé. Au quotidien, impossible de pousser la performance du smartphone dans ses retranchements. Ce n’est qu’en faisant du montage vidéo ou en jouant avec les réglages les plus élevés que vous pourrez remarquer de légères différences par rapport à d’autres smartphones.
Cependant, si l’on en croit les résultats des tests de performance Geekbench et PCMark Work 3.0, le Magic6 Pro n’arrive pas en tête des smartphones équipés du Snapdragon 8 Gen 3.
Les résultats légèrement meilleurs du Galaxy S24 Ultra s’expliquent par le fait que Samsung reçoit sa propre version du Snapdragon 8 Gen 3 pour lequel le noyau de calcul haute performance est cadencé un peu plus haut. Sur le smartphone de jeu de Redmagic, le logiciel devrait être mieux optimisé pour tirer le meilleur parti de la performance. Cependant, vous ne risquez pas de manquer de puissance de calcul avec le Honor Magic 6 Pro.
Honor a doté le Magic 6 Pro d’Android 14 et de son interface utilisateur MagicOS 8.0. Outre quelques ajustements visuels, celle-ci apporte surtout plusieurs services Honor sur les appareils, dont le « Honor App Market », un autre magasin d’applications, un centre de jeux et l’application « My Honor », qui regroupe les services du fabricant. « Honor Connect » me permet de me connecter sur différents appareils avec mon identifiant Honor pour consulter les appels et les notifications, ou utiliser la caméra du smartphone comme webcam. Les six applications de fournisseur tiers préinstallées peuvent être facilement supprimées.
Le menu « Assistant » des paramètres regroupe tous les services d’intelligence artificielle (IA) du smartphone. Comparé à Samsung ou Google, l’aperçu des services est encore petit et pas particulièrement impressionnant, mais il est tout à fait pratique dans certains cas.
Les suggestions IA placent les applications qui pourraient m’intéresser dans un dossier sur la page d’accueil. Bof... Les deux fonctions suivantes sont plus pratiques, mais pas non plus révolutionnaires : texte magique permet de copier des textes à partir d’images, et magic portal de faire glisser du texte, des images ou des captures d’écran sur le bord droit de l’écran pour les copier dans l’une des applis qui s’y trouvent.
Smart Sensing regroupe quatre fonctions dans lesquelles le smartphone surveille si je regarde son écran. Ainsi, il reste allumé plus longtemps ou le volume de la sonnerie diminue lorsque mon smartphone enregistre mon regard. L’écran « always on » ne s’allume que lorsque je le regarde. Mais ce que j’apprécie le plus, c’est que l’orientation de l’écran s’adapte à mon visage. Fini les applications en mode portrait qui passent en mode paysage parce que j’ai décidé de m’allonger. C’est l’une des raisons pour lesquelles je désactive généralement l’orientation automatique sur les autres smartphones. Tous ces paramètres sont pertinents et utiles, mais ils sont loin des fonctions d’IA que d’autres appareils proposent actuellement.
Honor promet de fournir des mises à jour Android au Magic 6 Pro jusqu’en 2028. Les mises à jour de sécurité devraient être disponibles jusqu’en 2029.
Le Magic6 Pro fonctionne avec une batterie en silicium carbone. L’entreprise l’a présentée pour la première fois au MWC 2023 et, à peine un an plus tard, la deuxième génération était déjà intégrée dans un appareil de série. La densité de puissance de la batterie serait de 12,8 % supérieure à celle des batteries lithium-ion traditionnelles, avec une conception légèrement plus compacte. C’est surtout en cas de faible niveau de charge que l’autonomie devrait être prolongée par rapport aux batteries lithium-ion actuellement utilisées.
La batterie du Magic6 Pro a une capacité de 5600 mAh, soit un peu plus que la moyenne des smartphones haut de gamme. Le test de batterie PCMark Work 3.0 indique une durée de fonctionnement de 8 heures et 44 minutes avec une luminosité d’écran maximale. C’est bien, mais d’autres font mieux. Dans le même essai, le Xiaomi 14 Ultra atteint 8 heures 58 minutes et le Galaxy S24 Ultra 10 heures 58 minutes – tous deux avec 600 mAh de moins et des écrans plus sombres. Mais cet essai ne peut pas évaluer le prétendu avantage de la nouvelle batterie au silicium carbone. Il ne décharge la batterie que jusqu’à 20 %, et c’est seulement à partir de ce niveau que la nouvelle technologie est censée être avantageuse.
Je charge donc le Magic 6 Pro et le Xiaomi 14 Ultra jusqu’à 20 % avant de lancer une longue vidéo YouTube avec la luminosité de l’écran au maximum. L’écran du Xiaomi s’assombrit au bout de 3 heures et 23 minutes. L’Honor, me permet de regarder 52 minutes de plus, soit 4 heures et 15 minutes. Le dernier pourcent est aussi long que la dernière minute d’une machine à laver, sauf que là, on voudrait qu’elle dure le plus longtemps possible. 60 secondes avant de s’éteindre, le smartphone me signale que la fin est proche.
Ainsi, la nouvelle batterie du Honor Magic 6 Pro rattrape les 14 minutes de l’autre test de batterie face au Xiaomi 14 Ultra et tient au total plus d’une demi-heure de plus.
La différence de capacité de la batterie empêche de faire une véritable comparaison. Certes, le Magic 6 Pro tire un quart d’autonomie supplémentaire des 20 derniers pourcents, et ce avec une batterie seulement 12 % plus grande et un écran 800 cd/m² plus lumineux. Cela semble super, mais dans la réalité, c’est moins d’une heure de plus. Le smartphone n’atteint pas l’autonomie de deux jours, voire plus, que beaucoup espéraient. Et le Galaxy S24 Ultra s’en sort toujours mieux avec une batterie plus petite.
Lors de la recharge, l’appareil reçoit jusqu’à 80 watts. En théorie, elle se recharge donc en moins de 30 minutes. Seule la charge sans fil est un peu plus lente, avec jusqu’à 66 watts. Les deux ne fonctionnent qu’avec la technologie de charge rapide « SuperCharge », utilisée par Honor et Huawei. Toutefois, comme aucun bloc d’alimentation n’est fourni, le temps de charge dépend fortement du bloc que vous utilisez. En ce qui concerne le chargement sans fil, il faut noter que seuls quelques pads de chargement fournissent autant de puissance. La nouvelle norme Qi2, la plus répandue, transmet un maximum de 15 watts.
Si le Honor Magic 6 Pro a réussi à s’aligner avec les smartphones haut de gamme, c’est surtout grâce à son équipement qu’il a en commun avec les autres appareils haut de gamme : beaucoup de puissance, un écran chic et lumineux, un bon système d’appareil photo et une longue durée de vie de la batterie.
Je trouve qu’il lui manque toutefois un petit quelque chose pour se démarquer de la masse. Ses fonctions de détection intelligente sont utiles, mais elles ne suffisent pas à elles seules, surtout si on les compare aux services d’IA déjà proposés par d’autres fabricants. De plus, le diaphragme mécanique ne change pas grand-chose lors de la prise de vue. Les avantages vantés de la nouvelle technologie de batterie sont bien visibles, mais les améliorations réelles sont moins importantes qu’espérées.
Pro
Contre
Lorsque j'étais à l'école primaire, je m'asseyais dans le salon d'un ami avec de nombreux camarades de classe pour jouer à la Super NES. Aujourd'hui, je mets directement la main sur les dernières technologies et les teste pour vous. Ces dernières années, j'ai travaillé chez Curved, Computer Bild et Netzwelt, et maintenant chez Digitec et Galaxus.