Critique

« Like a Dragon: Ishin » à l’essai : samouraïs, pistolets et une bonne dose d’humour

Domagoj Belancic
17/2/2023
Traduction: Martin Grande

Au lieu de combattre à mains nues avec des sbires yakuzas, le dernier Like a Dragon vous propose des duels au katana dans un cadre historique. Malgré quelques éléments de gameplay dépassés, le jeu de samouraï fait déjà partie de mes coups de cœur de l’année.

La série de jeux Like a Dragon connue chez nous jusqu’à récemment sous le nom de Yakuza jouit d’une grande popularité au Japon depuis des années. En Occident, la série a longtemps vécu à l’ombre des projecteurs en raison de mauvaises traductions et de retards de sortie. Le spin-off de samouraï Like a Dragon: Ishin, sorti en 2014, n’est donc jamais sorti en dehors du Japon.

Près de neuf ans après sa sortie originale sur PS3, le studio de développement Ryu Ga Gotoku offre à Like a Dragon: Ishin un remake complet dans l’Unreal Engine 4 avec des graphismes retravaillés, du contenu de jeu supplémentaire et de nouveaux personnages. Ainsi, pour la première fois, les fans en dehors du Japon pourront profiter de ce jeu inspiré de l’époque des samouraïs.

Si vous vous intéressez un tant soit peu à l’histoire et à la culture japonaises, ou si vous avez simplement envie d’un action-RPG délicieusement déjanté, vous devriez absolument donner une chance à ce jeu unique en son genre.

Vous pouvez aussi regarder la revue critique du jeu en vidéo (en allemand) :

Meurtres et guerre civile à l’époque d’Edo

L’histoire se déroule à la fin de la période historique d’Edo, à la fin du 19e siècle. Le Japon est sur le point de sombrer dans la guerre civile. Les partisans de la dictature militaire du Shōgun et les loyalistes de l’empereur du Japon s’affrontent. Les nouvelles technologies venues d’Occident, les armes à feu par exemple, créent des tensions supplémentaires entre les factions.

Vous incarnez le samouraï Sakamoto Ryōma, qui, en tant que membre des loyalistes impériaux, veut renverser la dictature du Shōgun. Votre père est le chef d’une faction locale de loyalistes. Il est tué dans des circonstances mystérieuses et Ryōma est faussement accusé du meurtre. Le samouraï endeuillé se donne dès lors pour mission de retrouver le véritable meurtrier de son père.

Comme c’est souvent le cas dans les jeux Like a Dragon, Ishin vous fait vivre une histoire épique pleine de rebondissements, d’intrigues et de personnages uniques au cours de ses quelque 35 heures de jeu. Le jeu mélange ainsi des faits historiques avec des histoires fictives. Les fans de la série principale reconnaîtront également diverses déclinaisons de personnages connus des jeux Yakuza.

Pour suivre l’histoire, pas besoin de connaître l’histoire de la série principale. Il n’est pas non plus nécessaire de connaître l’histoire du Japon. Le jeu vous invite lentement dans le cadre historique et veille à ce que vous gardiez toujours une vue d’ensemble de l’histoire complexe grâce à des fonctionnalités utiles.

Le lexique historique fournit des informations sur les termes et les localités japonaises en appuyant sur un bouton pendant les conversations et les cinématiques.
Le lexique historique fournit des informations sur les termes et les localités japonaises en appuyant sur un bouton pendant les conversations et les cinématiques.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

Avec pistolet, katana et cartes de soldats

Dans la quête du véritable meurtrier, vous vous retrouvez à Kyo, aujourd’hui connue sous le nom de Kyoto. Pour faire éclater la vérité, vous devrez vous battre contre d’énormes hordes d’adversaires et de puissants ennemis, typique dans cette série. Contrairement aux jeux habituels de samouraïs, vous ne vous fiez pas uniquement à vos poings, mais aussi à votre katana et à diverses armes à feu.

Vous pouvez alterner entre les quatre styles de combat à tout moment. Chaque style a ses avantages et ses inconvénients en matière de défense et d’attaque. En tant qu’épéiste, vous faites exclusivement usage de votre katana, en tant que tireur d’élite, vous abattez les ennemis à distance avec des revolvers et des pistolets et en tant que combattant de rue, vous faites parler vos poings. Mon style préféré est le mode libre avec le revolver dans une main et le katana dans l’autre pour éliminer facilement les grands groupes d’adversaires.

Avec le mode libre, j’esquive élégamment les attaques et j’attaque plusieurs adversaires en même temps.
Avec le mode libre, j’esquive élégamment les attaques et j’attaque plusieurs adversaires en même temps.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

Les combats chaotiques sont complétés par le système de heat. Plus vous battez des hordes d’ennemis et plus vos combos sont longs, plus vous générez de la chaleur. Quand la barre de chaleur est pleine, vous pouvez lancer des attaques spéciales mises en scène de manière spectaculaire. Les courtes cinématiques sont difficilement égalables en termes d’absurdité et de brutalité et sont toujours aussi amusantes, même après des centaines de répétitions.

Les scènes de heat sont sanglantes, brutales et surtout très divertissantes.
Les scènes de heat sont sanglantes, brutales et surtout très divertissantes.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

Au cours du jeu, le système de combat déjà fou est complété par des « cartes de soldat » encore plus déjantées. Celles-ci n’étaient pas encore présentes dans la version originale deIshin.

Vous pouvez équiper jusqu’à quatre cartes par style de combat. Les soldats sélectionnés vous confèrent des buffs passifs ou vous aident activement en combat. Dans votre progression, vous débloquez de plus en plus de cartes, de plus en plus insolites. Vous pouvez attaquer vos ennemis avec des éclairs, les brûler avec des salves de feu et même lancer des ours de combat géants à leurs trousses. Oui, vous avez bien bien lu. Des ours de combat.

Je vous présente ? C’est mon ours de combat préféré. Il est-y pas mignon ?
Je vous présente ? C’est mon ours de combat préféré. Il est-y pas mignon ?
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

Cela vous semble fou ? Ça l’est. L’association d’éléments de gameplay et d’histoire contradictoires en un tout cohérent constitue la marque de fabrique de la série. Dans Ishin, le contraste entre le sérieux et l’absurde est poussé à l’extrême. Il est étonnant que le jeu parvienne à marier une histoire aussi dramatique, dans un cadre historiquement précis, avec un système de combat aussi survolté.

Le problème des améliorations

Malheureusement, le système de combat flexible et varié de Like a Dragon : Ishin est lié à un système d’amélioration extrêmement chronophage et fatigant. Oui, la franchise est connue pour ses boucles de gameplay à base de grind. Le mieux est l’ennemi du bien.

Pour les améliorations d’armes et d’armures, le forgeron de Kyo demande beaucoup d’argent et de matières premières. Surtout au début du jeu, vous recevez très peu d’argent pour les missions accomplies. La collecte de matières premières implique beaucoup de chance et de tâches répétitives. Et ce n’est pas tout. Certaines améliorations ne peuvent être effectuées que si vous faites d’abord monter le niveau de la forge. Et vous ne pouvez le faire qu’en donnant des ressources rares et des armes au forgeron.

Un cercle vicieux qui prend beaucoup de temps et qui a fortement freiné mon envie, surtout au début du jeu. Au moins, au cours du jeu, l’accès aux ressources rares devient un peu plus facile.

Certaines améliorations peuvent même échouer complètement chez le forgeron, sinon ce serait trop facile.
Certaines améliorations peuvent même échouer complètement chez le forgeron, sinon ce serait trop facile.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

Pour rendre le tout encore plus frustrant, le menu des améliorations est confus et présente quelques bugs. Il m’a fallu plusieurs tentatives avant de comprendre comment améliorer mes épées. Bon sang, je veux juste jouer un samouraï cool avec des armes cool et ne pas étudier des menus inutilement compliqués qui ressemblent à des reliques d’une époque de jeu révolue.

Je vous souhaite bonne chance et surtout beaucoup de patience dans les menus parfois terribles du jeu.
Je vous souhaite bonne chance et surtout beaucoup de patience dans les menus parfois terribles du jeu.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

L’apprentissage de nouvelles compétences de combat prend également des détours inutiles. Et le fait de débloquer de nouvelles cartes de soldats rappelle l’ouverture de loot boxes dans les jeux avec achats intégrés. Vous dépensez votre argent virtuel durement gagné et vous ne savez pas si vous allez gagner une carte complètement inutile, ou une super carte rare.

Je suis à l’aise

Outre les orgies de baston et les duels au katana, il y a beaucoup d’autres choses à faire dans le monde ouvert de Kyo. La ville est relativement petite par rapport aux jeux Yakuza les plus récents. En revanche, elle est densément peuplée et remplie d’activités annexes et de distractions diverses.

Dans votre quotidien de samouraï, vous pouvez faire des pauses et vous amuser dans un karaoké, participer à un cours de danse, faire la course dans une maison close ou dépenser votre argent durement gagné dans des courses de poulets illégales. L’éventail de mini-jeux et d’activités secondaires est riche et permet d’alléger le gameplay basé sur l’action. Oui, même une simulation agricole rappelant Animal Crossing s’est retrouvée dans le jeu.

Dans la maison de campagne de Ryōma, je peux faire pousser des légumes, collecter de nouvelles décorations pour mon domaine et tout simplement me défouler.
Dans la maison de campagne de Ryōma, je peux faire pousser des légumes, collecter de nouvelles décorations pour mon domaine et tout simplement me défouler.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

Mais le cœur et l’âme de la série Like a Dragon sont les missions secondaires pleines d’humour, qui contrastent fortement avec le sérieux de l’histoire principale. Ishin tient ses promesses. Kyo est rempli d’histoires secondaires amusantes qui mettent souvent Ryōma dans des situations délirantes.

Les histoires parallèles sont narrées à travers des séries de quêtes. Ainsi, vous devrez toujours rendre visite à certains personnages afin de renforcer votre amitié avec eux et de débloquer de nouvelles tâches dans la série de quêtes. Au fil du temps, vous connaîtrez de mieux en mieux les habitants de Kyo. Le vendeur de saké au coin de la rue n’est alors plus un PNJ anonyme, mais une vraie personne avec une véritable histoire de fond. À la fin de mon voyage, je me sentais vraiment chez moi à Kyo et je ne voulais plus quitter cette petite ville pittoresque à la population loufoque.

Le jeu parvient à combiner des missions secondaires absolument absurdes avec le sérieux de l’histoire principale. Ici, je poursuis à moitié nu un voleur de vêtements.
Le jeu parvient à combiner des missions secondaires absolument absurdes avec le sérieux de l’histoire principale. Ici, je poursuis à moitié nu un voleur de vêtements.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

En accomplissant les quêtes secondaires et les mini-jeux, vous serez récompensé par des points d’expérience, de l’argent, des matières premières et des points de vertu. Vous pouvez investir les trois premières ressources dans des améliorations d’armes et d’armures, et vous échangez les points de vertu contre des capacités de base améliorées, par exemple, plus de place dans l’inventaire. L’accumulation de ressources et de points vous confère un sentiment de progrès continu et même les activités secondaires les plus banales semblent utiles.

La lame à double tranchant

Graphiquement, le rendu du jeu est très bon. C’est surtout la nuit que Kyo est magnifique. Les rues animées sont remplies de PNJ qui vaquent à leurs occupations quotidiennes. Il y a du mouvement partout. Des chiens et des enfants courent dans tous les sens, des marchands ambulants parcourent les rues à la recherche de clients et des propriétaires de magasins tentent de vous attirer dans leurs boutiques. Parfois, je me promène dans la ville sans but précis et je m’imprègne de son atmosphère unique.

Surtout la nuit, le jeu est magnifique.
Surtout la nuit, le jeu est magnifique.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

En dehors des rues principales très fréquentées, le jeu peut aussi paraître assez triste. Ces moments-là rappellent clairement l’origine du jeu sur PS3. De même, les temps de chargement lors du passage d’un quartier à l’autre et lors de l’entrée dans les intérieurs semblent un peu dépassés. C’est dommage, car les jeux les plus récents de la série principale proposent des villes encore plus grandes, sans temps de chargement. Il aurait donc été possible de faire mieux sur le plan technique.

Textures monotones, peu de polygones. En dehors des rues principales, le jeu ressemble plus à la PS3 qu’à la PS5.
Textures monotones, peu de polygones. En dehors des rues principales, le jeu ressemble plus à la PS3 qu’à la PS5.
Source : Capture d’écran : Domagoj Belancic

Conclusion : génial pour les fans de jeux japonais et d’action-RPG

Like a Dragon: Ishin est un jeu fou qui réunit des éléments de gameplay et d’histoire parfois contradictoires en un tout cohérent. Le système de combat remanié convainc par sa grande flexibilité et donne envie, même après des centaines de combats de rue. Le cadre historique de la période japonaise d’Edo a été réalisé avec un grand souci du détail et offre la scène parfaite pour une histoire épique pleine de rebondissements, d’intrigues et de personnages inoubliables. Les histoires secondaires délirantes et les mini-jeux absurdes égayent le récit des samouraïs et assurent un divertissement abondant.

Sur le plan technique, le jeu donne parfois l’impression d’être un peu vieux. De même, le système d’amélioration compliqué et chronophage ainsi que les menus sont des reliques d’une époque de jeu révolue.

Ces défauts agaçants, mais somme toute négligeables, ne ternissent heureusement pas le résultat final. Mes aventures de samouraï avec Sakamoto Ryōma resteront longtemps dans ma mémoire et je note déjà Like a Dragon: Ishin comme candidat potentiel pour devenir mon jeu de l’année 2023.

Sortie le 21 février sur PS5, PS4, Xbox Series X/S, Xbox One et PC. Pour ce test, la version PS5 m’a été mise à disposition par Plaion.

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Photo d’en-tête : Ryu Ga Gotoku

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Ma passion pour les jeux vidéo s'est éveillée au jeune âge de cinq ans avec la Gameboy originale et a grandi à pas de géant au fil des ans.

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