Massages sportifs : plus de bien-être que d'effet concret
Tout le monde sait que les professionnels passent beaucoup de temps sur la table de massage pour se préparer à de nouveaux défis. Les athlètes amateurs, eux, recourent au rouleau à fascias. Certes, ces deux techniques sont bonnes pour la santé. Mais les bénéfices démontrables restent peu nombreux.
Béni soit celui qui peut se faire masser. En sport, il faut savoir distinguer les sportifs amateurs des vrais athlètes, c'est-à-dire ceux qui vont au bout de leur discipline, jouent en équipe, font une carrière, gagnent leur vie grâce à ça. Après l'entraînement ou avant la compétition, c'est la table de massage qui les attend. Le massage intensif des muscles est devenu un rituel. À l'époque, l'ordre dans lequel on massait déterminait le classement d'équipes de football entières : le mâle alpha d'abord, puis le bêta, puis les autres. Depuis des décennies, le massage s'inscrit dans la préparation et la régénération précompétition.
Si vous n'avez pas la chance d'avoir des mains expertes à disposition, vous pouvez recourir au rouleau à fascias ou au pistolet de massage, des dispositifs ayant connu un véritable essor ces dernières années. Ce qui n'est pas étonnant. L'application dédiée se veut simple et la sensation après coup, suffisamment bonne pour qu'ils se voient attribuer une excellente note. Je suis toujours frappé par l'excellence du classement des appareils dans ce domaine.
Sensations et faits
Ce que je remarque, c'est que les sensations l'emportent sur les faits purs et simples. J'ai suivi des cours de massage sportif, j'aime utiliser mon rouleau à fascias et Theragun. Les sensations sont convaincantes. Ce qui est difficile de savoir, c'est ce que chaque méthode apporte. Dans mon métier, je teste constamment des équipements ; je me suis souvent retrouvé face à un dilemme. Mon corps dit : « Oui, ça fait du bien ! ». Mais ma tête se demande : « Que se passe-t-il vraiment dans le corps pendant ce processus ? » Alors que les fabricants promettent le nec plus ultra du massage en profondeur en énumérant une longue liste d'effets positifs, la science, quant à elle, reste plutôt sur la réserve. « On peut les utiliser pour soulager les douleurs de la tension musculaire et améliorer la circulation sanguine dans cette région », m'a une fois expliqué le professeur Slavko Rogan à propos de « l'arme miracle » qu'est le pistolet de massage. Tout le reste, soit tous les effets bénéfiques en matière de régénération, ne peut être sérieusement prouvé.
Faible impact
Moins de contractures, c'est bien, la plupart d'entre nous s'en contentent déjà. Mais pour les athlètes orientés performance, consacrant parfois de nombreuses heures par semaine à des traitements par massage, il faudrait un peu plus. Bien sûr, c'est merveilleux de pouvoir bénéficier d'un massage professionnel avant ou après un match difficile ou une étape du Tour de France, se débarrasser des contractures et parler à bâton rompu avec une personne de confiance, ou se requinquer avant une compétition. Mais qu'est-ce que ça apporte de concret au niveau des performances ?
À en croire le bilan d'une méta-analyse récemment publiée, résumant les résultats de 29 études individuelles, elles sont étonnamment faibles. Par conséquent, le massage sportif n'entraîne pas d'augmentation de performances dignes de ce nom. On peut tout au plus s'attendre à une petite réduction des courbatures et à une certaine amélioration de la souplesse, mais même ces effets s'avèrent mineurs. Dans l'étude à grande échelle REGman study, qui a examiné la gestion de la régénération dans le sport d'élite de 2012 à 2020, le massage ne s'en sort pas beaucoup mieux non plus.
Peu de bien, pas de mal
Pour les efforts requis par un entraînement de type force ou conditionnement, l'augmentation observée des performances était très faible. Ce n'est qu'après un effort mixte de haute intensité – par exemple un entraînement de force et de conditionnement intensif de trois jours – que les pros ont vraiment bénéficié de la mesure de régénération avec un gain de 14,4 %. Autrement, les personnes non entraînées tirent nettement plus de bénéfices du massage musculaire que celles entraînées ; l'effet le plus important a été observé lors de massages courts de cinq à douze minutes. Dans l'ensemble, les chercheurs n'ont rien trouvé qui justifie des heures de séances. Rien, sauf un sentiment agréable.
Leurs recommandations précisent : « Même si les preuves des effets physiologiques sont faibles, un effet psychologique du massage, subjectivement perçu comme positif, peut avoir un effet d'amélioration de la performance. Par conséquent, les athlètes devraient absolument maintenir leurs routines qui ont fait leurs preuves dans leur propre pratique, d'autant plus qu'aucun effet indésirable significatif n'a été démontré. » En bref : il apporte peu, ne cause aucun tort et fait du bien à la tête. Vous ne seriez donc pas dans le faux si vous utilisiez un rouleau à fascia sans aide extérieure.
Le verdict de l'étude REGman sur cette forme d'automassage n'est pas mauvais du tout. Il ne faut pas s'attendre à une augmentation permanente des performances, mais le rouleau n'entrave pas le processus de régénération et réduit de façon aiguë les douleurs musculaires causées par les tensions. Ça ne les fait pas disparaître, mais ça change la perception de la douleur. En outre, il a un effet positif à court terme sur la souplesse et procure également l'effet souhaité lors de l'échauffement. De ce point de vue, vous pouvez continuer dans cette voie. Scientifiquement parlant, il existe peu de raisons d'être envieux des pros qui s'octroient un massage sportif professionnel. Quoi qu'il en soit, il ne saurait justifier d'énormes différences de performances.
Scientifique dans le domaine du sport, père haute performance et télétravailleur au service de Sa Majesté la tortue.