Test de produit
Samsung Q900R : le miracle 8K arrive-t-il trop tôt ?
par Luca Fontana
Les produits phares QLED des Sud-Coréens donnent le ton dans le secteur LCD depuis des années ; à juste titre. Seulement... cette fois, le potentiel semble avoir été gaspillé.
Deux ans, ou presque. Voilà combien de temps s'est écoulé depuis mon dernier test de téléviseur Samsung. À l'époque, je me suis demandé pourquoi Samsung lançait un téléviseur 8K alors qu'il n'y a pas encore de véritable contenu 8K. Aujourd'hui, tous les fabricants le font. Mais la question sans réponse est restée sans réponse et mon scepticisme aussi.
Ne sois pas fâché, Samsung.
Le produit phare (encore) actuel en UHD reste impressionnant tout en coûtant beaucoup moins cher. Il porte le nom de Q95T, est basé sur la technologie LCD QLED et m'a, pendant un mois, enjolivé les fêtes de fin d'année.
Voyons donc ce que la TV a dans le ventre.
Commençons par le début : QLED est l'abréviation de la technologie d'images « Quantum Dots » de Samsung. Elle se base sur des nanoparticules, des particules qui absorbent le rétroéclairage bleuâtre des LED dans les couches inférieures de la dalle du téléviseur et le convertissent en lumière blanche. Cela permet aux sous-pixels rouge, vert et bleu des couches supérieures de mélanger des couleurs beaucoup plus pures que celles des téléviseurs LCD classiques. Voilà ce qui rend QLED si supérieur.
Le nom QLED est du marketing pur, même si Samsung n'aime pas l'entendre. D'autres fabricants utilisent la même technologie, mais l'appellent juste autrement. Sony l'appelle Triluminos et LG Nanocell. L'astuce de Samsung est que leur technologie de nanoparticules, est souvent confondue avec la grande technologie concurrente, l'« OLED » grâce au « Q » du nom.
Cependant, le fait que la concurrence, hormis l'OLED, utilise les mêmes nanoparticules ne signifie pas qu'elle est aussi bonne que Samsung dans ce domaine. Les téléviseurs LCD à nanoparticules de Samsung sont ceux que je préfère. Car pour ce qui est de la représentation des contrastes, ils ne sont pas aussi éloignés de l'OLED que les autres.
Ou du moins en règle générale.
Le Q95T, l'objet que je teste, est livré avec une One Connect Box, un boîtier séparé pour les connexions externes. Un seul câble, presque invisible, relie la One Connect Box à la télévision, qui alimente également le téléviseur. Ainsi, si vous cachez élégamment la boîte dans un tiroir de votre meuble TV, vous cachez aussi les nombreux câbles.
Pratique...
La One Connect Box dispose des connexions suivantes :
Samsung sait comment convaincre en termes de design. Épuré, moderne, simple. Si vous regardez l'image de face, le bord de l'écran en aluminium ne fait que trois millimètres d'épaisseur. Ainsi, il est quasi inexistant. C'est un peu comme si l'image flottait dans l'espace. La dalle elle-même avec ses trois centimètres est un peu plus épaisse.
La même dalle est dotée d'un support unique, placé au centre. Environ 8,5 centimètres séparent le bord inférieur de l'écran et la surface sur laquelle le téléviseur est placé. Il y a donc assez d'espace pour une barre de son qui n'entre pas dans l'image.
Fantastique! Passons maintenant à l'image UHD.
Passons maintenant au Jurassic World : Fallen Kingdom de 2018. Une de mes traditions pour les tests de téléviseurs. J'ai déjà vu le film sur tellement de télévisions que je peux rapidement dire ce que j'aime dans l'image, où sont ses points faibles et ses points forts.
La première scène.
Elle se déroule de nuit ; le processeur, le cerveau de la télévision, doit donc s'assurer que le noir soit vraiment noir et non gris. Par exemple en arrière-plan, là où se trouve le ciel nocturne. Mais il doit aussi veiller à ne pas cacher des détails dans le processus. En parallèle, quelques zones extrêmement lumineuses à l'écran ne doivent pas avoir l'air ternes. La lampe en haut à gauche, par exemple. Ou la gueule du tyrannosaure rex et l'imperméable jaunâtre du pauvre homme, bientôt dévoré.
Pour les processeurs de télévision, une scène sombre n'est pas si facile à afficher. Ici, tout se joue dans l'équilibre. C'est un numéro de haute voltige qui pousse chaque processeur à la limite de ses capacités.
Bon, un léger reflet rouge est visible sur l'image. Il est minime et pas trop grave. Mais j'aime beaucoup les détails : les papilles sur la langue, ou les dents aiguisées comme des lames de rasoir. Mais pour cela, l'image LCD typique est un peu trop lumineuse à mon goût et ce malgré le Full Array Local Dimming (FALD). FALD signifie que des centaines de LED très proches les unes des autres fournissent le rétroéclairage. Selon le modèle, quelques dizaines de LED sont regroupées pour former des zones de dimming.
Dans le cas du Q95T, il s'agit de 120 zones de dimming. Comme pour une télévision OLED, ces zones peuvent s'assombrir localement ou même s'éteindre complètement. De cette façon, les zones sombres de l'image sont spécifiquement assombries et les zones claires sont spécifiquement éclaircies. Surtout dans des scènes comme celle ci-dessus. Il est d'autant plus surprenant que ladite scène semble pâle, malgré le FALD. Comparons la scène avec un téléviseur OLED de Philips.
C'est une image qui a beaucoup plus de punch.
Il est intéressant de noter que Samsung n'a installé que la moitié des zones de gradation dans le Q95T par rapport au Q90R, le modèle précédent de l'année dernière. Malheureusement, je n'ai pas pu le tester, je ne peux donc pas faire de comparaisons directes. Cependant, selon certains tests, Samsung aurait amélioré l'algorithme FALD à tel point que le Q95T ait encore moins de blooming que son prédécesseur. Étonnant. Normalement, plus il y a de zones de dimming, moins il y a de blooming. Samsung a donc dû y réaliser quelque chose de bien.
Si vous vous demandez ce qu'est le blooming, je vais y venir.
Des personnes de mauvaise foi prétendent que les Sud-Coréens ont délibérément inclus moins de zones de gradation dans leur TV UHD phare pour que la différence avec leur TV 8K FALD soit plus grande. Cette dernière comporte 500 zones de gradation. Les indécis devraient donc ainsi être persuadés d'opter pour la Q950T, qui est environ deux fois plus chère.
Je ne ferais pas de commentaires à ce sujet. Passons à la scène suivante.
Dans Seul sur Mars de Ridley Scott, les scènes de plein air comme celle-ci abondent : un soleil de plomb qui rend les scènes extrêmement lumineuses dans le désert martien rocheux. Le plus excitant est la formation rocheuse stérile au milieu de la mer de dunes infinie, qui s'enroule autour des rochers dans toutes les nuances possibles de rouge et d'ocre.
La scène est un peu la situation inverse de celle avec le tyrannosaure rex : elle aussi fait transpirer les processeurs de télévision avec ses différences de luminosité. Mais ici, la scène est principalement lumineuse à l'exception de quelques zones sombres près des rochers ; le défie pour le processeur.
Regardons ça de plus près.
Et maintenant le Philips OLED 805 :
Voilà encore ce reflet rouge. Cette fois, il est difficile à manquer. Le désert devrait être beaucoup plus orange chez Samsung. L'image Philips offre une bien meilleure précision au niveau des couleurs. En contrepartie, aucune trace de « black crush », un effet décrit quand les détails disparaissent dans les zones sombres de l'image, du côté du QLED. Un manque que j'ai déjà reproché au Philips lors du test.
Avant d'y lire trop de négativité : le reflet rouge n'est pas dérangeant tant que vous n'avez pas de comparaison directe. Mais il se distinguera si vous y prêtez attention ou si vous savez comment la scène devrait être.
Celle-là, par exemple, provient encore de Jurassic World :
J'aime l'aspect équilibré et naturel de l'image. Les détails sont presque tous visibles que ce soit le halo lumineux autour du soleil, le profil des personnages ou l'ombre projetée par l'avion sur la piste. Et, sans comparaison, le reflet rouge passerait plutôt pour une teinte agréablement chaude.
C'est ce que je veux dire quand je dis que le reflet rougeâtre ne dérange pas vraiment s'il n'y a pas de comparaison directe. À ce propos, voici une autre comparaison avec d'autres fabricants.
Si vous avez des problèmes avec le reflet rouge, vous ne pouvez malheureusement pas vous en débarrasser avec d'autres modes d'image (Dynamique, Film, Intelligent, etc.). Cela n'est possible qu'avec un bon calibrage. Mais je ne le ferais pas maintenant. Je veux tester la télévision avec les réglages que le fabricant a imaginés pour la télévision parfaite.
Mais si vous voulez changer les réglages, le meilleur endroit pour le faire est sur rtings.com. Vous y trouverez tous les réglages à effectuer pour retrouver la précision des couleurs.
Passons maintenant au blooming. Dans les téléviseurs FALD, des centaines de LED sont regroupées étroitement pour former des zones de dimming. Le Q95T dispose d'un total de 120 zones de dimming.
En pratique : lorsque l'image doit être sombre, les LED s'éteignent ou s'atténuent. Là où l'image est censée être lumineuse, les LEDs brillent à plein régime. Dans des situations extrêmes, cependant, cela peut conduire au blooming. Ce sont des fuites de lumière qui se traduisent par une sorte de halo qui apparaît autour des objets lumineux sur un fond sombre. Par exemple, une pleine lune dans un ciel nocturne.
À proprement parler, cela se passe comme suit : le Q95T est un téléviseur UHD. Il a donc plus de huit millions de pixels, mais seulement 120 zones de gradation. Cela signifie que chaque pixel ne peut pas être éclairé avec une précision extrême. Dans le cas de l'exemple de la pleine lune, les LED brillent donc également là où il devrait y avoir du noir.
C'est ainsi que le halo apparaît.
La scène ci-dessus est tirée de Westworld, saison 2, épisode 2. Timestamp : 00:11:50. Cette photo a été prise sur le produit phare LG 8K de l'époque, la SM9900. Horrible, non ?
Comparons cela au Q95T de Samsung :
Mieux, n'est-ce pas ? Même si le noir où il n'y a pas de blooming n'est pas aussi noir que sur le LG. À mon avis, Samsung a réglé son FALD de manière beaucoup moins agressive que la concurrence.
Regardez dans les coins de la photo, là où le noir n'est pas vraiment noir malgré le FALD. On peut supposer que les LED à l'arrière sont « seulement » atténuées au lieu d'être complètement éteintes. Samsung sacrifie le contraste pour rendre le blooming moins visible, car les limites entre lumineux/sombre sont moins claires. Un dimming local moins agressif en somme. Vous parlez d'une « amélioration » de l'algorithme.
C'est une tout autre histoire avec le X10 de TCL, le premier et le seul téléviseur mini LED que j'ai testé jusqu'à présent. Pour lui, le mot blooming n'existe pas. Le dimming local fonctionne à la perfection. Presque le niveau OLED.
Le X10 de TCL y parvient, car ses LED d'arrière-plan sont suffisamment petites pour accueillir plus de LED dans la dalle et ainsi offrir plus de 700 zones de dimming. D'où le terme « mini » dans « Mini LED » ; et, selon moi, l'avenir immédiat de la TV LCD.
Pour Samsung aussi, car la marque lance son premier téléviseur mini LED cette année.
Cependant, les mini LED sont coûteuses, comme tout ce qui est nouveau. Donc si c'est aussi une question de budget qui vous fait opter pour le dimming local traditionnel, alors je vous conseille de préférer moins de blooming à un meilleur contraste. Toujours. Après tout, les exemples ci-dessous parlent d'eux même. D’abord le SM9900 de LG. Faites surtout particulièrement attention au blooming à partir de la 25e seconde :
Même scène, mais avec le Q95T de Samsung :
Pour moi, Samsung est clairement le gagnant. Même si je n'arrive pas à me défaire de l'idée que Samsung gaspille le potentiel de dimming. J'ai déjà essayé d'augmenter le dimming local dans les réglages, mais je n'ai pas vraiment vu de différence.
Au-delà de l'UHD et de la HDR, le processeur de télévision est encore plus mis à l'épreuve lorsqu'il s'agit de recevoir et de traiter les signaux d'image, comme avec les Blu-ray ou la télévision en direct. Il supprime le bruit, améliore les couleurs, adoucit les bords, rend l'image plus lisse grâce à l'interpolation d'images, ajoute toute information de pixel manquante là où la source n'a pas de résolution UHD, et renforce les contrastes.
Ce n'est pas un travail facile.
Mon exemple préféré : The Walking Dead. La série a été délibérément tournée en 16 mm et en résolution SD, pour restituer le grain ancien et le bruit d'image contribuant tous deux à renforcer l'impression d'un univers post-apocalyptique détruit.
Une bonne première impression. Surtout lorsqu'il s'agit des détails. Je l'ai déjà remarqué avec le matériel UHD. Le fait que le Q95T gère aussi bien cette scène me surprend. J'attends avec impatience la comparaison LG-GX ; jusqu'à présent mon préféré en matière d'upscaling.
Mais d'abord l'image du Q95T de Samsung en grand format :
Oui, le cas des détails est confirmé. Regardez la barbe de Negan autour de sa bouche et de son menton. L'arrière-plan semble propre, il n'y a quasiment pas de bruit. Cela semble bien pire chez d'autres fabricants. Par exemple chez TCL. J'avais déjà critiqué leur processeur dans mon test.
Maintenant, c'est au tour de la GX de LG, actuellement la meilleure télévision sur le marché :
Le noir riche de l'OLED donne à l'image une plus grande saturation, plus de punch. LG trace également mieux les contours et offre un peu plus de détails. Et l'arrière-plan entre les deux hommes est visiblement moins bruyant, bien que cela puisse également être dû à la légère présence de black crush, qui avale non seulement quelques détails de trop sur le visage de Negan, mais aussi le bruit.
Examinons encore deux autres fabricants.
Vous voyez ce que je veux dire par bruit de fond ? C'est tout à fait ce que les fabricants veulent, mais les processeurs Samsung et LG sont tellement puissants que ça leur est tout simplement égal.
Mais la scène est géniale pour les tests.
Et le système sonore ? Disons que je l'ai à peine remarqué. Surtout en négatif, ce qui est plutôt bon signe. D'habitude, les systèmes de sonores intégrés aux dalles fines sont une vraie plaie. La plupart du temps, le son est creux et métallique. L'OLED805 de Philips était une agréable exception. Le Q95T de Samsung aussi.
Pour être précis, le modèle a deux haut-parleurs de 10 watts chacun en haut et en bas de l'écran, ainsi que deux caissons de basses de 10 watts. Ensemble, nous avons donc un système 2.2.2. Cela offre un son relativement décent qui semble en fait provenir du centre de l'écran. Mais je ne remarque pas vraiment l'«Object Tracking Sound» (OTS) » prisé. Semblable à la technologie Acoustic Surface de Sony, l'OTS est censé garantir qu'un objet entrant dans l'image depuis la gauche puisse effectivement être entendu depuis la gauche.
Un son surround en quelque sorte.
Bien essayé, mais le Q95T ne remplace pas un véritable système surround. Grâce au canal eARC HDMI supplémentaire à la One Connect Box (HDMI 3), vous pouvez au moins envoyer des signaux audio sans perte du téléviseur vers une barre de son ou un ampli. Dolby Atmos, par exemple. Les haut-parleurs de la télévision ne prennent pas le format en charge.
Pour terminer, parlons du système d'exploitation Tizen OS. Presque rien n'a changé. Un peu comme le WebOS de LG, des applis comme Netflix, Prime Video, Disney+ et AppleTV s'ouvrent en tuiles qui sont placées au bas de l'écran. Grâce au bon processeur Samsung, les applications s'ouvrent rapidement et avec fluidité. Pendant mon test, Tizen n'a planté qu'une fois. La seule chose qui a aidé a été de débrancher la prise de courant, de la remettre en place et de rallumer le tout.
La Q95T est une bonne télévision. Très bonne même. Pourtant, quelque chose me ronge : le sentiment que Samsung n'ai pas fait le maximum avec son produit phare, l'UHD 2020. Par exemple la réduction de moitié du nombre de zones de dimming ou le dimming local quelque peu limité.
Je suis sûr qu'ils auraient pu faire mieux. Je me demande si Samsung s'est délibérément retenu pour améliorer sa gamme 8K, comme le prétendent certaines personnes. Cela me semble tout de même tiré par les cheveux. Ce n'est pas comme si Samsung obtenait des points bonus lorsque des critiques comme moi s'énervent sur ces points-là.
Cependant, il me manque une explication vraiment concluante. Dommage que Samsung n'ait pas vraiment fait son maximum pour fêter son dernier produit phare équipé de la technologie FALD. Après tout, les Sud-Coréens lancent leur première TV mini LED pour la première fois cette année. En termes de qualité d'image, je n'attends rien de plus qu'un saut quantique ; super jeu de mots non ?
Ha, je devrais me lancer dans le marketing.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»