Cinq mythes sur les menstruations
28/4/2023
Traduction: Sophie Boissonneau
L’erreur est humaine, les règles aussi. Or, ce que vous pensez savoir sur les menstruations s’avère souvent tout ou en partie erroné. Voici cinq fausses idées sur les règles.
Les femmes saignent en moyenne sept longues années dans leur vie. Aujourd’hui, ce sont bien sûr les règles qui nous intéressent. On les désigne souvent par des euphémismes, pour beaucoup, elles sont même tabou. Une étude internationale menée par l’organisation humanitaire Plan International a interrogé 4127 garçons et jeunes hommes sur leur attitude vis-à-vis des menstruations féminines.
Les premiers résultats indiquent que les sujets associent principalement les règles avec les termes « sale », « douloureux » et « dégueulasse ». En outre, 37 % des personnes interrogées pensaient que les menstruations sont l’affaire des femmes uniquement et qu’elles ne devraient pas en parler ouvertement, mais s’en cacher. Alors, devrait-on mettre un tampon et se taire ?
Avec tout le respect que je vous dois, je vais faire exactement le contraire, car je pense qu’il faut adresser les tabous et non les fourrer dans le protège-slip des femmes. (Même si les règles sont parfois agaçantes et terriblement douloureuses, surtout pour les personnes atteintes de maladies comme l’endométriose.) Voici donc cinq fausses idées sur les menstruations et quelques explications.
1. On ne peut pas tomber enceinte pendant les règles
Il est primordial que chacun·e soit bien conscient·e de cela : il est tout à fait possible de tomber enceinte lorsque l’on a ses règles. La probabilité est certes faible, mais elle n’est pas nulle.
Comment ? Chaque mois, le corps des femmes se prépare à une éventuelle grossesse. Dans ce processus, des ovules se développent dans les ovaires avant et migrent vers l’utérus en passant par les trompes de Fallope dans l’attente d’une éventuelle fécondation. Les jours les plus fertiles d’un cycle se situent autour de l’ovulation. Si l’ovule est fécondé par un spermatozoïde, il s’implante dans la muqueuse utérine. Mais plus souvent, l’ovule n’est jamais fécondé. Le corps entame alors la dégradation de l’endomètre, la muqueuse qu’il avait formée pour accueillir l’ovule, et l’expulse sous la forme du sang menstruel. Le premier jour des règles marque le début d’un nouveau cycle.
Les femmes disposent donc d’une fenêtre de fertilité d’environ six jours chaque mois autour de l’ovulation. Ce moment peut toutefois varier d’un cycle à l’autre et avec lui la période de fertilité de la femme. Un cycle dure généralement entre 21 et 35 jours. Le fameux cycle de 28 jours est donc plus une moyenne que la norme et ne concerne que 16 % de l’ensemble des femmes selon une étude publiée dans le Journal of Medical Internet Research.
Étant donné que les spermatozoïdes peuvent survivre jusqu’à cinq jours dans le corps de la femme, la période pendant laquelle les rapports sexuels sont potentiellement féconds s’en trouve allongée. Ainsi, lorsque des rapports sexuels ont lieu dans les derniers jours des règles et sont suivis d’une ovulation précoce, ils peuvent tout à fait conduire à une grossesse.
2. Pendant les règles, le sexe est à proscrire
Les règles n’ont que très peu de côtés positifs, mais le sexe en est peut-être bien un. On attribue l’augmentation de la libido au moment de l’ovulation au pic d’œstradiol, le principal œstrogène chez les femmes sexuellement matures. Or, comme le montre le portail Go Ask Alice, une plateforme gérée par des spécialistes de la santé de l’université de Columbia, certaines femmes ont des taux d’œstradiol particulièrement élevés au moment des règles. Les spécialistes affirment donc qu’une libido accrue pendant les règles n’a rien d’inhabituel. De plus, les règles font office de lubrifiant naturel, ce qui tend à rendre les rapports sexuels encore plus agréables.
En outre, pour ne rien gâcher, les orgasmes peuvent se montrer particulièrement efficaces pour soulager les crampes menstruelles. Pendant l’orgasme, le corps féminin profite, en effet, d’une bonne irrigation sanguine et le cerveau produit beaucoup de dopamine ainsi que d’autres endorphines. On appelle ces dernières « hormones du bonheur » à juste titre. D’autant qu’elles agissent également comme un analgésique naturel. Enfin, le sexe pendant les règles peut abréger les saignements, car l’orgasme provoque des contractions de l’utérus qui contribuent à évacuer le sang plus rapidement.
3. Les règles ne sont pas réellement du sang
Très répandue, cette idée n’est pas tout à fait fausse, mais elle ne dit pas non plus toute la vérité. En effet, pendant les menstruations, du sang est bien expulsé, mais pas que. Les fluides menstruels sont en majeure partie constitués de vieux tissus et de reste de l’endomètre qui se sont accumulés au cours du cycle. Les écoulements ne sont donc pas toujours rouges, mais peuvent aussi prendre une teinte brunâtre. La couleur dépend notamment du taux d’œstrogènes. Les œstrogènes sont les hormones qui, en combinaison avec d’autres, régulent le cycle menstruel. En général, plus le sang est foncé, plus il y a d’œstrogènes.
La couleur des menstruations peut aussi donner des indications sur la santé. Ainsi, un rouge pâle peut indiquer une carence en fer. Vous trouverez un aperçu des couleurs et de ce qu’elles peuvent indiquer de la santé dans le magazine santé Medical News Today.
4. On perd des litres de sang chaque mois
Ici, tout est question de perception. Même si vos règles peuvent vous sembler plus abondantes, on ne perd en réalité qu’entre 20 et 60 millilitres de sang par cycle. Cela correspond à une tasse à espresso.
On ne parle de saignement abondant qu’à partir de 100 millilitres. Si l’on calcule la perte moyenne de sang sur 500 cycles pour 38 ans de fertilité, une femme perd environ 30 litres de sang pendant toute sa vie en raison de ses menstruations. Les tasses à espresso s’additionnent et vous finirez donc bien par perdre plusieurs litres de sang, mais par très petites quantités et sur une période totale d’environ sept ans, comme mentionné au début de cet article.
Aussi infimes soient-elles, ces quantités de sang suffisent à causer une anémie chez de nombreuses femmes dans le monde entier. L’anémie est précédée d’une carence en fer, un oligo-élément dont le corps a besoin pour former des globules rouges. Une étude publiée dans Perspectives in Medicine montre que chaque millilitre de sang contient un milligramme de fer, soit exactement la quantité que nous consommons normalement chaque jour par le biais de notre alimentation. Dans le « meilleur » des cas, une femme perd donc 20 milligrammes de fer par cycle.
On peut d’ailleurs lire dans une étude publiée dans la revue Clinical Nutrition and Metabolic Care : « Les femmes en âge de procréer sont particulièrement touchées par la carence en fer. Cela s’explique par les pertes de sang des menstruations. »
5. Synchronisation magique des cycles
On dit que lorsque deux femmes passent beaucoup de temps ensemble, leurs cycles se synchronisent. Les femmes seraient en quelque sorte des sœurs de sang et des compagnes d’infortune qui surfent ensemble la vague rouge. L’histoire est belle, mais elle n’a aucun fondement et relève de la pure croyance. L’étude qui s’était attachée à prouver cette hypothèse avait en fait été bâclée.
Nous devons cette idée à la psychologue américaine Martha McClintock. En 1971, cette dernière a émis l’hypothèse de la synchronisation des cycles en se basant sur des pensionnaires de collège et est parvenue au résultat suivant : la synchronisation des cycles serait induite pas des phéromones, des messagers chimiques. Sa thèse a toutefois été rejetée par la suite, après qu’un groupe de scientifiques a trouvé des éléments douteux dans la conception de l’étude, sa méthode et les statistiques utilisées.
La probabilité que votre cycle coïncide un jour avec celui de votre meilleure amie reste néanmoins relativement élevée. Le cycle se décale en effet chaque mois et vous finirez probablement par avoir vos règles au même moment, même si ça n’est que temporaire. Voilà qui vous mettra peut-être un peu de baume au cœur, après tout, une souffrance partagée n’est plus qu’une demi-souffrance.
Photo d’en-tête : Thomas KunzOlivia Leimpeters-Leth
Autorin von customize mediahouse
J'aime les formulations fleuries et le langage symbolique. Les métaphores bien tournées sont ma kryptonite, même si parfois, il vaut mieux aller droit au but. Tous mes textes sont rédigés par mes chats : ce n'est pas une métaphore, mais je crois à « l'humanisation de l'animal de compagnie ». En dehors du bureau, j'aime faire des randonnées, jouer de la musique autour d'un feu de camp ou faire du sport, voir parfois même aller à une fête.