Augmentation en flèche des prix ? Les cartes graphiques pourraient devenir encore plus onéreuses
TSMC, le plus grand fabricant à la commande de semi-conducteurs au monde, devrait encore augmenter ses prix. Cette décision risque de rendre de nombreux produits électroniques plus onéreux. Un nouveau coup dur pour la pénurie de semi-conducteurs qui dure depuis plus d’un an.
Je n’en peux plus de cette crise des semi-conducteurs. Depuis plus d’un an, mon non-mot de l’année obsède les médias. La dernière information en date : TSMC veut augmenter jusqu’à 10 % le prix des puces haut de gamme dotées de la technologie 7 nm ou 5 nm. Dans le cas des structures de production à partir de 16 nm, l’augmentation atteint 20 %.
Ces hausses auront un grand impact sur tous les produits qui intègrent une puce intégrée. En effet, TSMC fabrique notamment des produits pour Apple et AMD. Il paraît pour moi clair comme de l’eau de roche que ces marques vont répercuter cette augmentation des prix sur le client. Je ferais la même chose.
Comment tout a commencé
Les semi-conducteurs font partie intégrante de votre quotidien :on les retrouve dans votre smartphone, dans votre voiture, dans vos écouteurs ou encore dans les panneaux publicitaires numériques. Le World Semiconductor Trade Statistics (WSTS) table sur une augmentation d’environ 25 % du marché des semi-conducteurs en 2021.
La demande de semi-conducteurs dépasse de loin l’offre depuis plus d’un an. Comment en est-on arrivé là ?
Tout d’abord, il faut bien comprendre que les plaquettes de silicium, celles sur lesquelles sont fabriquées les puces, ne peuvent pas être stockées. Ces produits ont une date limite d’utilisation. Ces plaquettes doivent donc être produites à la demande, comme un bon risotto. C’est prêt quand c’est prêt. Le proverbe italien dit que « le risotto n’attend pas les invités, les invités attendent le risotto ».
C’est précisément le problème. Dans le monde entier, les producteurs et les fournisseurs attendent le risotto. Ha non, excusez-moi, plutôt les plaquettes de silicium. En raison de la demande croissante de semi-conducteurs, les fabricants de ce produit ont dû augmenter leurs commandes auprès des fonderies de silicium avant de pouvoir fabriquer les plaquettes.
Malheureusement, les fonderies de silicium sont incapables de faire face à l’énorme demande depuis des mois. Ce problème a débuté avant même la pandémie de Covid-19, lorsque la Chine a fermé des fonderies en raison de nouvelles réglementations environnementales : ces dernières ne s’étaient pas conformées à la nouvelle réglementation.
À ces pénuries actuelles s’ajoutent celles qui existent depuis le début de 2020. Les causes ? Principalement la crise du Covid-19 et les tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine. En bref, les restrictions commerciales et les retards de livraison ont rendu la production plus coûteuse et l’ont retardée.
Dans le même temps, le coronavirus a bouleversé le marché des puces. En raison des restrictions et des fermetures, la demande d’ordinateurs, de PC et autres a plus augmenté que prévu. Cette tendance se poursuit, comme le montrent les prévisions de croissance de WSTS.
Le tout constitue une sorte d’effet papillon : de nombreuses petites causes ont provoqué cette pénurie de grande ampleur.
Au début de la crise du Covid-19, la demande de semi-conducteurs pouvait encore être satisfaite dans une certaine mesure. En effet, un très gros client des fabricants de semi-conducteurs, l’industrie automobile, a initialement annulé ou réduit les commandes à cause de la pandémie. Lorsque personne n’achète de voitures, les constructeurs automobiles n’ont pas besoin des puces en raison de la faible demande. Toutefois, la demande de voitures s’est redressée plus rapidement et plus fortement que prévu au second trimestre 2020.
L’effet papillon continuait de germer.
La situation n’a fait qu’empirer au fil des mois. Les constructeurs automobiles comme VW doivent toujours avoir recours au chômage partiel, même si la demande est là. Il y a tout simplement un manque de puces nécessaires à la construction de plus de voitures.
Mais la crise des semi-conducteurs ne touche pas seulement les grosses puces des voitures ou des cartes graphiques. Les petits contrôleurs des SSD sont également affectés par cette pénurie. Ces derniers sont fabriqués dans des structures de plus grande largeur, précisément celles pour lesquelles TSMC augmente actuellement les prix jusqu’à 20 %.
Les cartes graphiques pour gamers constituent un cas particulier : elles ont été touchées par la crise des semi-conducteurs plus tôt que les autres puces. En effet, la pénurie a été alimentée par les mineurs de cryptomonnaies. Les cartes graphiques n’étaient qu’un indicateur précoce de ce qui reste à venir.
L’effet papillon est en cours.
Quand est-ce que ça ira mieux ?
Vu que la production de semi-conducteurs ne peut pas être augmentée en un claquement de doigts, nous devrons probablement nous accommoder de cette situation jusqu’au deuxième trimestre de 2022. TSMC s’y attend également. L’entreprise prévoit une baisse de la demande dans les mois à venir, peut-être à cause de l’augmentation des prix.
Par exemple, les cartes graphiques sont maintenant plus facilement disponibles selon le modèle et vous en trouverez aussi de temps en temps en stock dans notre magasin. Cependant, les prix s’avèrent souvent astronomiques : la plupart du temps, les cartes graphiques coûtent le double du prix de détail suggéré par le fabricant (PDSF).
La situation risque d’empirer avec l’augmentation des prix de TSCM. On peut se demander combien de personnes auront encore les moyens d’y accéder. Qui sait, peut-être que les cartes graphiques et autres produits similaires redeviendront moins chers de cette manière, car la demande diminuera en raison des prix élevés. Mais même si ça arrive, il faudra un certain temps avant que les prix ne baissent.
Les grands fabricants de semi-conducteurs Intel et TSMC prévoient d’accroître leurs capacités de production et investissent massivement dans la construction de nouvelles installations de production. Toutefois, il faudra attendre plusieurs mois, voire plusieurs années, avant qu’elles ne soient opérationnelles.
La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.