Blizzard : grandeur et décadence d’un empire
Blizzard, plus qu’aucun autre studio, symbolise des jeux PC irréprochables. Tout ce qu’il touche se transforme en or : « Warcraft », « Diablo », « Starcraft » ou « World of Warcraft ». Mais peu à peu, la magie s’estompe et l’entreprise californienne montre de plus en plus de failles.
Nous sommes en 2004 et Blizzard vient de lancer « World of Warcaft ». Les critiques couvrent déjà d’éloges le jeu et pourtant, personne encore ne se doutait que WoW deviendrait à ce jour le MMO (NDT : jeu en ligne massivement multijoueur) le plus populaire de tous les temps. À cette époque, Blizzard ne commet pas encore d’erreurs. « Diablo 1 », « Diablo 2 », « Warcraft 3 »; chaque jeu de la société états-unienne séduit totalement les fans. La marque Blizzard constitue un véritable label de qualité. Aucun autre studio n’a la réputation de publier à chaque fois des jeux presque parfaits.
En 2008 survient un évènement qui va changer à jamais l’entreprise qui ne connaissait pas l’échec : son acquisition par Vivendi, qui fusionne à son tour avec Activision en une société un an plus tard, ouvre une nouvelle voie au concepteur de jeux vidéos. Si les premiers problèmes sont minimes, ils ne cesseront de s’aggraver au fil du temps. Blizzard a touché le fond avec le procès en cours pour abus et harcèlement à grande échelle. Comment la situation a-t-elle pu à ce point dégénérer ?
Deux en un
Blizzard naquit au début des années 90 de la fusion de deux sociétés de jeux vidéos. En 1991, Michael Morhaine, Allen Adham et Frank Pearce fondèrent Silicon & Synapse. Leurs premiers jeux se nommaient « Rock n’Roll Racing » et « The Lost Vikings ». Pour éviter d’être constamment confondu avec les fabricants de puces (NDT : le projet SyNAPSE d’IBM), le studio fut rebaptisé Chaos Studios deux ans plus tard. Toutefois, ce nom ne fut conservé très longtemps pour cause de litiges juridiques. Entre temps, après trois ans d’indépendance, Chaos Studios se fit racheter par la société de logiciels Davidson & Associates, qui n’apprécia pas non plus la nouvelle proposition : Ogre Studios. Adham feuilleta donc un dictionnaire jusqu’à trouver un nom approprié et non protégé. Le choix se porta sur le désormais mythique Blizzard.
Le premier jeu qu’ils développèrent sous ce nouveau nom se nommait « Warcraft : Orc & Humans ». Ses principes de gameplay sont les mêmes que celui du jeu de stratégie « Dune 2 » de Westwood. Avec les deux extensions, « Warcraft 2 » et « Warcraft 3 », Blizzard jeta non seulement les bases de « World of Warcraft », mais aussi des MOBA (NDT : Arène de bataille en ligne multijoueur) tels que « Dota » et « League of Legends », grâce aux éditeurs fournis avec les jeux.
La deuxième partie de Blizzard s’appelait à l’origine Condor Games. Le studio fut fondé en 1993 par David Brevik et les deux frères Erich et Max Schaefer. Ils commencèrent leur carrière par des jeux sur commande pour consoles portables comme « NFL Quarterback Club 95 » pour la Game Boy. Mais c’est leur premier prototype de jeu personnel qui attira l’attention de Blizzard : un sombre jeu de rôle fantastique au tour par tour appelé « Diablo ». En 1996, Condor Games fut racheté par Blizzard et rebaptisé Blizzard North. Ils conservaient ainsi leur indépendance et pouvaient désormais mettre toute leur énergie dans le développement de « Diablo ».
Mais avant que le jeu ne sorte en 1997 et ne soit maintes fois copié, il subit un changement crucial. Inspiré par des jeux tactiques comme « Xcom », « Diablo » n’était à l’origine pas prévu pour être un jeu d’action en temps réel. Les nouveaux propriétaires furent enthousiasmés par le concept, mais il était pour eux clair que le jeu devait être en temps réel. Ils avaient eu la preuve avec « Warcraft » que les meilleurs moments survenaient lorsque le joueur devait prendre de bonnes décisions sous pression.
David Brevik se remit alors au travail à contrecœur. Lorsqu’il se rendit compte qu’il lui suffisait en principe de raccourcir le temps d’exécution des actions, il programma une nouvelle version en quelques heures. Dans le livre « Stay awhile and Listen » de David L. Craddock, il s’émerveille : « Je m'en souviens comme si c'était hier. Je clique sur un monstre. Mon personnage se précipite sur le squelette, le fracasse et il tombe au sol. Oh mon dieu, c’est incroyable ! » À ce moment-là, il sait que « Diablo » fera sensation.
La crème de la crème des jeux PC
Le nom de Blizzard fut dans les années 90 un synonyme de jeux PC de grande qualité. « Starcraft » succéda en 1998 à « Warcraft », sorti en 1994, et à « Diablo », sorti en 1997. Ce jeu de stratégie en temps réel de science-fiction fit l’effet d’une bombe. La saga de la guerre à trois entre Terrans, Zergs et Protoss assura un succès durable et une scène e-sport active encore aujourd’hui, notamment grâce au mode multijoueur.
Battle.net rendit cette révolution possible. Ce service en ligne gratuit permit aux joueurs de jouer avec ou contre d’autres joueurs. Il fit son apparition en 1997 parallèlement à « Diablo » et constitua pour beaucoup le véritable point fort du jeu de massacre de monstres. Au lieu d’explorer les sombres donjons tout seul, vous pouviez désormais défier les Seigneurs des Enfers en groupe.
Mais Battle.net ne décolla vraiment qu’en 2000 avec le lancement de « Diablo 2 » : enfin des serveurs dédiés ! Cette nouveauté permit alors aux joueurs de jouer leur personnage à la fois en ligne et en réseau local, donnant ainsi un nouvel élan à ce successeur déjà très apprécié.
En 2002, alors que les jeux de stratégie en temps réel prenaient de plus en plus de retard, Blizzard alla à l’encontre de la tendance avec un nouveau coup de maître appelé « Warcraft 3 : Reign of Chaos ». L’extension « The Frozen Throne » connaîtra un grand succès et les évènements scénaristiques de ce dernier seront repris par le plus grand projet du studio à ce jour, « World of Warcraft ». Le MMO épique se déroule dans l’univers de la série Warcraft, rassemblant des milliers de joueurs sur des serveurs partagés.
« World of Warcraft », apparu en 2004, ne mit pas longtemps à conquérir le monde. Des millions de personnes se lancèrent à l’exploration du monde d’Azeroth en tant qu’orc, nain ou mort-vivant. Grâce à ce jeu, Blizzard devint enfin populaire auprès du grand public. Des stars comme Vin Diesel, Mila Kunis ou Smudo des Quatre Fantastiques durent admettre publiquement leur addiction à WoW. En 2010, le MMO de Blizzard atteignit son record d’utilisateurs actifs avec douze millions. Malgré la multitude de concurrents ayant tenté de reprendre les grands concepts du jeu, aucun autre MMO n’a réussi à battre ce record.
« Diablo », « Starcraft » ou « World of Warcraft » ont en commun ne pas avoir suivi le panurgisme ambiant. Blizzard a toujours possédé une vision et une approche personnelles de la conception de ses jeux, une recette qui connut succès après succès. Cependant, la réputation d’être le studio ultime comprend aussi ses inconvénients. Nous apprendrons des années plus tard que le succès avait engendré une mentalité de rock star chez de nombreux développeurs de la première heure qui nuisait lentement à l’ambiance au sein de l’entreprise.
La fin de Blizzard North
Avant que « World of Warcraft » ne s’élève pour devenir le mâle alpha de sa génération, il y eut une énorme première gronde chez Blizzard, ou plus précisément chez Blizzard North, les développeurs de « Diablo ». Depuis sa création, l’entreprise a changé de mains à plusieurs reprises, le rachat par Vivendi, ou Activision, fut probablement le plus décisif. Le travail de Vivendi commença dès 1998. À l’époque, Blizzard appartenait à Sierra, qui fut racheté par l’éditeur français Havas, lui-même membre de Vivendi.
L’influence croissante de Vivendi entraîna des conflits d’intérêts, notamment chez Blizzard North. En 2003, une trentaine d’employés quittèrent l’entreprise en conséquence, dont le fondateur David Brevik et les frères Schaefer : ils n’aimaient pas l’empire qu’était devenu Blizzard et ne voulaient plus se soumettre aux caprices des actionnaires. Deux ans plus tard, Vivendi réunit les restes de Blizzard North et de Blizzard South pour former Blizzard Entertainment. L’une des principales raisons de cette décision fut les décisions de développement insatisfaisantes de « Diablo 3 ». Ce fiasco scella la fin de l’ancien studio Gondor.
Le premier faux pas
Le succès de « World of Warcraft » suscita l’intérêt de Bobby Kotick. En 2006, le PDG d’Activision faisait tout son possible pour tenter de sauver son entreprise de la faillite. Sa tête d’affiche, « Call of Duty », ne fera sa percée qu’en 2007 avec « Modern Warfare ». La planche à billets « World of Warcraft », qui rapportait à l’époque 1,1 milliard de dollars en revenus d’abonnements mensuels, constituait le candidat idéal. Vivendi est en alors bien conscient, raison pour laquelle il n’accepta la fusion avec Activision que s’il conservait la majorité des actions. Bobby Kotick donna son aval en 2008 et la nouvelle société Activision Blizzard vit le jour. Blizzard conservait en grande partie son indépendance et continuait d’avoir son propre PDG, Mike Morhaime. Des années plus tard, le studio se targue d’être toujours une entité distincte d’Activision et de ses sous-studios, avec sa propre structure de gestion et son campus personnel. Ils ne sont pour l’instant pas encore soumis à un cycle de sortie strict des jeux comme pour « Call of Duty ».
Ainsi, Blizzard sortit à son rythme trois extensions de « World of Warcraft », le premier volet de la trilogie « Starcraft 2 » et enfin, le 15 mai 2012, le très attendu « Diablo 3 ». Les attentes sont alors immenses et les joueurs du monde entier se jetèrent dans la « bataille des clics », pour être ensuite déconnectés par l’« erreur 37 ». Les premiers jours, le message d’erreur ne cessa de survenir et empêcha ainsi des milliers de joueurs de pouvoir profiter du RPG d’action. Mais le pire restait l’hôtel des ventes, où le butin pouvait être acheté et vendu contre de l’argent réel. Cette décision permit certes à Activision Blizzard de remplir ses coffres, mais elle nuisit surtout considérablement à l’équilibre du jeu. Le contenu de haut niveau était également pratiquement inexistant au début du jeu.
Malgré des débuts difficiles, « Diablo 3 » devint un jeu populaire et extrêmement apprécié aujourd’hui encore. En 2014, l’hôtel des ventes en argent réel est fermé et une première extension très populaire vit le jour : « Reaper of Souls ». Mais lorsqu’il s’agit de s’attaquer à la deuxième extension prévue, la direction commença à filer un mauvais coton. « Bravo, vous avez terminé Reaper of Souls. Mais nous pensons qu’il est préférable pour la marque de continuer avec « Diablo 4 » sous quelque forme que ce soit », a déclaré un membre de l’équipe qui a rappelé les déclarations dans une interview accordée à Kotaku](https://kotaku.com/the-past-present-and-future-of-diablo-1830593195). « Pour notre équipe, c’était un vote clair de défiance de la part de la direction. Pour eux, « Diablo 3 » a été un gigantesque échec », aurait déclaré une autre personne.
Peu importe la qualité du produit final, la version de lancement de « Diablo 3 » fut le premier couac de Blizzard, du moins aux yeux du public. Un deuxième, bien plus retentissant, fera moins de bruit. Un an seulement après la sortie de « Diablo 3 », le projet le plus ambitieux de Blizzard à ce jour était discrètement abandonné. Le projet Titan devait être un nouveau MMO de science-fiction combinant Les Sims, Left 4 Dead et Team Fortress. Les travaux débutèrent en 2007 déjà. Six ans plus tard, après une longue période de développement, le projet sera abandonné. Ce fut le premier véritable faux pas de Blizzard. D’énormes quantités de temps et d’argent avaient été investies dans le projet et, comme son existence avait déjà confirmé par l’entreprise en 2008, beaucoup de gens attendaient beaucoup de ce jeu.
Les blessures laissées par le projet Titan n’ont à ce jour pas encore complètement cicatrisé. Par exemple, l’annonce de « Diablo 4 » a été reportée plusieurs fois par crainte d’une nouvelle catastrophe, rapporte l’expert du secteur Jason Schreier. Le quatrième volet du RPG d’action infernal a déjà subi un reboot majeur. Même si le fantôme du projet Titan plane encore au-dessus de la tête des développeurs, il y aussi des aspects positifs à tirer de cet échec : « Overwatch » émergea des décombres.
Activision enclenche la deuxième vitesse
Avant que Blizzard ne réussisse à révolutionner un autre genre vidéoludique avec « Overwatch », une autre mini-révolution va provoquer des changements considérables. En 2013, Activision rachète à Vivendi les parts restantes de la société. Une fois les pleins pouvoirs en main, Bobby Kotick commence à installer ses sbires chez Blizzard, écrit Jason Schreier dans un tweet. L’indépendance devait être limitée et la cadence de sortie des jeux, augmenter. L’irrégularité avec laquelle Blizzard sortait ses jeux et ses extensions constituait une épine dans le pied d’Activision.
En 2014, Blizzard sort « Hearthstone » et inaugure ainsi l’ère des jeux de cartes à jouer qui se poursuit encore aujourd’hui. Il sera également le premier jeu à être également diffusé sur les plateformes mobiles.
Le titre suivant « Heroes of the Storm » suivra un an plus tard. Il constitue la réponse de Blizzard à « Dota » et « League of Legends », avec des héros et des créatures issus de son propre univers. Malgré des critiques positives, le jeu n’est jamais parvenu à percer. En 2018, Blizzard annonce de manière surprenante qu’il va cesser de soutenir la scène e-sport. L’équipe de développement se voit réduite de façon drastique et affectée à d’autres projets. Même si « Heroes of the Storm » est encore joué aujourd’hui, cette décision marque de facto la fin du jeu.
Blizzard a connu beaucoup plus de succès avec « Overwatch ». Le studio innove une fois de plus avec le jeu qui émerge des cendres du projet Titan. En 2016, les shooters multijoueurs ne sont alors pas vraiment en plein essors et pourtant, Blizzard va réussir à la surprise générale un nouveau pari. Les modèles colorés des héros et les matchs dynamiques en 6 contre 6 marchent à merveille. Le genre du heroshooter venait de naître. Avec Activision Blizzard comme force motrice, « Overwatch » s’est hissé au rang de titre de sport électronique parmi les plus populaires du marché.
Cependant, les éloges et les récompenses ne peuvent cacher la faible productivité de Blizzard depuis « Overwatch » : zéro nouveau jeu sorti. L’entreprise n’a lancé que des extensions et des classiques remastérisés. Depuis 2016, elle annoncé trois nouveaux jeux, rien de plus. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : depuis 2018, Activision a augmenté la pression pour réduire les coûts et publier plus de jeux. Un vétéran de l’entreprise déclare dans une interview accordée à Kotaku : « Le département des finances de Blizzard était autrefois l’une de ces fonctions invisibles qui existait, mais qui n’avait pas son mot à dire. Maintenant, ils participent constamment à nos réunions. »
2018 sonne le glas d’une époque. Le fondateur et PDG Mike Morhaime en a assez de l’ingérence croissante de Bobby Kotick et annonce qu’il quitte la société après 28 ans de bons et loyaux services. Avec d’autres anciens de Blizzard, il a fondé peu après un nouveau studio appelé Dreamhaven. J. Allen Brack lui succède. Un an seulement après le départ de Mike Morhaime, Activision Blizzard licencie près de 800 employés. Quelques mois plus tôt, Bobby Kotick avait décrit 2018 comme l’année la plus réussie d’Activion Blizzard à ce jour.
« Diablo Immortal », Blitzschung et « Warcraft 3 »
L’annonce de « Diablo Immortal » à la Bllizzcon 2018 va définitivement être la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Au lieu du très attendu « Diablo IV », les fans se voient offrir un jeu mobile produit en collaboration avec le studio chinois NetEase. Le tollé est immense. Blizzard, le studio qui a acquis la réputation de réinventer les systèmes de jeu existants, de les perfectionner quand d’autres les ont depuis longtemps déclarés morts ; le studio qui ne se lasse pas de souligner qu’il est d’abord et avant tout un développeur PC. Lorsqu’un fan demande si le jeu sortira également sur PC, la réponse est négative. Le développeur Wyatt Cheng semble surpris des huées et donne une réponse bien maladroite : « Vous n’avez pas de smartphone ? ». Bien sûr que si, mais les fans ne se sont pas rendus à la Blizzcon pour les jeux mobiles. Mais ce nouvel opus de la saga « Diablo » n’est pas non plus destiné à ce public, mais plutôt au lucratif marché chinois. Le prochain faux pas de Blizzard va prouver l’importance de ce marché.
En 2019, des manifestations massives ont lieu à Hong Kong contre l’influence croissante de la Chine, des révoltes populaires violemment réprimées par les autorités. Ng Wai Chung, originaire de Hong Kong et plus connu sous le pseudo de Blitzschung, participe au même moment à la compétition Hearthstone Grandmasters. Il profite de l’interview après sa victoire pour exprimer son soutien au mouvement de résistance. À peine a-t-il prononcé la phrase : « Hong Kong libre, la révolution de notre temps » que le livestream s’interrompt. Blizzard a non seulement éliminé Blitzschung du tournoi, mais a également confisqué son prix et l’a banni pendant un an de ses serveurs. L’entreprise californienne soutient la liberté d’expression, mais apparemment pas durant un tournoi. J. Allen Brack réduira la peine de bannissement à six mois et rendra le prix à Blitzschung, mais le mal était déjà fait. Sa déclaration « Nos relations avec la Chine n’ont rien à avoir avec cette décision » ne semble néanmoins pas crédible.
Le dernier faux pas, encore bien dans la tête de nombreux joueurs, s’appelle « Warcraft 3 Reforged ». Il devait s’agir d’une somptueuse remastérisation de « Warcraft 3 », vieux de presque 20 ans. Une fois de plus, Blizzard va décevoir ses fans. Le jeu sorti en janvier 2020 va non seulement ne pas inclure certaines fonctionnalités promises par les développeurs, mais contiendra en plus de nombreux bugs au moment de sa sortie. Le problème le plus grave reste le remaniement de la section multijoueur, qui rend incompatible la version originale du jeu avec la remastérisation et oblige tous les joueurs à faire la mise à jour. Les fans se sentent floués par Blizzard. La proposition de remboursement faite aux joueurs n’y changera rien.
Selon une étude de Bloomberg, cette remastérisation ratée s’explique par « une mauvaise gestion et la pression financière. » Activision aurait exigé de Blizzard qu’il réduise ses coûts et donne la priorité à des titres plus importants.
Les scandales d’abus
Mais les graves problèmes d’Activision Blizzard se sont encore plus révélés ces dernières semaines. Les rapports antérieurs faisant état d’actes répréhensibles au sein de l’entreprise sont littéralement inondés de nouvelles allégations et accusations. Tout est parti d’une enquête de deux ans menée par le département californien de l’emploi équitable et du logement qui a débouché sur une action en justice. Le harcèlement sexuel, les avances non désirées et les attouchements sont monnaie courante dans l’entreprise. Les femmes sont également moins bien payées et se voient confier des emplois de moindre importance, poursuit l’étude. Les plaintes adressées à la fois aux ressources humaines et au président de l’époque, J. Allen Brack, n’ont pas été prises en compte. L’ambiance ressemble plus ou moins à celle d’une fraternité étudiante.
De nombreux membres de haut rang ont déjà quitté l’entreprise : le président, J. Allen Brack ; le chef des RH, Jesse Meschuk ; le directeur de jeu sur Diablo IV, Luis Barriga ; le concepteur de niveau en chef sur Diablo IV, Jessse McCree ; le concepteur de niveau sur « World of Warcraft », Jonathan LeCraft. En outre, avec Coca-Cola, Kellogs, IBM et Pringles, de nombreux sponsors majeurs se sont retirés de la ligue e-sport « Overwatch ». Le procès représente à merveille la décadence de l’ancien studio modèle.
Bobby Kotick s’empare du pouvoir
Il semble peu probable que le procès en cours débouche sur une amélioration. Les premières réactions du PDG d’Activision Blizzard, Bobby Kotick, ne sont en tout cas guère rassurantes. Ses déclarations ont été qualifiées par le personnel de vaste blague. Même pour les actionnaires, les mesures annoncées ne vont clairement pas assez loin. Ils n’approuvent notamment pas qu’un cabinet d’avocats non qualifié, qui a en outre déjà travaillé pour Activision Blizzard, soit en charge de l’enquête.
Bobby Kotick peut toutefois profiter du scandale pour accroître son influence sur Blizzard, comme en atteste déjà clairement le titre de l’employé le plus haut placé de Blizzard. Alors que Mike Morhaime possédait toujours officiellement le titre de PDG, J. Allen Brack restait le président. Ses successeurs, Jen Oneal et Mike Ybarra, ne sont même pas désignés en tant que co-dirigeants. Dans ces conditions, les chances de voir Blizzard retrouver sa gloire passée semblent minces. Bobby Kotick pense peut-être que pour de nombreux joueurs et actionnaires, les nombreux problèmes actuels seront effacés par un « Diablo IV » réussi. Espérons qu’il se trompe.
En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.