Combien coûte le travail sur un PC gaming ?
En coulisse

Combien coûte le travail sur un PC gaming ?

Samuel Buchmann
8/3/2023
Traduction: Alassane Ndiaye

Selon le type d’ordinateur sur lequel vous travaillez, vous consommez plus ou moins d’énergie. Les différences sont importantes. La panique n’est toutefois pas de mise si vous écrivez vos e-mails sur un PC gaming.

La crise énergétique semble avoir été évitée pour le moment, mais la prochaine ne manquera pas d’arriver. Parallèlement, depuis la pandémie de coronavirus au moins, de nombreuses personnes travaillent à domicile, moi y compris. Face à la hausse des prix de l’électricité, la question se pose : combien cela me coûte-t-il ? Quelle est la différence entre une tour gaming et un ordinateur portable ? Est-il utile d’acheter un appareil efficace spécialement pour le travail ? Et quel est le prix du gaming haut de gamme ? J’ai mesuré et j’ai sorti le carnet du lait.

Méthodologie et appareils : du Mac Mini au PC gaming

Tous les ordinateurs ne se valent pas. Un PC gaming haut de gamme a besoin de plus d’énergie qu’un ordinateur portable sans carte graphique dédiée. Les puces Arm d’Apple sont plus efficaces que les processeurs x86 d’Intel et d’AMD. Je fais donc s’affronter six appareils différents, sans prétendre à l’exhaustivité. Si vous cliquez sur les noms, vous accédez aux configurations exactes :

Trois des appareils de test : Mac Mini, Lenovo ThinkPad E15 et un PC fait maison.
Trois des appareils de test : Mac Mini, Lenovo ThinkPad E15 et un PC fait maison.
Source : Samuel Buchmann

Pour une comparaison aussi juste que possible, je ferme les ordinateurs portables. L’écran interne n’a donc pas besoin d’énergie. Avec une prise intelligente de Voltcraft, je mesure sur tous les ordinateurs le nombre de wattheures dont ils ont besoin pour :

  • une heure de lecture YouTube en 4K ;
  • 30 minutes de test de stress dans Cinebench R23 ;
  • dix tests de performance dans Shadow of the Tomb Raider, 1440p avec des détails élevés.

En cumulant les consommations sur une longue période, j’espère obtenir des valeurs plus fiables qu’en mesurant ponctuellement le flux de courant. J’extrapole tous les résultats en wattheures consommés par heure. Quels sont les résultats ?

Résultats de mesure : différences massives

Sans surprise, les ordinateurs plus puissants ont également besoin de plus d’électricité, non seulement lorsque je fais effectivement appel à cette puissance, mais aussi lorsque l’ordinateur est inactif. Dans mon essai sur YouTube, le puissant PC gaming consomme plus du double d’énergie par heure que la version pour petits budgets ou le NUC d’Intel. La différence avec les appareils mobiles et le Mac Mini est encore plus flagrante. Ils n’ont tous besoin que d’une fraction de l’électricité.

Si j’appelle la puissance maximale du processeur dans Cinebench, l’image est similaire. Mais contrairement à la charge toujours identique du test YouTube, l’équivalent de l’énergie investie change ici aussi : les ordinateurs puissants calculent plus que les ordinateurs faibles dans le même temps. Le score le montre. Je compare donc la consommation d’énergie avec le score obtenu. Je constate trois choses.

Le processeur mobile de l’ordinateur portable Lenovo obtient un score Cinebench par wattheure presque deux fois plus élevé que celui du processeur de bureau. Les puces Arm d’Apple jouent encore dans une autre ligue.

Premièrement, mes deux processeurs de bureau sont à la limite tout aussi efficaces. L’i9 consomme plus de trois fois plus d’énergie que le Ryzen 5. Mais le processeur Intel obtient également un score de 37 153, tandis que celui d’AMD n’atteint que 11 052. Le score par wattheure est donc presque identique. Deuxièmement, les processeurs mobiles sont plus efficaces. Le processeur i7-1255U du Lenovo obtient un score par wattheure presque deux fois plus élevé que celui du processeur i9 de bureau. Troisièmement, les puces Arm d’Apple jouent encore dans une autre ligue. Le nouveau Mac Mini M2, en particulier, est extrêmement efficace. Il obtient plus de deux fois plus de points par wattheure que l’ordinateur portable Lenovo et plus de quatre fois plus de points que l’i9.

Il en va de même pour les performances de jeu. Les processeurs graphiques des puces Apple sont également plus efficaces que leurs homologues de Nvidia et d’Intel. Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution. Un test de performance unique, valable pour tous les systèmes, n’a que peu d’intérêt. Si vous voulez jouer à des jeux, la question de la consommation est de toute façon inutile : si vous voulez jouer à des jeux actuels dans une bonne résolution avec des détails élevés, vous avez besoin d’un PC Windows performant. Beaucoup de fps par wattheure ne t’apportent rien si un jeu se transforme en diaporama. Ou, dans le cas de MacOS, n’est même pas disponible pour le système d’exploitation.

Qu’est-ce que cela signifie dans la pratique ?

J’aimerais d’abord savoir ce que ces chiffres signifient pour moi dans mon bureau à domicile. Pour cela, je dois définir un scénario : je pars du principe que mon ordinateur fonctionne dix heures par jour « pendant les heures de travail ». Cela comprend une pause déjeuner et quelques pauses café. Parce que pour être honnête, la plupart du temps, je n’éteins pas l’ordinateur quand je vais à la cuisine. Je prévois de travailler à temps plein. Cela représente, avec cinq semaines de vacances, 235 jours de travail par an. Cela fait donc 2350 heures de fonctionnement. Dans la réalité, ils devraient être moins nombreux. Après tout, il m’arrive aussi d’être malade, de devoir faire quelque chose en dehors du bureau ou de mettre l’ordinateur en veille à midi quand j’y pense. J’arrondis donc ce chiffre à 2200 heures.

Comme charge de calcul, j’accepte un mélange hétéroclite. La plupart du temps, j’écris des textes ou des e-mails. Il m’arrive de retoucher des images dans Lightroom. Les appels vidéo nécessitent également un peu de puissance. Comme je ne peux pas mesurer cela de manière comparable sur tous les appareils, je fais un hypothétique calcul mixte à partir de mes consommations de référence : 80 pour cent de consommation électrique au niveau de YouTube et 20 pour cent au niveau de Cinebench.

Dans ce dernier cas, je tiens compte du fait que les processeurs les plus puissants n’ont pas besoin de fonctionner à pleine charge pour atteindre les mêmes performances que les processeurs les plus faibles. J’adapte donc la consommation d’énergie au score Cinebench de l’ordinateur portable Lenovo, l’appareil le plus lent du test. Comme limite inférieure, je prends la consommation d’énergie de YouTube. Le calcul n’est bien sûr pas tout à fait correct, car la consommation d’énergie n’augmente pas de manière linéaire avec la performance. Mais cela suffit pour une approche grossière.

Les différences en matière de consommation d’énergie dans un bureau à domicile sont énormes. Dans mon scénario, l’appareil haut de gamme consomme environ 20 fois plus d’énergie que le Mac Mini économique. Une différence de 244 kilowattheures (kWh) par an. Le PC gaming pour petits budgets et le NUC d’Intel se situent exactement entre les deux. Avec 33 kWh, l’ordinateur portable de Lenovo équipé d’un processeur i7 mobile a certes besoin de plus d’énergie que le MacBook Pro nettement plus performant équipé d’une puce M1-Max. Mais par rapport aux ordinateurs fixes, le Lenovo est aussi beaucoup plus efficace.

Dans mon scénario avec le bureau à domicile, l’appareil haut de gamme consomme environ 20 fois plus d’énergie que le Mac Mini, plus économique.

J’ai besoin de beaucoup d’énergie lorsque je joue pendant des heures sur un PC haut de gamme et que j’exploite pleinement la puissance des composants. Si je joue en moyenne 30 heures par semaine, j’ai besoin de 846 kWh par an. Avec l’ordinateur de bureau moins cher équipé d’un Ryzen 5 et d’une RTX 3060, ce sont 362 kWh, mais le nombre d’images par seconde diminue proportionnellement à la consommation d’énergie.

Qu’est-ce que cela signifie pour mon porte-monnaie ?

Même si les différences sont relativement importantes : ce n’est pas parce que vous travaillez sur un PC gaming que vous allez vous appauvrir, même si les prix de l’électricité continueront d’augmenter dans les années à venir. En effet, les coûts supplémentaires réels par rapport à des appareils plus efficaces sont plutôt faibles en chiffres absolus.

J’habite à Winterthour, où le prix de l’électricité est de 28,25 centimes par kilowattheure (kWh). TVA non comprise. Selon le canton ou le pays, ce prix varie fortement. Vous trouverez un aperçu des tarifs sur ce site Internet de la Confédération. Je calcule le coût annuel des appareils avec la médiane suisse de 27,2 centimes/kWh.

Si j’utilise un Mac Mini ou un ordinateur portable Windows efficace au lieu d’un PC haut de gamme, j’économise un peu plus de 60 francs suisses par an. Même dans ce cas extrême, il n’est pas rentable, au vu des prix actuels de l’électricité, d’acheter un appareil efficace uniquement pour son coût. Même un Mac Mini à 600 francs n’est amorti qu’en dix ans par rapport à l’appareil énergivore. Si les prix augmentent dans les années à venir, cela pourrait changer. En Allemagne, par exemple, le tarif a atteint jusqu’à 70 cents par kilowattheure (en allemand) l’automne dernier. Ainsi, le PC haut de gamme coûterait déjà 171 euros de plus par an à l’entretien qu’un Mac Mini.

D’un point de vue écologique, un ordinateur efficace ne devrait être rentable que si je l’achète à la place d’une machine performante, et non en plus. En effet, les appareils électroniques contiennent une grande quantité d’énergie grise. C’est l’énergie nécessaire à la production, au transport et au stockage.

Si je joue 30 heures par semaine sur mon appareil de test haut de gamme, cela me coûte 229 francs suisses par an.

Si je veux jouer à des jeux exigeants sur le plan graphique et de bonne qualité, je n’ai de toute façon pas d’autre choix qu’un PC gaming, comme mentionné plus haut. Plus d’images par seconde coûtent plus d’énergie et donc plus cher. Les comparaisons entre les différents appareils n’ont donc pas de sens. Mais les chiffres absolus sont tout de même intéressants : 30 heures de jeu par semaine sur un PC haut de gamme me coûteraient 229 francs par an.

« Oui et qu’en est-il de... ? »

Il est probable que votre appareil personnel et votre utilisation soient différents de mes exemples. Ils ne doivent servir que de points de référence entre lesquels vous pouvez classer votre propre situation. Et bien sûr, l’ordinateur n’est pas la seule chose qui consomme de l’énergie dans un bureau à domicile, d’autres appareils sont également branchés à la prise électrique.

Les grands écrans, par exemple, sont souvent les plus gros consommateurs d’énergie qu’un PC moyen. Ma configuration globale actuelle avec MacBook Pro, écran QD-OLED de 34 pouces, petits haut-parleurs et station d’accueil consomme plus de 100 watts en mode télétravail. Seule une petite partie de cette somme est affectée à l’ordinateur portable. Si je remplaçais le MacBook par un PC fixe très puissant, la consommation atteindrait 200 watts. Dans mon scénario, cela représente un coût de 120 francs par an.

Les grands écrans comme ce 55 pouces de Samsung consomment aussi beaucoup d’énergie.
Les grands écrans comme ce 55 pouces de Samsung consomment aussi beaucoup d’énergie.
Source : Samuel Buchmann

Ces montants ne sont pas rien, mais ils sont plutôt faibles par rapport aux coûts d’autres appareils. La consommation d’énergie typique d’un ménage de deux personnes dans un immeuble est selon l’Office fédéral de l’énergie (en allemand) de 2750 kWh par an, soit 748 francs au prix médian actuel. Les appareils électroménagers et de cuisine tels que le réfrigérateur, la cuisinière ou le lave-linge sont les plus gros consommateurs d’électricité.

Conclusion : de grandes différences, de petits montants

Un ordinateur de bureau performant consomme de l’énergie, même avec des charges légères comme les applications bureautiques. Un ordinateur portable efficace n’a besoin pour cela que d’une fraction de l’énergie. Les puces ARM d’Apple sont encore plus économiques et offrent une puissance par watt nettement supérieure à celle des processeurs x86 d’Intel et d’AMD. Les différences sont impressionnantes à première vue : dans mon scénario défini, un Mac Mini ne consomme que cinq pour cent de l’énergie d’un PC haut de gamme par an, soit une différence de 244 kilowattheures.

Ce qui semble beaucoup n’a cependant qu’un impact minime sur le compte en banque. Avec le prix médian actuel de l’électricité en Suisse, les 244 kilowattheures coûtent à peine 66 francs. Même si vous travaillez sur un PC gaming puissant, vous ne vous appauvrirez pas pour autant, ou vous n’achèterez pas un appareil plus efficace spécialement pour économiser de l’énergie. Cela n’est pas rentable, ni financièrement ni écologiquement. Si les tarifs augmentent fortement un jour, ce calcul pourrait être différent.

Il serait souhaitable que la sainte trinité Intel, AMD et Nvidia rejoigne Apple en termes d’efficacité. En cas de hausse des prix de l’électricité, cela pourrait également devenir un argument de vente pour les gamers. Les personnes qui jouent 30 heures par semaine sur un PC comme mon appareil de test haut de gamme paient actuellement en moyenne 229 francs par an. Pour les tarifs plus élevés, c’est encore plus. Si un fabricant parvient à rendre ses puces plus efficaces, cela pourrait lui permettre d’économiser des centaines de francs en coûts énergétiques sur la durée de vie de ses produits.

Photo d’en-tête : Samuel Buchmann

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Mon empreinte digitale change régulièrement au point que mon MacBook ne la reconnaît plus. Pourquoi ? Lorsque je ne suis pas assis devant un écran ou en train de prendre des photos, je suis probablement accroché du bout des doigts au beau milieu d'une paroi rocheuse. 


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