Des batteries à foison
Bienvenue dans le meilleur des mondes où tous les objets, des bracelets aux cigarettes, fonctionnent avec des batteries. Nous devons encore apprendre à exploiter intelligemment cette conquête technologique.
L’ère du pétrole touche lentement à sa fin et, dans le même temps, l’ère des batteries a déjà commencé. La preuve ? La personne la plus riche du monde n’est plus un magnat du pétrole comme Rockefeller, mais le roi de la batterie Elon Musk.
Chaîne hi-fi, écouteurs, appareil photo, téléphone, souris, clavier : quand j’étais enfant, tous ces appareils fonctionnaient sans batteries. Aujourd’hui, même les dérailleurs de vélos en sont équipés. Est-ce vraiment indispensable ? Le monde a-t-il vraiment besoin de baskets munies de ports USB et d’un éclairage LED sur les semelles ?
Les batteries rendent les appareils transportables sans générer une montagne de piles. Bien sûr qu’elles sont pratiques, sinon on ne les utiliserait pas partout. Mais l’ère de la batterie amène aussi quelques problèmes nouveaux.
Les batteries doivent être constamment rechargées
On dit que l’internet, les smartphones et les réseaux sociaux nous mettent en état d’alerte permanente et que nous ne savons plus comment décrocher. On oublie de préciser que les batteries contribuent également à ce stress constant. Il y a toujours un appareil qui n’a plus de batterie. Avant même de me lever, je dois recharger le vieux téléphone portable que j’utilise en guise de réveil. Un peu plus tard, le clavier s’éteint parce que je n’ai pas remarqué que la batterie était presque vide. Ensuite, c’est la caméra qui s’éteint en plein enregistrement vidéo. Entre-temps, je recharge constamment les batteries des drones, le soir, c’est au tour du smartphone, et le casque aurait aussi bien besoin d’être rechargé. Et ne vous avisez pas de laisser un appareil inutilisé pendant une longue période ! Il se déchargera tout seul.
Les appareils sans fil qui doivent être rechargés ne sont pas sans fil, ils sont branchés sur le cordon d’alimentation. Dans mon appartement, c’est affreux : je n’ai jamais eu autant d’appareils dits sans fil et jamais autant de câbles.
Bien sûr, ce n’est pas la faute des batteries s’il faut sans cesse les recharger. Le problème est la consommation d’énergie qui a énormément augmenté sur les appareils électroniques actuels. Les piles boutons d’une vieille calculatrice ou d’une console Nintendo des années 80 durent éternellement, tout comme les piles d’un caméscope. Sans les batteries, les industriels de l’électronique seraient obligés, aujourd’hui encore, de fabriquer des appareils extrêmement économes en énergie. Ils ne le font pas parce qu’ils ne sont pas obligés.
Les batteries sont un facteur d’obsolescence des appareils
Mon casque Bose, qui a coûté plus de 600 francs, est désormais en fin de vie. J’ai encore pu le revendre pour 16 francs. En revanche, le casque de mon père, qui date des années 70, fonctionne parfaitement. Pas seulement parce qu’il est doté d’un câble correct plutôt que de matériaux fragiles et bon marché, mais surtout parce qu’il fonctionne sans batterie.
Encore une fois, ce n’est pas la batterie elle-même qui pose problème, mais le fait que les batteries sont souvent impossibles à remplacer. Et si c’est le cas, elles ne sont pas standardisées comme les piles. Chaque appareil photo, chaque téléphone a son propre format de batterie. Si les modèles de batteries étaient standardisés, même les appareils anciens pourraient être remis en état de marche avec une nouvelle batterie.
Mais ce n’est pas ce que veulent les fabricants. Et nous avons pris l’habitude de remplacer tous nos équipements au bout de quelques années. Sauf les jeunes – ils n’ont jamais eu à s’y habituer parce qu’ils n’ont jamais connu autre chose.
Bien que le problème soit connu depuis de nombreuses années, la tendance est de plus en plus au non-remplacement. Le politique doit-il vraiment intervenir ici ? Ce serait un échec cuisant pour tout le secteur de la tech.
Les batteries sont nocives pour l’environnement
Ce n’est pas seulement la courte durée de vie des appareils qui pollue l’environnement, mais aussi les batteries elles-mêmes. Leur production est gourmande en matières premières et en énergie. Certes, des progrès constants sont réalisés en faveur de l’environnement : les batteries durent plus longtemps qu’auparavant, contiennent moins de cobalt et de l’électricité « plus propre » est utilisée pour leur production. Pourtant, n’importe quel appareil doté d’une batterie est plus nocif que celui qui n’en a pas. Peut-être à l’exception des voitures électriques, mais même là, je suis sceptique quant à l’aspect écologique. Il y avait déjà plus d’un milliard de voitures en 2010. Et la tendance est à la hausse. Sera-t-il possible de fabriquer et de recycler des milliards de batteries grand format dans le respect de l’environnement ? Je ne pense pas, Elon. Dans une telle batterie il y a environ 10 kilos de manganèse, 11 kilos de cobalt, 32 kilos de nickel et 6 kilos de lithium. Selon les méthodes de recyclage actuelles, les batteries sont broyées ou fondues. Ça ne ressemble pas à une solution propre pour moi.
Faire moins et mieux
Les batteries en elles-mêmes sont une bonne chose. Le problème réside dans la manière dont elles sont utilisées. Il suffirait de mettre une batterie dans les équipements qui n’en avaient pas besoin auparavant pour qu’ils soient automatiquement modernes et innovants ? Non ! Chers fabricants, demandez-vous si la présence d’une batterie est pertinente. Et si c’est le cas, faites en sorte qu’il soit possible de la remplacer et accordez-vous sur des tailles standardisées qui soient pratiques.
Nous pouvons aussi influencer un peu les choses par notre comportement d’achat. En effet, il est évident que tant qu’il y aura des gens qui achèteront des sapins de Noël chantants alimentés par des batteries, on continuera d’en fabriquer. Hors de question que j’en offre un même à mes pires ennemis. Quant à cette enceinte Bluetooth qui me fait de l’œil, je compte y réfléchir à deux fois.
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David Lee
Senior Editor
David.Lee@digitecgalaxus.chMon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.
