Zones sans enfants dans les avions :
qu’en pensez-vous ?
- Bonne idée ! Je réserve tout de suite une place !49%
- Rien pour moi.28%
- L’idée est bonne, mais je trouve que c’est trop cher.24%
Le concours est terminé.
Sur un vol long-courrier, les enfants turbulents peuvent vite taper sur les nerfs. La première compagnie aérienne européenne introduit donc une zone réservée aux adultes sur les vols loisirs à destination des Caraïbes. L’idée du siècle ? Non, plutôt une mauvaise approche selon moi.
Vous venez de vous installer sur votre siège, vous avez activé le mode avion et vous survolez avec impatience l’offre de divertissement en vol qui semble infinie. Dix heures de vol vous attendent. Dix heures de tranquillité où vous ne devez rien à personne. Ou vous devez tout au plus dire à l’hôtesse de l’air si vous préférez de l’eau plate ou gazeuse, ou le menu végétarien ou avec viande. Que du bonheur.
Et voilà que le rêve se transforme en cauchemar. Deux rangées derrière vous, un enfant fait une crise. Ses ronchonnements se transforment rapidement en pleurs bruyants. Une demi-heure plus tard, il ne s’est toujours pas calmé. Félicitations, vous avez atterri près d’un petit garnement qui hurle. Dites adieu à la tranquillité. Nous vous souhaitons tout de même un agréable vol.
Vous voyez ce que je veux dire ? Je parle en connaissance de cause. Et pourtant, il ne me viendrait jamais à l’idée de réserver un siège dans la zone sans enfants. À partir de novembre, c’est exactement ce que vous pourrez faire avec une compagnie aérienne turco-néerlandaise.
La compagnie aérienne Corendon a annoncé la semaine dernière dans un communiqué de presse qu’elle introduira, à titre d’essai, une zone sans enfants sur certains de ses vols à partir du mois de novembre. Depuis, la nouvelle fait la une de l’actualité internationale. Sur le vol Amsterdam-Curaçao (dans les Caraïbes), les voyageur·ses de plus de 16 ans peuvent réserver une place dans la zone Adults-only, moyennant bien entendu un supplément : 45 euros pour un siège normal, 100 euros pour un siège XL. La partie avant de l’Airbus A350 a été réaménagée à cet effet. Et la compagnie n’a pas lésiné sur les moyens : près d’un quart des places, 102 sur un total de 432, sont isolées au moyen de cloisons et de rideaux.
Corendon n’est pas pionnière en la matière. Malaysia Airlines disposait déjà il y a dix ans d’une zone sans enfants sur le pont supérieur de l’Airbus A380, comme l’écrit le site Aerotelegraph.com spécialisé dans l’aviation. Peu après, Air Asia X lui a emboîté le pas. Les deux compagnies aériennes ont toutefois supprimé depuis longtemps leur concept Adults-only, qui ne s’était pas envolé. Et ce sera probablement la même chose pour la compagnie aérienne européenne. C’est du moins ce que j’espère.
qu’en pensez-vous ?
Le concours est terminé.
Premièrement, parce qu’il n’est guère possible d’isoler complètement le bruit des enfants dans un avion. Ensuite, l’espace Adults-only n’est pas séparé par des murs insonorisés (pour les enfants). Si déjà je dois payer un supplément, ce n’est pas pour une zone de semi-repos. Même le blogueur américain Brett Snyder, qui croit fondamentalement au modèle, a des doutes à ce sujet : « C’est comme autrefois, quand on était assis·e au dernier rang du compartiment non-fumeur, mais qu’on pouvait toujours sentir la fumée », a-t-il déclaré à l’agence de presse AP.
En parlant de sentir : deuxièmement, qu’en est-il des passager·ères qui sentent mauvais et qui ont oublié de mettre leur déodorant ou leur brosse à dents dans leur bagage à main ? Qu’en est-il des jeunes qui prennent l’avion juste après avoir fait la fête toute la nuit ? Ou des marcheur·ses assis·es : ces gens qui donnent au mois sept cents coups de pied dans le dossier de mon siège ? Les adultes ne sont pas forcément mieux que les enfants. Et je ne demande pas de zone spéciale pour cela, après tout, il s’agit d’un vol en avion et non d’un séjour bien-être.
Je compare des pommes avec des poires ? Possible. Croyez-moi : je déteste entendre des enfants crier. Même ou surtout si ce sont mes enfants. Mais je suis encore plus énervée par ces personnes qui me font comprendre sans équivoque que mon enfant les dérange. Au lieu de me regarder de travers pendant que j’essaie, stressée, de le calmer avec des jeux ou des livres adaptés, je préfèrerais qu’on fasse preuve d’un peu plus de compassion.
Ravensburger Mon univers de véhicules : à l'aéroport
Allemand, Susanne Gernhäuser, Wolfgang Butcher
D’après Corendon, c’est précisément de ces regards malveillants que la zone Adults-only m’épargnerait : on pense que la nouvelle zone a également un effet positif sur les parents, peut-on lire dans le communiqué de presse. « Iels ont moins à s’inquiéter des éventuelles réactions des autres passager·ères si leur enfant est turbulent ou pleure. » Tout le monde y gagne. Cela dit, je pense que ce n’est pas la meilleure façon d’aborder le problème.
Ce sont des enfants après tout ! Qu’ils crient ou non. Et que vous le vouliez ou non, ils ont aussi leur place dans l’avion. Tout comme dans le train ou au restaurant et tout comme les adultes qui sentent mauvais ou les chiens qui aboient. Au final, nous sommes tous·tes dans le même bateau.
Vous ne pouvez pas choisir votre voisin ou votre voisine de siège. C’était la même chose à l’école. Et c’est bien comme ça. De plus, vous avez aujourd’hui la possibilité de mettre un casque à réduction de bruit. Certes, il vous coûtera une centaine d’euros ou plus, mais vous ne dépenserez qu’une seule fois cet argent ; de l’argent que vous économiserez de toute façon parce que vous n’aurez pas à réserver de place dans la zone sans enfants.
Photo d’en-tête : Shutterstock/MariaprovectorMaman d'Anna et d'Elsa, experte en apéritifs, passionnée de fitness en groupe, aspirante ballerine et amatrice de potins. Souvent multitâche de haut niveau et désireuse de tout avoir, parfois chef en chocolat et héroïne de canapé.