
En coulisse
La DS : la console portable la plus vendue de tous les temps
par Cassie Mammone
Est-ce la fin des consoles abordables chez Nintendo ? La Switch 2 coûte presque aussi cher que la PS5 à son lancement, alors qu’elle partage plus de points communs avec la PS3. Nintendo ne devrait néanmoins pas connaître le même sort que Sony à l’époque.
Le prix de la Switch 2 et de ses jeux est source de controverse dans l’actualité. Si la Switch était jusqu’à aujourd’hui considérée comme la console familiale abordable par excellence, la petite dernière de Nintendo exige au contraire de mettre la main au portefeuille. Cela rappelle des mauvais souvenirs de Sony en 2006.
Pendant une vingtaine d’années, PlayStation a surfé sur une gigantesque vague de triomphe déclenchée par le succès de la PS2. Avec plus de 160 millions d’unités vendues dans le monde, elle est à ce jour la console la plus vendue de tous les temps. Ce pic de gloire a poussé Sony à vendre la PS3 à un prix salé. Les joueurs devaient débourser 499,99 USD pour la version de 20 Go et 599,99 USD pour la version de 60 Go, ce qui correspond aujourd’hui à des prix de 790 et 950 USD. Sony a toutefois surestimé sa propre popularité. Un an plus tard seulement, l’entreprise a baissé ses prix de 100 USD (site en anglais) pour s’aligner sur les prix plus bas de la Xbox 360 et de la Wii.
Avec la Switch 2, Nintendo se trouve actuellement dans une situation similaire. La Switch 1 occupe la troisième place des ventes mondiales avec plus de 150 millions d’unités vendues, juste derrière la Nintendo DS. La console hybride lancée en 2007 représente un succès gigantesque pour l’entreprise japonaise. Si la première Switch a été commercialisée au prix de 299,99 USD, sa remplaçante coûte 449 USD. En tenant compte de l’inflation, cela représente une augmentation de 80 USD.
Si nous basons notre analyse sur les prix des États-Unis, la Switch 2 n’est « que » la troisième console Nintendo la plus chère de tous les temps. Cela s’explique notamment par le fait que les hausses de prix sont rares. Dans les années 80 et 90, la société japonaise de jeux vidéo a longtemps maintenu le même prix de 199 USD. Ce n’est qu’en 2006 que l’entreprise a osé demander 50 USD de plus pour la Wii.
La Switch 2 est donc relativement chère, surtout si on la compare à une PS5 nettement plus puissante, déjà disponible à partir de 400 CHF/€. La Nintendo se démarque en étant portable, quoiqu’elle fait des économies sur les accessoires. Le support inclus permettant de transformer deux Joy-Con en une seule manette n’a toujours pas de fonction de chargement. Un support de recharge adapté est vendu séparément. Par ailleurs, la fonction de chat intégrée activée avec le nouveau bouton C n’est disponible qu’avec l’abonnement Nintendo Online payant. Sans, le bouton ne sert à rien.
Pendant longtemps, les consoles de Nintendo sont sorties bien plus tard en Suisse qu’aux États-Unis et que dans d’autres pays européens. La NES était encore en vente à la Migros quand la Super Nintendo est sortie aux États-Unis. Il n’est donc pas étonnant que la première console Nintendo en Suisse ait été la moins chère de toutes. La plus chère est la Switch 2, suivie de près par la Nintendo 64.
Afin de faciliter la comparaison entre les USA et la Suisse, j’ai converti les prix suisses au cours du dollar de l’époque, puis j’ai utilisé un calculateur d’inflation des États-Unis pour l’équivalence en 2025. Je n’ai pas pris en compte la taxe sur la valeur ajoutée.
L’évolution des prix en Suisse n’est pas comparable à l’identique avec celle des États-Unis. D’une part, le pouvoir d’achat et le renchérissement diffèrent. D’autre part, les prix des NES, SNES, Nintendo 64 et Gamecube sont tirés d’anciennes annonces Migros. Il est possible que d’autres commerçants aient pratiqué des prix différents. Les prix officiels suisses n’ont suivi que bien plus tard. Et ce n’est que depuis la Wii que les consoles sortent plus ou moins en même temps partout dans le monde.
Le directeur général de Nintendo aux États-Unis, Doug Bowser justifie le prix élevé (site en anglais) par l’amélioration du matériel et de l’expérience générale de jeu que la machine est censée offrir par rapport à son aînée. Le prix n’aurait rien à voir avec les nouveaux droits de douane américains.
La principale différence avec Sony, qui a fait un mauvais calcul avec la PlayStation 3, réside dans les jeux. Le nombre de blockbusters exclusifs comme Super Mario, The Legend of Zelda ou Pokémon est imbattable. Mario Kart 8 s’est vendu à lui seul à plus de 67,35 millions d’exemplaires. Il s’agit donc du jeu Switch qui s’est de loin le mieux vendu et du cinquième meilleur jeu vidéo jamais vendu, si l’on tient compte des ventes de la Wii U. Nintendo semble en profiter.
Le prix de ses propres jeux augmente aussi de manière drastique. Pour Mario Kart World, sans doute le plus convoité de tous, Nintendo demande la coquette somme de 70 USD pour la version numérique, et 80 USD pour la version physique. Il faut débourser 80 USD pour la jolie version Switch 2 de The Legend of Zelda : Breath of the Wild, un jeu initialement sorti sur Wii U. Or, l’extension n’est pas incluse à ce prix-là. Le prix standard des jeux AAA est généralement de 60 USD. Toutefois, Xbox et PlayStation sont déjà montés à 70 USD pour certains titres au lancement de leurs dernières consoles respectives. Nintendo a également demandé dix dollars de plus pour The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom.
Le prix du nouveau Donkey Kong Bananza augmente aussi, mais se maintient à dix dollars de moins que Mario Kart World. Doug Bowser appellerait cela une politique de prix flexible. « Chaque jeu est une expérience unique, c’est pourquoi nous ferons varier les prix en conséquence », a déclaré le boss américain de Nintendo dans une interview avec The Verge (site en anglais).
Selon une évaluation de Techblog Arstechnica (site en anglais), les nouveaux prix des jeux sont moins élevés qu’il n’y paraît. Dans les années 90, les prix absolus des jeux ont connu une forte évolution à la hausse. Ce n’est qu’avec l’arrivée des CD-ROM et des jeux numériques que les coûts ont baissé. En tenant compte de l’inflation, toutefois, Centipede pour Atari 2600 coûtait 34,99 USD en 1983. Cela vaudrait aujourd’hui près de 90 USD. L’annonce Migros de 1991 présentée ci-dessus fait la promotion de jeux NES qui coûtaient entre 65 et 115 CHF. Cela correspond aujourd’hui à un montant allant jusqu’à 149 CHF. Depuis la fin des années 90, les prix réels des jeux n’auraient cessé de baisser.
80 USD pour Mario Kart World n’est donc pas exceptionnellement cher, surtout si l’on compare avec les rumeurs de prix de GTA 6. Rockstar demanderait jusqu’à 100 USD pour son prochain hit, prédisent les analystes (site en anglais). Tandis que l’aventure du gangster en monde ouvert pourrait coûter un milliard de dollars US, marketing compris, Nintendo aurait investi une fraction de cela dans Mario Kart World.
Il est possible que Nintendo puisse se permettre ces prix plus élevés grâce à ses jeux uniques. Toutefois, leurs fans ont également montré qu’ils ne se laissaient pas faire. Pour la 3DS, Nintendo a tiré la sonnette d’alarme après moins de quatre mois et a baissé le prix de vente de 250 à 170 USD. Il n’est toutefois pas certain que cela se reproduise avec la Switch 2.
La nouvelle console sort le 5 juin. Dans les mois à venir, nous verrons bien si Nintendo réalise un faux départ ou si Mario et compagnie en ont assez sous le capot.
Nous en parlons dans le dernier épisode du podcast Tech-telmechtel en suisse allemand.
En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.