Kevin Hofer
Test de produit

Les lunettes de réalité augmentée AirVision M1 ne me convainquent pas

La première incursion d’ASUS dans le monde de la réalité augmentée se termine dans les pleurs et la douleur auditive. Les AirVision M1 sont une déception s’il en est.

Je voulais porter les lunettes de réalité augmentée AirVision M1 d’ASUS pour travailler et pour jouer pendant un mois. Je n’ai presque jamais réussi à tenir plus d’une heure d’affilée avec. La faute à une image pas nette et à un maintien déplorable. J’avais pourtant hâte de tester ce produit, euphorique à l’idée d’avoir un écran de 100 pouces sur le nez.

La qualité de la construction laisse à désirer

Dès le déballage, c’est la douche froide. Les AirVision M1 ont un aspect très cheap, en partie à cause des matériaux utilisés. La monture est entièrement en plastique ; ce n’est pas forcément un mauvais point, mais les lunettes d’ASUS paraissent creuses et fines. Alors que les lunettes menacent de m’échapper des mains et que mes ongles effleurent les branches, je constate déjà des rayures.

La qualité du plastique laisse à désirer : à peine sortie de la boîte, la monture présente déjà des rayures.
La qualité du plastique laisse à désirer : à peine sortie de la boîte, la monture présente déjà des rayures.
Source : Kevin Hofer

Des capteurs efficaces et un micro pourri

Au sommet de la monture se trouve un capteur de lumière qui adapte automatiquement la luminosité de l’écran à l’environnement. Cela a toujours bien fonctionné pendant mon test, mais je préfère régler la luminosité moi-même.

Les microphones se situent au même endroit. Ce positionnement est complètement absurde, puisque je ne parle jamais directement dedans. La qualité pêche aussi et se rapproche d’écouteurs intra-auriculaires moyens : ma voix est métallique et hachée à cause de la réduction de bruit intégrée. Ça ne donne pas envie de l’utiliser en dehors de brefs appels téléphoniques.

Le capteur de lumière ambiante et les microphones se trouvent en haut au milieu des lunettes. Le capteur de détection de port se situe sur la face interne.
Le capteur de lumière ambiante et les microphones se trouvent en haut au milieu des lunettes. Le capteur de détection de port se situe sur la face interne.
Source : Kevin Hofer

Un capteur détectant le port des lunettes se situe sur la face interne au-dessus du pont nasal. Les AirVision M1 détectent bien quand je les mets et quand je les enlève. L’écran s’éteint en cas de non-utilisation.

Un gadget inconfortable

ASUS fournit deux tailles de pont nasal pour que chacun trouve celui qui lui convient. Une pression sur les côtés permet de les ajuster en largeur. Comme je porte presque exclusivement des lentilles, les 90 g de ces lunettes me pèsent sur la durée. Les porteurs de lunettes n’y seront sans doute pas aussi sensibles et pourront même garder leurs lunettes en dessous.

Je trouve les AirVision M1 très inconfortables.
Je trouve les AirVision M1 très inconfortables.
Source : Samuel Buchmann

Ce n’est même pas le point le plus négatif en termes de confort. Même si je peux régler les lunettes à l’aide du pont nasal, tant du point de vue matériel que logiciel via l’application AirVision, l’image en bas de l’écran reste inexorablement floue. La faute à l’angle de vue : j’ai l’impression que mes oreilles sont trop haut sur ma tête pour les lunettes. Si je veux une image nette en partie basse, je suis obligé de coincer les branches par-dessus mes oreilles ou bien de poser la branche sur le haut de mes oreilles pour un très bel effet Dumbo.

Soit j’ai des oreilles de Dumbo comme ici, soit les branches des AirVision M1 reposent trop haut sur mes oreilles.
Soit j’ai des oreilles de Dumbo comme ici, soit les branches des AirVision M1 reposent trop haut sur mes oreilles.
Source : Kevin Hofer

Fonctionne correctement uniquement avec Windows, à mon plus grand désespoir

Sous Windows, l’application me permet d’ajuster la taille de la zone d’affichage… mais pas sur mon Steam Deck ni sur mon MacBook, car le logiciel n’y est pas disponible. L’appli permet également de mettre en place des écrans virtuels. La vidéo d’ASUS ci-dessous en fait la présentation :

Je peux continuer à régler l’écart entre les yeux dans l’application. C’est capital, car cela influe en théorie sur la mise au point. Dans la pratique, ça ne fonctionne pas du tout. Que je lise un texte ou que j’écrive, le milieu de l’image est toujours flou. Mes yeux tentent donc de faire la mise au point eux-mêmes et se fatiguent à force au point de larmoyer. Au bout d’une heure d’utilisation, j’ai carrément mal au crâne. Cela se remarque moins quand je joue et que l’image bouge sans arrêt. Mais dans ce cas, le taux de rafraîchissement de max. 72 Hz sous Windows est vraiment trop faible.

Pour jouer, le taux de rafraîchissement de 60 Hz de la Steam Deck est trop faible.
Pour jouer, le taux de rafraîchissement de 60 Hz de la Steam Deck est trop faible.
Source : Samuel Buchmann

C’est dommage, car les micro-OLED des AirVision M1 fournissent sinon une belle image, du moins en termes de couleurs. La résolution de 1920 × 1080 pixels par œil est suffisante. Grâce à la luminosité de 1100 cd/m², je n’ai besoin du pare-soleil fourni à fixation magnétique qu’en cas de rayonnement direct.

Au moins, les couleurs sont vives.
Au moins, les couleurs sont vives.
Source : Kevin Hofer

Haut-parleurs et commande manuelle médiocres

Des haut-parleurs se trouvent des deux côtés des branches, à hauteur des oreilles. Le son est à peu près le même que celui des smartphones des années 2010, c’est-à-dire métallique et sans relief. Je les ai utilisés brièvement avant de passer aux écouteurs intra-auriculaires. En plus, le son des haut-parleurs est parfaitement audible pour les personnes qui m’entourent, alors que je les ai réglés sur un faible volume.

Un bandeau tactile figure sur la branche gauche pour la commande manuelle. Un simple balayage du doigt ajuste ainsi la luminosité. C’est d’ailleurs la seule possibilité de commande si je n’installe pas l’application ou si j’utilise les lunettes avec ma Steam Deck ou mon MacBook. L’application permet d’utiliser d’autres gestes sous Windows. Malheureusement, le bandeau ne réagit pas très bien. Je dois souvent répéter mes gestes deux ou trois fois avant d’obtenir l’effet escompté.

La bande tactile est censée permettre la commande manuelle des lunettes de réalité augmentée, mais ça ne fonctionne pas toujours.
La bande tactile est censée permettre la commande manuelle des lunettes de réalité augmentée, mais ça ne fonctionne pas toujours.
Source : Kevin Hofer

En plus de l’unité de commande, la branche gauche présente aussi un port USB-C à l’arrière pour la connexion à un PC, un notebook, un smartphone ou une console de poche. Le câble m’agace, il me gêne tout le temps quand je travaille ou quand je joue. Je comprends toutefois pourquoi ASUS a opté pour cette solution, une batterie impliquerait une recharge régulière et alourdirait les lunettes.

Bilan

Non, merci

J’aurais aimé dire du bien des AirVision M1, mais les motifs de satisfaction sont quasi inexistants. Saluons simplement le courage d’ASUS de tenter une incursion dans ce marché de niche, la luminosité de l’image et l’éclat des couleurs.

Les points négatifs l’emportent hélas nettement. Ces lunettes de réalité augmentée ont un aspect bon marché, ce qui pose tout de même problème pour un produit affiché à plus de 600 francs suisses ou euros. Le pire réside sans doute dans leur inconfort sidérant et le manque de netteté permanent de l’image. Pour parachever ce tableau désastreux, notons les commandes tactiles peu fiables et la médiocrité des microphones et haut-parleurs. En un mot comme en cent, les AirVision M1 sont tout simplement nulles.

Je ne les recommande à personne, même pas à ceux qui sont conscients de leurs défauts et voudraient essayer quelque chose de nouveau. Investissez plutôt cet argent dans un nouveau moniteur. La révolution de la réalité augmentée attendra.

Pro

  • produit de niche audacieux pour un fabricant renommé
  • image lumineuse aux couleurs attrayantes

Contre

  • finitions bon marché
  • cher
  • inconfortable
  • commande gestuelle peu fiable
  • flou permanent
  • microphones et haut-parleurs moins bons que la moyenne
Photo d’en-tête : Kevin Hofer

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La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.

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