« Loki », épisode 1 : « Un destin exceptionnel »
Loki, roi de Jotunheim, Dieu de la malice, méchant et antihéros, a maintenant reçu sa propre série. La grande première : tout simplement grandiose.
Avant toute chose, je vais parler du dernier épisode. Il y aura donc des spoilers ! Avant de continuer, regardez d'abord le premier épisode de Loki.
Hall H, San Diego, 2013. L'International Comic Con, ou SDCC, bat son plein. Kevin Feige, cerveau derrière l'univers cinématographique Marvel, parle au public. Il parle du film Avengers. La foule écoute. Soudain, les lumières s'éteignent. Est-ce une panne de courant ? On ne sait pas. Un sentiment de malaise se répand. Puis, une voix grave retentit des haut-parleurs.
« Terriens. Oh, comme vous êtes tombés bas. »
Une lumière éblouissante se dégage sur scène. Là, un humain ! Non, un dieu : Loki. Un tonnerre d'applaudissements, le public est déchaîné. Un chouchou des fans est né. Peut-être même l'idée d'une série à part entière.
Néanmoins, il a fallu un certain temps avant qu'il ne commence sa propre série. Loki. Sept ans, pour être exact. Depuis, Hiddleston a fait quatre autres apparitions dans l'univers cinématographique de Marvel. Plus récemment dans Avengers : Endgame. Là, les Avengers ont voyagé en 2012 pour récupérer le Tesseract, une pierre d'Infinité. Il est alors accidentellement tombé dans les mains de Loki, qui s'est téléporté avec ce dernier dans un autre flux temporel.
C'est là que la série commence.
Performance : Time Variance Authority
Un coup de poing dans le visage ; voilà à quoi ressemble la première rencontre de Loki avec la Time Variance Authority. Plus précisément, avec l'une de leurs matraques, en effectuant les effets physiques dudit coup sur le visage dudit dieu à un seizième de la vitesse normale, mais avec la douleur ressentie en temps réel.
Minute...
La Time Variance Authority ou TVA. Dans Marvel Comics, elle est une force cosmique qui supervise le flux naturel du temps et de la réalité, ou plutôt des réalités, sous la forme d'une agence bureaucratique infinie. Après tout, il y a plusieurs réalités ou univers parallèles qui cohabitent tranquillement dans l'univers Marvel.
La réalité dans laquelle se déroulent la plupart des événements de la bande dessinée est la 616e. C'est pourquoi elle est appelée « Terre-616 ». Tant que les réalités n'interfèrent pas les unes avec les autres, tout va bien. Ce n'est que lorsque des interférences se produisent – même si ce n'est que la variante Loki de Terre-616 qui voyage dans une autre réalité sans autorisation – que la cohérence et la stabilité de toutes les réalités sont menacées, et avec elles le Multivers lui-même.
Ce n'est pas bien du tout. Bien sûr !
La TVA existe pour empêcher de telles violations. On ne sait pas vraiment qui l'a créé à l'origine. Mais les employés de TVA sont plus ou moins tous des bureaucrates sans visage, spécialement formés, nés et élevés pour travailler pour TVA. En conséquence, tous ont un contrat d'emploi à vie. Quand on parle de bureaucratie...
La version MCU de la TVA n'est pas moins bureaucratique. Loki doit s'occuper de beaucoup de paperasse dans un bureau des années 1970, signer des documents, une page pour tout ce qu'il a dit dans sa vie, ce qui n'est pas rien, et prendre des tickets. Génialissime.
Puis – chose que je trouve superbe– un dessin animé nostalgique et démodé explique tout à coup le concept du Multivers du MCU.
Encore une fois : le Multivers, dans le MCU. Enfin.
Récapitulons. Il y a très très longtemps, des myriades de flux temporels se sont battues pour dominer une guerre multiverselle qui menaçait le tissu entier de la réalité, de l'espace et du temps. Puis sont apparus les Gardiens du Temps, des êtres omnipotents et omniscients. Ensemble, ils ont restructuré le Multivers en une seule ligne de temps - l'« Éternel Flux Temporel ».
Le Multivers n'existait plus.
Pour protéger l'Éternel Flux Temporel et son déroulement établi par les Gardiens du Temps, ils ont créé la TVA et tout son personnel. Parce que de temps en temps, des individus, comme Loki, provoquent de nouveaux flux temporels alternatifs : les variants. La TVA est là pour attraper les auteurs de ces violations et d'annuler les variants qui en résultent. Pour que tout suive à nouveau l'Éternel Flux Temporel.
Selon la TVA, si les violations du Nexus ne sont pas corrigées, il y aura tôt ou tard un chaos temporel qui pourrait provoquer la prochaine guerre multiverselle destructrice.
Nexus. Ça me dit quelque chose... je vais y venir.
L'histoire des Gardiens du Temps
Les Gardiens du Temps existent aussi dans les comics. Ils ont été créés par « Celui-Qui-Reste ». Dans un futur lointain, Celui-Qui-Reste est le dernier directeur vivant de la TVA à assister à la fin de l'ensemble du tissu spatio-temporel ; la mort du Multivers.
Pour le prochain cycle multiversel, il crée les Perturbateurs du Temps, trois êtres issus de trois couveuses, qui doivent survivre à la fin et créer un avenir meilleur grâce aux connaissances du passé.
Le plan échoue. Au lieu de passer à la réalité suivante, les Perturbateurs du Temps voyagent dans le passé du Multivers encore existant. Remontant le temps, ils apparaissent tous les 3000 ans et détruisent la terre. Mais juste avant d'arriver au 20e siècle, Thor les affronte.
Lorsque Thor réalise qu'il ne peut rien faire contre les Perturbateurs du Temps, il voyage lui-même à la Fin du Temps. Il y rencontre Celui-Qui-Reste – les Perturbateurs du Temps sont encore dans leurs couveuses – et le convainc de la nature destructrice des Perturbateurs. Celui-Qui-Reste arrête alors les couveuses et empêche la création des Perturbateurs du Temps, mais ce faisant, il crée deux flux temporels.
Un flux dans lequel les Perturbateurs existent, et un flux dans lequel ils n'existent pas.
Pour protéger les deux flux temporels, Celui-Qui-Reste crée de nouvelles versions améliorées des Perturbateurs : les Gardiens du Temps. Dès lors, les Perturbateurs et les Gardiens du Temps se livrent une guerre éternelle.
À partir de là, les deux divergences de la réalité ont alternativement pris le pas l'une sur l'autre depuis cet événement. Les choses deviennent passionnantes lorsque les Perturbateurs s'allient à Immortus pour tuer Wanda Maximoff, Scarlet Witch.
Wanda.
Dans les bandes dessinées, elle est ce que l'on appelle un être Nexus, généralement appelé Nexus tout court. Ce sont des êtres rares qui peuvent modifier la réalité et donc le cours du temps. En plus, les comics nous apprennent que les Nexi sont les pierres angulaires du Multivers, apportant cohérence et stabilité. Selon les lois de la physique, il ne peut jamais y avoir plus d'un Nexus à la fois par réalité dans le Multivers. Les lois de la physique des comics, cela va sans dire.
Pas étonnant que les Perturbateurs craignent les Nexi. Mais Immortus résiste aux Perturbateurs. Lorsque ces derniers sont finalement vaincus, il entreprend devenir le maître du Multivers. Il est ensuite vaincu par les forces combinées des Gardiens, que nous avions déjà vus, et de la TVA. Dans le vide de pouvoir qui en résulte, les Perturbateurs du Temps reviennent une dernière fois avant que les Gardiens du Temps ne les détruisent une fois pour toutes.
Donc, maintenant je me demande si une telle infraction de Nexus dans le MCU a quelque chose à voir avec les êtres Nexus dans les comics. Dans l'épisode 7 de WandaVision, il y avait une publicité pour les capsules Nexus. Qui sait si ce n'était pas un indice que ce qui se passe dans WandaVision est justement une telle violation du Nexus qui a perturbé le véritable écoulement du temps.
Après tout, il s'agit de la prophétie de la Scarlet Witch, qui revient pour détruire le monde.
L'interrogatoire de l'agent Mobius
Revenons à Loki. Mis devant un tribunal de la TVA, il a le choix : être détruit ou faire équipe avec l'agent Mobius de la TVA – parfaitement interprété par le nouveau venu du MCU Owen Wilson – pour traquer une autre variante volatile de Loki qui tue d'autres agents de la TVA dans l'Éternel Flux Temporel.
Bien sûr, Loki choisit l'option qui ne le tue pas.
L'agent Mobius apparaît, bien entendu, aussi dans les comics. Pour la première fois en 1991 dans l'édition 353 du premier volume des Quatre Fantastiques. Il y est d'abord membre de l'équipe de gestion junior de la Time Variance Authority, avant d'être promu cadre supérieur grâce à son travail méticuleux et l'attention qu'il porte aux détails.
Dans le comic Fantastic Four, il traque les héros qui commettent des effractions temporelles. Quand les Quatre Fantastiques s'échappent sous sa surveillance, on le menace de le réaffecter. Plus tard, avec l'aide des Quatre Fantastiques, il pourra faire ses preuves, et sera même promu.
Dans Loki, l'agent Mobius est rusé et vif d'esprit. Plus important encore, il surveille les individus potentiellement dangereux qui pourraient devenir des variants.
« Comme moi », ajoute Loki.
« Non, des variants vraiment dangereux. Vous n'êtes qu'un chaton », dit Mobius, nous montrant ainsi la force des menaces auxquelles nous pourrions être confrontés dans Loki.
Mobius n'a pris conscience de l'existence de Loki que parce qu'en 1549, en France, une fillette effrayée l'a porté à son attention. Dans une église, l'une des six scènes de crime connues où le variant fugitif s'est déchaîné, la jeune fille montre à Mobius le vitrail du diable.
Attention, le voilà ! Méphisto. BAM !
Muahaha ; la théorie sauvage de Luca
Méphisto. Voilà, je vous l'ai dit. Je ne peux pas m'en empêcher. Pas depuis mes critiques d'épisodes de WandaVision. J'ai toujours prophétisé Mephisto ; presque chaque semaine. Mais rien n'y a fait. Méphisto n'est jamais venu. Et ne le fera probablement jamais.
À moins que...
Ok, revenons au début. Dans les bandes dessinées Marvel, Méphisto est l'un des êtres immortels démoniaques les plus dangereux qui soient. Peut-être même le diable en personne. Après tout, il règne sur une dimension que certains appelleraient l'enfer biblique. Enfin, Méphisto est un excellent menteur, négociant constamment pour des âmes et assez puissant pour façonner le passé et le présent à sa guise.
Est-ce que ça ne ressemble pas étrangement à Loki ?
Bon, Loki n'est peut-être pas capable d'inverser le cours du temps. Du moins pas encore. Mais qui sait ? Loki échappe à l'interrogatoire de Mobius. Lors de son évasion, il tombe sur un tiroir rempli de pierres d'Infinité dans une pièce quelconque. J'aime comment Loki a une sorte de mini-crise existentielle dans cette scène : s'ils utilisent des pierres d'Infinité de flux temporels réinitialisés comme presse-papiers, quelle est la puissance réelle de la TVA ?
Soumis, Loki retourne à la supervision de Mobius. Il finit par lui dire qui est le variant fugitif : Loki lui-même.
Mais ce n'est pas le Loki qui est entrain d'être interrogé. C'est un Loki d'un autre flux temporel. Ma théorie est la suivante : le MCU est connu pour s'inspirer des comics, mais sans les suivre à la lettre. Par conséquent, la nouvelle variante de Loki pourrait être la version MCU de Méphisto.
Non, mais franchement, avez-vous vu ces runes rouge sang sur la pelle dans la dernière scène ? Et comment le méchant Loki utilise le feu pour tuer les agents ? C'est un peu satanique, tout ça... Il s'agit peut-être d'un Loki qui a acquis des pouvoirs et des capacités similaires à ceux de Méphisto dans les comics. Voilà : le Méphisto du MCU !
Et, cela pourrait expliquer pourquoi Mobius parle d'un variant « très dangereux » qui n'est pas le Loki assis en face de lui. Sinon, pourquoi Mobius voudrait-il en savoir plus sur la vraie nature de Loki, sur ce qui le motive ? Souhaite-t-il simplement régner ? Regarder les autres souffrir ? Loki lui-même conclut que la peur et la souffrance font partie de l'illusion qu'il utilise pour se placer, lui et ses insécurités, au-dessus des autres.
Un homme sage.
Mais, j'ai encore une autre théorie. Une qui fait le lien avec le final de la série WandaVision. Je réserverai ces éléments pour la prochaine critique d'épisode. Qui sait, peut-être pouvez-vous les deviner ? Écrivez-les dans les commentaires.
Petit conseil : ça a un rapport avec le Darkhold.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»