J’ai testé le Lumix S5II, enfin un Panasonic avec un autofocus de qualité !
Grâce à son nouvel autofocus à détection de phase, le Lumic S5II est une réelle alternative aux modèles de Sony, Canon et Nikon. Le calibrage de la netteté n’est peut-être pas aussi élaboré que celle des concurrents, mais l’appareil photo a d’autres qualités pour compenser.
Les appareils photo de Panasonic étaient des produits de niche jusqu’à présent. Ils ont toujours reçu une bonne note dans les comptes-rendus de tests. Et pourtant, ils ne réussissaient jamais à se mesurer à la Sainte Trinité des fabricants d’appareils photo plein format : les modèles de Sony, Canon et Nikon n’ont presque aucun défaut, alors que les Panasonic étaient désavantagés par leur autofocus. La venue du Lumix S5II change la donne. Cet appareil mérite enfin une sincère recommandation. Il est particulièrement performant en matière de vidéos, son prix est correct, et il a davantage de fonctionnalités professionnelles que ses concurrents.
Un design et des spécifications réellement améliorés
Le S5II a presque la même apparence que son prédécesseur. La forme du boîtier en magnésium n’a pas changé. Je le trouve un peu trop anguleux ; les modèles actuels de Sony, et surtout ceux de Canon, tiennent mieux en main. Sa taille et son poids le classent parmi les autres modèles plein format compacts. Ses finitions sont de grande qualité. Panasonic le décrit comme un appareil photo « résistant à la poussière et aux éclaboussures ». Il a résisté à une chute dans de la neige fraîche, qui a ensuite fondu dessus. J’ai eu un peu peur à cause des nouvelles fentes de ventilation à droite et à gauche du viseur, mais je ne sais pas si l’eau aurait pu filtrer et couler sur les composants électroniques.
L’intérieur de l’appareil est toujours doté d’un capteur CMOS rétroéclairé d’une résolution de 24,2 mégapixels, stabilisé sur cinq axes. Par contre, il possède un nouveau système d’autofocus. En effet, Panasonic a enfin opté pour une association d’autofocus à détection de contraste et à corrélation de phase. La vitesse de prise de vue en rafale a augmenté. Elle se situe maintenant à 30 fps avec l’obturateur électronique, et 9 fps avec l’obturateur mécanique.
Panasonic a également amélioré les connecteurs. Le S5 MKII détient à présent une sortie HDMI parfaite au lieu de la mini HDMI sujette aux bugs de son prédécesseur. Les vidéographes apprécieront les écrans externes. Le nouveau Panasonic les intéressera, car il filme à une résolution allant jusqu’à 6K, à 30 fps, ce qui augmente le débit de données. Heureusement, les deux fentes pour carte SD prennent en charge le standard UHS-II. Les protections des connecteurs sont légèrement plus petites et encombrent moins l’écran lorsqu’il est ouvert.
Voici un aperçu des spécifications principales :
Panasonic S5II | Canon R6 MK II | Sony A7 IV | |
---|---|---|---|
Résolution | 24 mégapixels | 24 mégapixels | 33 mégapixels |
Type de capteur | Back-side illuminated | Front-side illuminated | Back-side illuminated |
Prise de vue en série | 30 FPS (électr.)
9 FPS (méch.) | 40 FPS (électr.)
12 FPS (méch.) | 10 FPS |
Stabilisation | Jusqu'à 6,5 niveaux | Jusqu'à 8 niveaux | Jusqu'à 5,5 niveaux |
Synchro. flash | 1/250 s (méch.) | 1/200 s (méch.)
1/250 s (électr.) | 1/250 s (méch.) |
Viseur électrique | 3,68 MP
0,78x | 3,68 MP
0,76x | 3,69 MP
0,78x |
Écran arrière | 1,85 MP | 1,62 MP | 1,04 MP |
Vidéo | 6K 30p (1,0x)
4K 30p (1,0x) 4K 60p (1,54x) | 4K 30p (1,0x)
4K 60p (1,0x) | 4K 30p (1,0x)
4K 60p (1,5x) |
Dimensions | 134 x 102 x 90 mm
740 g | 138 × 98 × 88 mm
670 g | 131 × 96 × 80 mm
659 g |
Mémoire | Dual SD (UHS-II) | Dual SD (UHS-II) | 1 × CFe / UHS-II SD
1 × UHS-II SD |
Un appareil logique et intuitif
Le S5II est très facile à manier, j’adore ! J’ai rarement eu des Panasonic entre les mains, pourtant je m’en sors bien avec le nouveau Lumix. Les menus sont simples, logiques et bien décrits. Après une courte période d’adaptation, j’ai trouvé tous les paramètres. Les fonctions essentielles se règlent à l’aide de boutons séparés. Le bouton Q à l’arrière me donne un accès direct aux principaux réglages de l’écran.
Panasonic a agrandi le joystick du champ focal. Je peux le bouger dans huit directions avec mon pouce, au lieu des quatre directions de son prédécesseur. J’apprécie tout particulièrement cette amélioration, car c’est l’un des aspects les plus importants pour moi. La molette en haut à gauche me permet de passer de la prise de vue individuelle à la prise de vue en rafale. Sur le nouveau modèle, elle sert aussi à passer directement au mode haute résolution. Le bouton rouge d’enregistrement des vidéos se trouve aussi en haut de l’appareil, ce qui est pratique quand je veux me filmer moi-même. Seul le bouton AF-ON pourrait être mieux placé. Il se trouve exactement là où je place mon pouce en position de repos, et il est glissant, mais c’est le seul bémol.
L’écran et le viseur ont été améliorés
Je suis un peu déçu du viseur électronique. Avec ses 3,68 millions de points d’image et son agrandissement x 0,78, il est certes meilleur que le S5, mais je ne le trouve pas particulièrement net ni précis. J’ai l’habitude des images réalistes du Sony A1, dont le viseur possède 9,44 millions de points d’image. Je sais bien que ce n’est pas comparable, puisque le S5II appartient à une catégorie de prix différente, mais les viseurs d’autres fabricants le surpassent aussi. Par exemple, je peux mieux juger de la netteté et de l’éclairage des photos prises avec le Canon EOS R6 Mark II.
Le viseur du S5II gâche un peu le plaisir de photographier, même si ça n’a pas d’impact direct sur la qualité des images. Pourtant, Panasonic aurait de quoi améliorer la situation, puisque son premier modèle, le S1, sorti en 2019, avait un viseur OLED de 5,76 millions de points d’image. Évidemment, un écran de ce type aurait augmenté le prix du S5II, mais ça en aurait valu la peine. Malheureusement, le viseur est un inconvénient sur cet appareil photo pourtant très équilibré.
Si vous utilisez le Panasonic surtout pour filmer des vidéos, cet aspect vous dérangera moins. L’écran arrière est performant : 1,85 million de points d’image sur un « flippy screen » (un écran rabattable et pivotable) de 3 pouces.
L’autofocus, enfin un système hybride
L’évolution de Panasonic en ce qui concerne l’autofocus me réjouit beaucoup. Le Lumix S5 MKII est le premier appareil photo de ma marque à posséder un système hybride qui associe autofocus à détection de contraste et à corrélation de phase. Alors que c’est depuis longtemps la norme chez tous les autres fabricants, Panasonic s’était entêté jusqu’à présent à employer une technologie DFD (« depth from defocus ») basée uniquement sur la détection de contraste. Dans la majorité des cas, ça ne posait pas de problème pour prendre des photos, mais cette technologie n’était pas du tout assez constante et fiable pour enregistrer des vidéos. Et les vidéastes le savent : inutile de filmer quoi que ce soit sans un système d’autofocus fiable. Pendant que les utilisateurs de Panasonic se débattaient avec les limitations de la technologie DFD, les systèmes de Sony, Canon et Nikon, déjà supérieurs, n’ont cessé de s’améliorer. Ils peuvent maintenant suivre les yeux, les visages, les animaux ou des objets sélectionnés, et ce presque sans erreur.
Panasonic rattrape-t-il enfin ses concurrents avec son Lumix S5II ? Pas tout à fait, mais presque, et il dépasse peut-être même Nikon. Pendant mon test, l’appareil photo a enregistré mon visage sans problème, et il a maintenu la netteté alors que je bougeais. Par contre, lorsque j’apparais sur l’image, il lui faut un certain temps avant de me trouver. Quand je recule, le focus met parfois deux secondes avant de me situer à l’arrière-plan. Et quand j’ai tourné le dos à l’appareil photo et que je me suis éloigné, il a même été dépassé. Mon Sony A1 est plus rapide, plus fiable, et surtout plus fluide. Le Panasonic change de profondeur de champ assez brusquement. Voici une petite comparaison :
La comparaison s’applique aussi aux autres appareils photo de Sony, dont l’autofocus est tout aussi parfait. Ils possèdent aussi un excellent suivi d’objets sélectionnables, ce qui fait défaut au Panasonic. Et le système du nouveau Canon EOS R6 Mark II semble davantage travaillé. En revanche, le S5II est bien meilleur que son prédécesseur le S5, qui n’arrive pas du tout à suivre les personnes en mouvement. La comparaison directe montre l’immense progrès accompli :
Panasonic est connu pour les mises à jour exhaustives de son firmware. L’appareil de test ne possède pas encore la version finale. J’espère donc que des fonctions comme la saisie et le suivi des motifs par le software continueront à être améliorés. Mais je le répète, l’autofocus de Lumix S5II est déjà fait un énorme bond en avant par rapport au modèle précédent. Le système hybride n’est pas tout à fait aussi infaillible que celui du Sony, mais ce n'est pas la fin du monde si vous souhaitez enregistrer des vidéos. Dans la plupart des situations, je me fierais suffisamment à l’autofocus pour le laisser faire la netteté.
La qualité d’image : une bonne plage dynamique et un mode haute résolution
Au moment de mon test, je ne peux malheureusement pas encore ouvrir les fichiers RAW du nouveau Panasonic. Ils ne seront pris en charge par Lightroom ou le convertisseur de Panasonic qu’après la sortie du S5II. Je base donc mon évaluation directe de la qualité d’image sur des fichiers JPG. Ce n'est pas dramatique, car le S5II semble prendre les mêmes images que son prédécesseur. Cela signifie que d’après le tableau comparatif de DPReview (en anglais), la plage dynamique est au moins aussi bonne que celle des modèles des concurrents actuels Sony Alpha 7 IV, Canon EOS R6 Mark II et Nikon Z6 II, voire meilleure.
Le comportement au bruit et la résolution des détails sont aussi de haut niveau. À vous de décider si 24 mégapixels vous suffisent. Je préfère les résolutions plus élevées, même si elles produisent de plus grandes quantités de données. Cela dit, le S5II a probablement le bon équilibre entre le degré de détail et la taille des fichiers pour de nombreux photographes.
Le Panasonic a aussi une astuce pour augmenter la résolution : son mode haute résolution prend quatre images différentes avec un capteur légèrement décalé. L’appareil les combine directement pour créer une seule image à une résolution de 96 mégapixels, au format JPG ou RAW. Cette finition interne simplifie le flux de travail, ce que je trouve vraiment bien. Les images sont nettement plus détaillées que celles prises à une résolution standard. Cela dit, ce mode nécessite un trépied. Il ne sert donc qu’à la photographie de paysages ou de bâtiments.
La vidéo, une excellente qualité et des fonctionnalités professionnelles
En ce qui concerne la prise de vidéos, le Panasonic Lumix S5II appartient à une catégorie supérieure, malgré ce qu’on pourrait penser, vu son prix. Il filme en 6K, jusqu’à 30 images par seconde (FPS) et à 10 bits 4:2:0. À une résolution 4K, il fournit jusqu’à 60 fps et 10 bits 4:2:2. À plus de 30 fps, l’image est toutefois réduite à un facteur de 1,56, c’est-à-dire à la taille APS-C. Le nouveau Canon EOS R6 Mark II est plus performant de ce point de vue là, car il emploie un capteur plein format à 60 fps, et le suréchantillonnage. Outre le format classique 16:9, le S5II filme aussi au format 17:9. La limite d’enregistrement de 30 minutes par vidéo du S5 ne s’applique pas au S5II, et il n’est pas non plus censé surchauffer.
Mon test le confirme, la qualité des vidéos filmées avec le S5II est excellente. Le profil de couleurs V-Log/V-Gamut a une plage dynamique élevée qui semble meilleure que celle du Canon R6 MK II. Panasonic parle d’étapes « 14+ », ce qui correspond à peu près à celles du Sony A7 IV. Malheureusement, je ne peux pas vérifier cette information. Durant mon test, je filme à contre-jour, et je corrige cela dans DaVinci Resolve. Alors que le ciel est complètement surexposé avec le profil standard dans les vidéos ci-dessous, que j’ai filmées pour tester l’autofocus, ça ne se produit pas avec le V-log. Malgré le degré de contraste extrêmement élevé, aussi bien dans les zones claires que dans les zones obscures, les détails sont maintenus. On remarque tout de même quelques parasites lorsque les ombres sont éclaircies. Les couleurs du profil V-Log du Panasonic me plaisent. Les couleurs de la peau ont déjà l'air très naturelles après une transformation ordinaire de l’espace colorimétrique.
Les images restent nettes à 24, 25 ou 30 fps. Les prises de vue à une résolution 4K sont comparables à celles d’autres appareils photo plein format, bien que celles du Canon R6 MK II soient légèrement meilleures. Ce n’est plus le cas lorsque j’augmente la résolution du Panasonic à 6K, puis que je la ramène ensuite à 4K au montage. La qualité augmente alors nettement. Seule la résolution 8K mise à l’échelle du Sony A1 la surpasse. Aux taux de rafraîchissement supérieurs, c’est le Canon qui remporte bien entendu la bataille, grâce à son suréchantillonnage. Notons que toutes ces différences sont minuscules dans la pratique ; elles ne deviennent visibles que si vous zoomez sur les vidéos au montage.
Le Lumix montre quelques faiblesses à des valeurs ISO élevées. En effet, le S5 MII, comme son prédécesseur, possède deux valeurs ISO natives, 100 et 640 au profil de couleurs normal, et 640 et 4000 au profil V-Log. Le comportement au bruit est comparable à celui des appareils concurrents. Le rolling shutter est relativement maîtrisé, mais pas aussi performant que celui du Canon R6 MK II (la nouvelle référence dans cette catégorie de prix).
Mentionnons également la multitude de fonctionnalités professionnelles du S5 MKII. Le réglage direct de l’angle de l’obturateur, les diagrammes de waveform et de vectoscope, ainsi que la prise en charge des lentilles anamorphiques le distinguent des autres modèles de sa catégorie de prix. On peut aussi charger des LUTs customisées.
Bilan : je ne peux que recommander cet appareil photo
Le Lumix S5II est une vraie alternative aux modèles hybrides usuels comme le Canon EOS R6 Mark II et le Sony Alpha 7 IV. Sa qualité d’image est de même niveau, et sa plage dynamique surpasse même de peu la concurrence. Ces fonctionnalités telles que le mode haute résolution et son maniement intuitif sont réussis. Par contre, je trouve que son viseur électronique et son boîtier anguleux laissent un peu à désirer. La gamme d’objectifs de Panasonic n’est pas encore très grande. En revanche, la qualité est au rendez-vous. Par ailleurs, le L-Mount est ouvert aux lentilles d’autres fabricants.
Je trouve que le S5II se démarque vraiment en ce qui concerne l’enregistrement de vidéos. À des taux de rafraîchissement allant jusqu’à 30 fps, il surpasse le niveau auquel je m'attendais dans cette gamme de prix. La résolution 6K mise à l’échelle au montage dépasse aussi la 4K suréchantillonnée du Canon 6D MK II. Le Canon est à privilégier seulement si vous préférez filmer en 48 à 60 fps. À ces valeurs, le Panasonic passe au format APS-C en mode crop. En revanche, c’est le seul appareil de sa catégorie qui propose des outils professionnels tels qu’un affichage de la waveform ou une prise en charge native des lentilles anamorphiques. Le profil V-Log du Panasonic est aussi très agréable à graduer.
Et Dieu soit loué, son autofocus est enfin performant : son nouveau système hybride n’est pas dépassé par les visages en mouvement et maintient bien la netteté sur les vidéos. L’autofocus des appareils photo de Sony est toujours plus fiable, plus rapide et plus fluide, c’est clair, et le S5II n’a pas de fonction de suivi des objets génériques, mais j’ai bon espoir que Panasonic continuera d’améliorer son autofocus avec de nouveaux firmwares. Après tout, la marque est connue pour les mises à jour exhaustives de ses appareils photo actuels. Et l’autofocus est déjà suffisant performant pour ne pas gâcher tout le reste.
Au final, je place donc le Panasonic Lumix S5II au même niveau que ses concurrents. Vous seuls pourrez juger du modèle qui vous conviendra. Vous souhaitez avoir le meilleur autofocus qui soit et une grande résolution sur vos photographies ? Optez pour le Sony A7 IV. Vous souhaitez une ergonomie exceptionnelle et aucun crop sur vos vidéos à 60 fps ? Optez pour le Canon EOS R6 Mark II. Le Lumix S5II, quant à lui, possède la meilleure plage dynamique et filme les vidéos les plus nettes jusqu’à 30 fps, à un prix raisonnable.
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