En coulisse

Ma méthode expérimentale pour tester des casques de manière fiable

David Lee
25/7/2022

Comment évaluer précisément le son d’un casque ? Mon idée : enregistrer les sons transmis au lieu de produire de vagues descriptions du style « ce casque produit de bonnes basses ».

Jusqu’à présent, mes tests étaient toujours subjectifs, et les résultats individuels. En effet, si je trouve un casque confortable, ça ne veut pas dire que d’autres seront du même avis. Et c’est encore pire quand il s’agit d’évaluer le son : impossible de décrire ses caractéristiques pour que l’on comprenne exactement ce que je veux dire. Lorsque j’écris qu’il y a trop de basses, ça ne veut pas dire grand-chose... Sans compter que vous ne pouvez pas vérifier par vous-mêmes ; vous devez me faire confiance.

J’essaie depuis longtemps de trouver une solution. Nous ne sommes pas équipés pour prendre des mesures de laboratoire, et nous n’avons pas non plus l’expertise nécessaire. En plus, les mesures faites en laboratoire ne s’appliquent pas vraiment au quotidien des consommateurs. Dans ce cas, mieux vaut encore avoir un résultat subjectif qui se base sur des expériences réelles.

La solution : un microphone binaural ?

Il y a quelques semaines, je suis tombé sur le casque 3Dio FS II Pro (en anglais). Il s'agit d’un microphone binaural professionnel, sur lequel on place les casques. Les deux oreilles sont équipées de microphones qui enregistrent le son de la manière dont l’oreille humaine l’entend, enfin à peu près.

Bien sûr, nous n’entendons pas le son enregistré exactement comme s’il sortait du casque. La restitution est influencée par notre propre casque ou notre enceinte. Mais cela ne nous empêche pas de comparer plusieurs modèles de casques. La vidéo suivante vous montre comment ça se passe : peu importe le casque utilisé, vous entendez que les Apple Airpods Max ont un son différent du Sony XM5.

Commençons par tester ce principe

Le 3Dio FS II Pro coûte 2000 dollars, sans compter les 70 dollars de frais d’expédition. Le microphone binaural Neumann KU-100 (en allemand) est encore plus cher, puisqu’il coûte environ 8000 francs, dollars ou euros. 3Dio propose aussi un modèle moins cher, mais il n’enregistre pas les sons inférieurs à 60 hertz, ce qui n’a pas de sens si on veut tester des casques d’écoute.

Ces prix me semblent très élevés alors que je ne suis pas sûr que ces appareils rempliront leur fonction. Je veux d’abord tester le procédé par des moyens plus simples. Il y a quelque temps, mon collègue Thomas Kurz a fabriqué son propre microphone binaural pour mieux enregistrer les ambiances sonores et nous ravir avec de l’ASMR bien kitsch. Je l’utilise lors de ma première tentative.

Je le monte sur un appareil photo et je le branche sur l’entrée du microphone. L’appareil photo me sert de support. J’enregistre le son directement sur l’ordinateur pour avoir une bonne interface audio.

Je commence par poser mon Sennheiser Momentum 2 sur le microphone.

Les oreillettes ne sont pas posées sur une surface plate, elles pendent à l’air libre. Ce n’est pas idéal, car elles ont une grande influence sur le son. Je passe tout de même quelques morceaux dans le casque pour les tester, et j’enregistre le son avec l’appareil photo. Je répète le processus avec deux autres casques que j’ai sous la main, le Sennheiser HD449 et le Skullcandy Crusher ANC. Ce ne sont pas les modèles les plus intéressants, mais ils ont des sons très différents, ce qui est parfait pour mon test.

Une agréable surprise

Je ne m’attendais pas à grand-chose, et j’ai été agréablement surpris : j’entends une nette différence entre les trois casques. Les caractéristiques restent les mêmes sur plusieurs enregistrements, ce qui montre les propriétés acoustiques réelles. Le son du HD449 va beaucoup dans les médiums ; il est presque un peu creux et plus ouvert que celui des deux autres modèles. Le Skullcandy Crusher met surtout en avant les aigus, lorsque l’étrange vibration des basses (en allemand) est désactivée. Le Sennheiser Momentum 2, quant à lui, possède un son intense et équilibré.

Faites-vous une idée :

J’ai intégré les données audio originales dans une deuxième version de mon test, mais le son est si différent que ça me déconcentre et m’empêche de déceler les différences entre les enregistrements des casques.

Des améliorations sont nécessaires

Si je voulais faire de vrais tests, je devrais optimiser ma méthode, à commencer par le choix des morceaux à tester. En effet, je ne peux utiliser que des enregistrements libres de droits, sinon YouTube retire mes vidéos. J’ai choisi un enregistrement que j’ai fait moi-même, ce qui n’est évidemment pas optimal. Je m’excuse d’avance de la mauvaise production et des erreurs de timing !

Si je voulais que mon test soit plus fiable, je devrais poser les casques sur une surface, de manière à ce que les côtés soient fermés.

Le problème, c'est qu’on n’entend jamais l'enregistrement comme l’original, et certainement pas quand on l’écoute sur les casques testés. Bien au contraire, ça accentue les particularités des casques, et l'enregistrement sonne extrêmement mal équilibré. Par exemple, le son du Skullcandy Crusher a beaucoup trop d’aigus sur le Skullcandy Crusher, et pas du tout assez de médiums. Le son du HD449 est acceptable, mais il a beaucoup trop de médiums sur le HD449. En d’autres termes, lorsqu’un son est mauvais, le casque n’est pas forcément en cause. Il s’agit probablement plutôt d’une mauvaise combinaison d’appareil de test et d’appareil de reproduction.

Si je créais une représentation graphique du spectre sonore, mon test serait sans doute plus objectif. Elle serait toujours la même, peu importe l’enceinte. Malheureusement, je n'en suis pas encore là.

Tester des écouteurs intra-auriculaires serait encore plus ardu. Les microphones de l'appareil de Tom sont placés dans les oreillettes, à peu près à l’endroit d’un écouteur intra-auriculaire. Je devrais donc fabriquer un conduit auditif artificiel derrière les oreillettes pour y placer le microphone. Ça me paraît compliqué.

Mon bilan

Présenter l'enregistrement d’un casque individuel me semble futile. Le son ne reflètera pas ce que vous entendez sur votre appareil de lecture. Cette méthode a tout de même du potentiel lorsqu’on souhaite comparer directement plusieurs casques, et surtout si on crée une représentation graphique de cette comparaison. On entend que le son d’un casque est plus plat que celui des autres, peu importe l’appareil de reproduction utilisé.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Vaut-il la peine de poursuivre sur cette voie et d’investir davantage dans un microphone binaural ?

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Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense. 

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