Test de produit
Les nouveaux MacBook Pro : superflus pour la plupart d’entre nous
par Samuel Buchmann
Apple a doté le MacBook Pro de nouvelles puces, l’a enveloppé d’une superbe robe noire et, chose incongrue pour la marque, passe sous silence une grande avancée technique.
La M3 Pro et la M3 Max constituent d’excellentes mises à niveau pour le MacBook Pro. En fonction de la configuration choisie, elles transforment l’ordinateur portable en un bijou d’autonomie ou une fusée. L’un des plus gros progrès concerne l’efficacité énergétique, ce que le marketing d’Apple ne met pas en avant. Étonnant !
Je m’en tiens dans ce test aux nouvelles puces et à quelques lignes sur le nouveau coloris. En dehors de ça, seule la luminosité maximale a changé, atteignant 600 cd/m² contre 500 auparavant. Vous retrouverez tous les détails concernant l’écran, les finitions, les connexions, le clavier et le pavé tactile ici :
Le MacBook M3 Pro ou M3 Max existe en argent classique ou en « noir sidéral », un nouveau coloris. Celui-ci remplace le « gris sidéral » qu’on ne trouve plus que sur les 14'' avec une puce M3 normale. Le nouveau coloris n’est pas franchement noir, mais plutôt anthracite. Ce gris foncé ne me plaisait pas sur les photos d’Apple, mais en vrai, il est assez élégant.
Hélas, ça ne durera pas. Apple prétend que son nouveau revêtement protège les ordinateurs portables « noirs » des traces de doigts. C’est peut-être vrai par rapport à d’autres appareils, mais le MacBook a tout de même rapidement l’air sale. Les traces de graisses s’enlèvent certes facilement avec un chiffon en microfibre, mais qui a envie d’y passer son temps ? Le MacBook argent n’a pas le même problème : il reste propre, même avec une utilisation fréquente, ce qui est plus pratique au quotidien.
Les puces M3 ont des publics cibles plus délimités que la génération précédente. La M3 Pro baisse d’un cran et se rapproche de la M3 normale, tandis que la M3 Max se positionne plus haut. Cela se voit aussi au nombre de transistors : 25 milliards pour la M3, 37 milliards pour la M3 Pro et 92 milliards pour la M3 Max. Vous trouverez de plus amples détails sur l’architecture et les dessous des puces dans cet article :
Voici les spécifications de la M3 par rapport à la gamme M2 :
Je teste les nouveaux MacBook Pro avec les versions complètes des puces, mais la RAM de base :
Je ne m’épancherai sur la puissance du SSD. En deux mots, il est ultra-rapide. À partir de la version avec 1 To de stockage, le SSD offre des vitesses d’écriture et de lecture supérieures à 6000 Mo/s. Pour la version 512 Go, c’est environ deux fois mois car elle renferme moins de modules pouvant traiter des données en parallèle. Mais même là, le SSD ne se retrouve jamais en difficulté au quotidien.
Les tests de performance du CPU confirment ce que les données techniques laissaient supposer : la fabrication en 3 nanomètres augmente la performance de chaque cœur d’environ 13 % par rapport aux puces M2. Au niveau de la performance multicœur, la M3 Max distance aisément la M3 Pro puisqu’elle possède deux fois plus de cœurs de performance.
La M3 Max est presque 50 % plus rapide, que ce soit par rapport à la M2 Max ou la M3 Pro. Celle-ci est légèrement supérieure à la M2 Pro, car elle échange deux cœurs de performance contre deux cœurs d’efficacité.
Cette nouvelle construction différenciée est tout à fait logique. Le groupe cible de la puce Pro n’avait vraisemblablement même pas besoin de toute la puissance proposée par la génération M2, rien ne sert donc d’en rajouter. Apple a plutôt choisi de déplacer le curseur vers l’efficacité énergétique. Cela s’avère payant en termes d’autonomie de la batterie, comme nous allons le voir.
La Max a d’autres priorités : elles s’adresse aux personnes souhaitant un maximum de puissance. Si vous en faites partie, la M3 Max est une mise à niveau de rêve. Son CPU frôle la M2 Ultra du Mac Studio dans les tests de performance, avec 12 cœurs de performance et un système de refroidissement plus imposant. Dans Cinebench R23, elle affiche un retard de 20 %, dans Geekbench 6, le score est quasi identique. Le fait qu’un ordinateur portable s’approche autant du Mac de bureau le plus rapide force le respect.
Le GPU de la M3 Max progresse moins que le CPU. Apple n’a ajouté à la puce que deux cœurs additionnels par rapport à la M2 Max. La M3 Pro possède même un cœur GPU de moins que la M2 Pro. Mais la fabrication en 3 nanomètres compense en fin de compte la performance graphique de la plus petite des puces.
Les puces M3 se classent très bien au nouveau test GPU de Cinebench R24. La M3 Max et la M3 Pro y sont deux fois mieux notées que leurs aînées. C’est dû au fait que les nouveaux processeurs graphiques supportent le ray tracing et que ce test de performance y est particulièrement sensible.
Dans les tests de performance sans ray tracing, la performance est similaire à celle de l’ancienne génération. La M3 Max est globalement supérieure, son avance sur la M2 Max est en moyenne d’un peu plus de 15 %. Dans certains tests, la M3 Pro perd ses duels contre la M2 Pro et dans d’autres, elle les gagne. En moyenne, elle obtient des scores supérieurs de 3 %.
Les résultats montrent à quel point la performance graphique dépend de l’optimisation du logiciel concerné. Les puces M3 supportent deux technologies importantes pour le rendu 3D et les jeux vidéo : le mesh shading et le ray tracing. Si seulement Apple incitait enfin plus de studios de développement à sortir leurs jeux sur MacOS…
En réalité, ce sont surtout les métiers créatifs qui tirent parti de la puissance du MacBook Pro. Pour mon test de performance vidéo, j’exporte un projet de 11 minutes en 4K dans le logiciel de montage DaVinci Resolve Studio. Le matériel source est un mélange d’enregistrements 4K et 8K dans le codec H.265, très gourmand. Le projet comprend également différents filtres élaborés, des titres et des ajustements de couleurs.
Dans Lightroom, j’exporte 200 photos RAW avec une définition de 50 mégapixels. Pour mon second test, je retouche 10 photos avec le filtre anti-bruit assisté par IA.
L’export de ma vidéo test est 1/5e plus rapide avec la M3 Max qu’avec l’ancienne puce. Cela correspond à mes attentes, car c’est surtout le GPU qui est sollicité, mais certains filtres bénéficient de la grande puissance de calcul du CPU. Les deux ordinateurs portables font défiler les clips en toute fluidité pendant le montage. L’avantage de la M3 Max n’apparaît que lors de l’utilisation de filtres complexes et d’un grading élaboré, là où la lecture avec la puce M3 Pro est parfois saccadée.
L’export de Lightroom dure moins longtemps avec les deux nouvelles puces par rapport aux anciennes (+28 % pour la Max, +15 % pour la Pro). Cette tâche sollicite surtout le CPU et la RAM. Le filtre anti-bruit assisté par IA nécessite une grande performance graphique, et la M3 Pro n’est pas plus rapide que l’ancienne version. Malgré cela, les retouches photo se déroulent sans aucun problème.
La performance dans le test de vitesse de navigateur Speedometer 2.0 augmente de 30 %. Vous le remarquerez à peine au quotidien, ces applications ne présentaient pas non plus de difficultés pour les puces précédentes.
Les deux MacBook Pro ne se laissent pas intimider par les tâches du quotidien, ils restent frais et totalement silencieux. Ce n’est qu’au montage vidéo ou avec des filtres Lightroom nécessitant beaucoup de calculs que les ventilateurs finissent par devenir audibles, sans être forts. Si j’accable les appareils avec des tests de performance synthétiques, le CPU atteint 103 °C avant la mise en marche des ventilateurs. Ni le 14'' avec la M3 Pro ni le 16'' avec la M3 Max n’ont besoin de ralentir pendant les dix minutes de Cinebench. Le CPU reste stable à 3,58 gigahertz (GHz).
Si je lance en parallèle le test de performance graphique de 3DMark, le CPU de la M3 Max ralentit à 2,5 GHz. Une sollicitation maximale de ce niveau n’est toutefois pas réaliste sur le long terme au quotidien. Dans le petit ordinateur portable, le refroidissement serait plus sollicité avec la grande puce comme le montrent des tests sur YouTube.
En revanche, la M3 Pro ne pose aucun problème au 14''. La fréquence d’horloge du CPU ne descend jamais sous 3,1 GHz. C’est bien mieux que l’ancienne M2 Pro, qui devait ralentir jusqu’à 1,2 GHz. On voit bien ici l’avantage de l’efficacité énergétique améliorée des nouvelles puces 3 nanomètres. Mais l’autre conséquence est encore plus importante.
La capacité de la batterie n’a pas bougé : 70 wattheures pour le petit modèle, 100 wattheures pour le grand. Lors de la présentation du nouveau MacBook Pro, Apple n’a pas évoqué l’autonomie. D’après le site Internet, elle s’élève à 18 heures de visionnage vidéo pour le 14'' et 22 heures pour le 16''. Peu importe la façon dont Apple obtient ces résultats. Il est plus intéressant de noter qu’ils sont identiques à des modèles dotés de la M2 Pro ou la M2 Max. Au début, je pensais donc que les nouveaux ordinateurs portables ne tiendraient pas plus longtemps que les anciens.
Je suis ravi de vous révéler que j’avais tort.
Je mesure l’autonomie de deux façons :
À la fin des tests, mon monde est sens dessous dessous : Apple fait dans la modestie. Oui, Apple ! L’entreprise dont le marketing n’assène que des superlatifs et convertit chaque avancée technique en monnaie sonnante et trébuchante.
Dans le test d’endurance YouTube, le MacBook Pro M3 Pro 14'' tient 25 heures, soit 25 % de plus qu’avec la M2 Pro. La puce en 3 nanomètres est un bijou d’efficacité. Souvenez-vous : la performance reste quasi identique. Et ce n’est pas comme si l’ancienne puce Pro était médiocre.
Je n’ai pas de 16'' avec la M3 Pro sous la main, mais je peux me faire une idée de son autonomie à partir de la génération M2. Le grand ordinateur portable tient 40 % plus longtemps que le petit pendant le visionnage YouTube. Un MacBook Pro M3 Pro 16'' devrait donc passer la barre des 35 heures, on frise l’absurdité ! La M3 Max vide sa batterie 10 heures plus tôt, restant au niveau de la M2 Max. Ça aussi, c’est impressionnant au vu des réserves de puissance supplémentaires de la nouvelle puce.
Le rapport puissance/consommation énergétique supérieur des puces en 3 nanomètres se révèle sous pression. La M3 Pro consomme 24 % d’énergie de moins que la M2 Pro pour cinq exports de vidéos. La M3 Max est en avance sur la M2 Max d’environ 18 %. Si vous ne passez pas vos journées devant YouTube, la batterie tiendra donc plus longtemps qu’avec le modèle précédent, même si vous choisissez la grande puce.
Le MacBook Pro n’est pas le produit le plus sexy d’Apple, mais c’est peut-être bien le meilleur. Aucun autre ordinateur portable ne lui arrive à la cheville. Je connais des fans hardcore de Windows qui envisagent de changer de système (en serrant les dents) juste pour ce combo de finitions, puissance et autonomie. Ce n’est sûrement pas fini : Apple continue de creuser l’écart avec la concurrence avec ses puces M3.
La M3 Max apporte à un appareil mobile une puissance jusqu’à présent réservée aux Macs de bureau. Le CPU comme le GPU sont nettement plus rapides que ceux de la puce précédente. Cela réjouira tous ceux qui doivent monter des vidéos ou nécessitent d’énormes réserves de puissance. Le processeur graphique gère le ray tracing et le mesh shading. On n’attend plus que les jeux pour Mac !
Parmi ces nouveaux SoC, la M3 Pro est à mon avis une star méconnue. Elle est mal notée dans certains tests, car à peine plus rapide que la M2 Pro. Mais ce point de vue oublie l’essentiel : la M3 Pro n’a pas été conçue pour offrir des performances supplémentaires, mais pour être plus efficiente. Elle offre 25 % d’autonomie en plus que le modèle précédent. La plupart des utilisateurs n’exploiteront d’ailleurs jamais toute sa puissance. Je ne comprends pas pourquoi Apple ne vante pas davantage ce progrès.
Le principal problème avec les nouvelles puces Mac, ce sont les anciennes puces Mac. Si votre appareil est issu de l’une des deux dernières générations, la mise à niveau n’en vaut pas tellement la peine. Mais si vous avez un Windows ou un MacBook Intel, je vous recommande chaudement une puce M3. Le surcoût est justifié.
La bonne configuration est une affaire personnelle. La M3 Pro conviendra à la plupart des applications. Elle offre un bon équilibre entre performance adéquate et autonomie exceptionnelle, même sur le 14''. Si vous voulez plus de puissance, optez pour la M3 Max, dans l’idéal dans le 16'' au refroidissement supérieur. Et la couleur alors ? Même si le coloris « noir sidéral » est nouveau et raffiné, je n’y toucherais pas (ça laisserait des traces de gras). Le coloris argent est intemporel et moins délicat. Dans cette couleur, le nouvel ordinateur portable MacBook Pro signe un sans-faute.
Photo d’en-tête : Samuel BuchmannMon empreinte digitale change régulièrement au point que mon MacBook ne la reconnaît plus. Pourquoi ? Lorsque je ne suis pas assis devant un écran ou en train de prendre des photos, je suis probablement accroché du bout des doigts au beau milieu d'une paroi rocheuse.