Moon Knight : savons-nous enfin la vérité à propos de Steven et Marc ?
L'avant-dernier épisode de Moon Knight fait jouer la corde sensible. Mais que signifie l'asile en réalité ? J'ai ma théorie.
En fait, il n'était pas prévu que je publie d'autres critiques d'épisodes (en allemand) sur les séries Marvel. Trop de travail par épisode pour un lectorat trop réduit, d'après ma hiérarchie. Ce n'est d'ailleurs pas un reproche : nos statistiques internes lui donnent raison. J'ai tout de même été déçu et vous aussi.
Puis notre collègue, mais surtout ami, Dominik nous a quittés. Il aimait mes critiques d'épisodes, il les adorait même. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Pour le quatrième épisode, je n'ai pas écouté mes chefs. Pour lui, pour moi. C'était ma façon de faire mon deuil. Cela aurait pu en rester là. Mais la dernière critique a eu un tel écho que je me suis dit que j'allais continuer. En tout cas pour Moon Knight. Et après on verra.
Sur ce, je vous livre ici l'analyse de l'épisode 5, avec spoilers ! Regardez donc d'abord les cinq premiers épisodes de Moon Knight avant de continuer à lire cet article 🙂
Le cinquième épisode est terminé et nous en savons désormais un peu plus. Souvenez-vous : à la fin du quatrième épisode, Marc Spector alias Steven Grant alias Moon Knight a été abattu par Arthur Harrow. Ou pas ? Car soudain, Marc se réveille dans un asile d'aliénés. Là, le Dr Harrow, Arthur, simplement vêtu d'une blouse de médecin, lui annonce qu'il n'a fait qu'imaginer toute sa vie jusqu'à présent.
Hein ?!
L'avant-dernier épisode de la série nous a-t-il apporté des réponses ? Oui et non. Il nous a donné deux options. Soit le Dr Harrow a raison, mais franchement, vous voyez Marvel se contenter d'un scénario aussi plat ? Non, hein. Il ne reste que l'autre option, à savoir : euh... eh bien, ce n'est pas si simple à expliquer. Commençons par le commencement.
La théorie de Luca : l'imagination dans le souvenir
La semaine dernière, j'ai expliqué que le créateur et réalisateur de la série, Mohamed Diab, s'était fortement inspiré des comics Moon Knight de l'auteur Jeff Lemire. L'asile d'aliénés y figure aussi. C'était une construction mentale de Marc, créée pour briser complètement la psyché de Marc.
Si vous voulez encore lire les comics et ne pas savoir qui est derrière tout cela et pourquoi, sautez le paragraphe suivant et l'image :
À l'origine de cette construction se trouve le dieu de la Lune Khonsou lui-même, qui veut enfin s'échapper du néant, là où vivent les dieux égyptiens en exil, au-delà de notre dimension. Il ne peut le faire qu'en brisant le mental de son avatar, celui de Marc Spector, afin de pouvoir prendre possession de son corps.
Mais comment ça se passe dans la série ? Ma théorie est la suivante : Marc est Moon Knight. Rien de ce que nous avons vu jusqu'à présent dans la série n'était imaginaire. Tout a eu lieu, y compris la mort de Marc. C'est aussi ce que nous dit Taweret, la déesse hippopotame, à propos de l'asile. Celle-ci serait une manifestation de la Douât, le monde souterrain égyptien, créée par l'esprit de Marc. Mais c'est aussi un bateau sur lequel Taweret accompagne les âmes au paradis, aux Champs d'Ialou ou Champs des Roseaux.
Mais pour y accéder, il faut d'abord passer une épreuve. Le cœur de chacun est pesé sur la balance de la justice. Elle montre si l'on a été bon ou mauvais dans sa vie. Pour réussir l'épreuve, le cœur doit peser autant que la plume de la vérité. Il était évident que les cœurs de Marc et de Steven – et peut-être de Jake ? – seraient loin d'être en équilibre avec la plume.
Donc, pas de construction mentale pour briser l’esprit de Marc. L'asile, l'au-delà, Taweret, les souvenirs : tout cela est bien réel. Mais qu'en est-il du Dr Harrow qui persiste à dire que tout n'est qu'une invention ? À mon avis, c'est lui qui est une invention, et son bureau l'endroit où Marc se réfugie chaque fois que les souvenirs traumatisants de son enfance menacent de le submerger. Une invention dans le souvenir, pour ainsi dire. Je dois moi-même faire des acrobaties mentales pour saisir cette idée.
Les traumatismes de Marc, un changement par rapport aux comics
Les souvenirs de Marc et de Steven sont impressionnants. Ils sont carrément déchirants. À un point que je n'aurais jamais imaginé pour une série Disney+. J'ai envie de dire, presque cyniquement, qu'il y a aussi « des enfants qui regardent ». Mais les scénaristes n'y vont pas de main morte : nous avons droit à toutes les maltraitances psychologiques lorsque le petit frère de Marc meurt dans un accident, ce que la mère reprochera à Marc toute sa vie durant, jusqu'à sa mort.
C'est ainsi que le trouble dissociatif de l'identité de Marc est apparu : il a créé Steven Grant qui n'a pas vécu toute cette souffrance. Il n'est même pas au courant de l'existence de son frère. La seule fonction de Steven est d'être une sorte de « balle antistress » pour Marc. Quand Steven en prend conscience précisément, mon cœur se brise. Imaginez que vous appreniez que vous n'avez jamais vraiment vécu, que vous n'avez jamais eu d'existence réelle, et pourtant que vous avez la mémoire remplie de souvenirs sélectionnés à dessein, mais qui ne sont pas les vôtres. Oscar Isaac joue tellement bien que je dois retenir mes larmes.
La série choisit ainsi une expérience traumatisante différente de celle des comics pour expliquer la maladie mentale de Marc. L'expérience traumatique s'y déroule de la manière suivante :
Chicago, quartier pauvre dans les années 1930. Le rabbin pacifiste Elias réussit à s'enfuir de l'Allemagne nazie. Plus tard, son fils, Marc Spector, vient au monde. Leur vie aux États-Unis devait être meilleure que celle qu'ils menaient en Tchécoslovaquie, leur pays d'origine. Mais dès son enfance, Marc assiste, incrédule, à la discrimination permanente dont est victime son père, sans jamais pouvoir se défendre.
Une seule personne les aide : le rabbin Yitz Perlman. En tout cas en apparence. Mais en réalité, Perlman, personnage attachant, se révèle être un déserteur nazi brutal et un tueur en série secret, faisant constamment la chasse aux juifs. Perlman capture Marc et le torture, jusqu'aux abîmes de la folie. Et même au-delà.
Marc parvient à se libérer des griffes de son tortionnaire, mais les actes de ce dernier ont laissé des traces : il développe un trouble dissociatif de l'identité, une maladie mentale dans laquelle plusieurs identités se trouvent au sein d'une même personne, sans se souvenir de ce que font ou disent les autres.
Du militaire au mercenaire et au superhéros
À partir de là, la série et les comics coïncident à nouveau plus ou moins. Marc quitte sa famille. Là-bas, il s'engage dans l'armée, est renvoyé sans les honneurs parce que sa maladie mentale se révèle. Il devient donc mercenaire. En s'associant avec le chef de gang sadique Raul Bushman, Marc espère faire des découvertes archéologiques susceptibles d'être vendues sur le marché noir pour plusieurs millions de dollars. Seulement, Bushman n'est pas du genre à partager. Il fait abattre les archéologues qui l'accompagnent ainsi que Marc parce qu'il se met en travers de son chemin.
Mais Marc ne meurt pas. Pas encore... Grièvement blessé, Marc arrive à se traîner à bout de force jusqu'à la tombe du dieu de la Lune Khonsou qui lui apparaît et lui propose un marché : comme le dieu lui-même ne peut pas se manifester sous sa forme physique sur Terre, Marc doit agir comme son avatar et exécuter sa volonté sur Terre. Marc accepte. L'ancien dieu lui redonne son corps et le dote de pouvoirs surnaturels.
C'est la naissance de Moon Knight.
Voilà, nous connaissons maintenant toute l'histoire de Marc. L'épisode se termine sur le fait que Harrow a commencé à mettre en œuvre son plan maléfique dans ce monde. Marc doit l'en empêcher.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»