
Guide
Tout savoir sur les récipients de congélation
par Anna Sandner
Les boîtes de conserve sont pratiques et offrent une durée de conservation exceptionnelle. Une analyse d’Ökotest montre cependant la présence de bisphénol A, une substance chimique controversée, dans l’ensemble des boîtes de maïs testées. Est-ce vraiment inquiétant et comment s’en protéger ?
On trouve du maïs, des tomates ou des haricots en boîte dans presque toutes les cuisines. Que ce soit comme ingrédient pour un chili, sur une pizza ou dans une salade, les légumes en conserve sont polyvalents, pratiques et se conservent quasi indéfiniment. Mais tout n’est pas rose... On a en effet retrouvé du bisphénol A (BPA), une substance chimique controversée, dans de nombreuses boîtes de conserve et dans les produits qu’elles contiennent. Et ce, dans des doses largement supérieures aux recommandations. C’est ce qu’ont révélé, entre autres, deux études d’Ökotest, qui ont trouvé des quantités inquiétantes de BPA dans le maïs en boîte (en allemand) et les tomates pelées (en allemand).
Le débat sur les effets du BPA ne date pas d’hier, la substance fait régulièrement l’objet de controverses dans les milieux spécialisés. De nombreuses études (en anglais) portent sur le BPA, mais leurs résultats sont parfois contradictoires ou ambigus et souvent non reproductibles. Le BPA est un produit chimique de synthèse utilisé dans la fabrication de matières plastiques (polycarbonate). On le retrouve dans de nombreux produits du quotidien, de la louche à la bouteille d’eau. En tant que composant des résines époxy, le BPA est également utilisé comme revêtement intérieur dans les boîtes de conserve.
Or, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), c’est un perturbateur endocrinien avéré qui présente notamment un risque pour la santé lorsqu’il entre en contact avec des aliments.
On suppose que le BPA peut imiter l’action des œstrogènes dans le corps et donc la perturber. En outre, certains éléments indiquent que cette substance pourrait augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète et d’obésité. Même en très petites quantités (en allemand), le BPA pourrait avoir des effets sur le système immunitaire. En 2023, suite à une réévaluation des risques, l’EFSA a recommandé de réduire drastiquement la dose journalière maximale (DJT – dose journalière tolérable) de 4 microgrammes à 0,2 nanogramme.
L’analyse commandée par la fondation Ökotest au cours de l’été 2024 a dressé un tableau alarmant : les 21 boîtes de maïs analysées contenaient des taux de BPA très élevés. Pour une personne de 60 kilogrammes, la consommation quotidienne de seulement 50 grammes de ces produits dépasserait de plusieurs fois la dose journalière tolérable fixée par l’EFSA. Le produit le plus contaminé était même plus de 400 fois plus élevé que cette valeur recommandée.
L’utilisation de BPA dans le revêtement intérieur des boîtes de conserve a été interdite dans toute l’UE en début d’année. Il faudra toutefois du temps pour que les conserves fabriquées à l’époque où le BPA était encore autorisé disparaissent des rayons des supermarchés et surtout de tous les garde-manger et caves privés. D’autant plus, que même si la substance est interdite à l’intérieur, elle ne l’est pas à l’extérieur des conserves. On a souvent recours à des résines époxy sur les surfaces extérieures des boîtes. Lors de la production, de petites quantités de BPA peuvent être transférées sur le revêtement intérieur par contamination croisée. Le processus de stérilisation n’est d’ailleurs pas sans conséquence : pendant le chauffage jusqu’à 120 degrés, des produits chimiques indésirables migrent du vernis de la boîte vers le produit de remplissage.
En Suisse, le BPA est interdit dans les biberons depuis 2017. En 2020, il a été interdit dans le papier thermique, utilisé par exemple pour les tickets de caisse et de parking. Les autorités suisses n’ont pour le moment entamé aucune démarche d’évaluation des risques. Il est toutefois probable que la Suisse reprenne la nouvelle réglementation de l’UE, car les dispositions dans ce domaine ont souvent été harmonisées par le passé.
Rédactrice scientifique et biologiste. J'aime les animaux et je suis fascinée par les plantes, leurs capacités et tout ce que l'on peut faire avec et à partir d'elles. C'est pourquoi mon endroit préféré est toujours à l'extérieur - quelque part dans la nature, volontiers dans mon jardin sauvage.