Super Nanny pour chats : voici comment cette psychologue pour animaux leur enseigne les bonnes manières
23/5/2023
Traduction: Rose-Hélène Moquet
Pipis intempestifs dans l’appartement ou griffes aiguisées sur le canapé familial : tous les chats ne se comportent pas comme nous le souhaiterions. Psychologue pour animaux, Katharina Aeschimann soigne nos compagnons présentant des troubles du comportement et révèle ce que les humains devraient faire ou ne pas faire.
Les fans de télé-réalité sur RTL se souviennent sûrement de Super Nanny qui rendait visite aux parents dépassés par leurs enfants incontrôlables. Originaire de Winterthour, Katharina Aeschimann s’occupe elle d’apprendre les bonnes manières à nos chats.
Katharina Aeschimann, quand sollicite-t-on vos services ?
La plupart du temps, c’est lorsque les chats marquent l’intérieur en urinant. Les problèmes entre chats du même foyer ou avec les chats voisins sont également fréquents. Il y a aussi le grattage des portes et des meubles.
Commençons par le problème numéro 1 : le marquage et l’urine. Qu’essaient de nous dire les chats ?
Le marquage est une forme de communication, tout comme les miaulements et les griffures. Les causes sont multiples et souvent difficiles à déterminer. La cause des pipis intempestifs est souvent plus facile à trouver.
Est-ce une façon pour les chats de punir leurs maîtres ?
Non, c’est une idée fausse. Les chats ne font pas cela pour nous embêter. Ils se sentent peut-être dépassés par la situation, ou peuvent être atteints de démence ou d’une infection urinaire. La première chose à faire est donc toujours d’aller chez le vétérinaire. S’il existe un problème organique, celui-ci doit être traité avant ma visite.
Vous faites donc des visites à domicile ?
Oui, toujours. Pour comprendre d’où vient le problème, je dois voir la situation sur place.
Qu’est-ce qui vous frappe ?
Je constate parfois que le bac à litière n’est pas le bon. Les bacs couverts sont davantage axés sur les besoins d’hygiène de l’humain que sur ceux de l’animal.
Ils ne conviennent pas aux chats ?
Non. Lorsque les chats font leurs besoins dans la nature, ils le font au beau milieu d’un champ. S’enfermer dans une grotte étroite et sombre à l’odeur pestilentielle, c’est répugnant pour eux. Les bacs à litière ouverts sont bien meilleurs. Et il faut veiller à les placer dans un endroit calme.
Qu’en est-il des bacs à litière autonettoyants ?
Pour moi, il faut vraiment les éviter. Si le système de nettoyage automatique se met en marche alors que le chat est encore en train de faire ses besoins ou qu’il s’apprête à sortir, il risque de prendre peur et de ne plus jamais utiliser ces toilettes.
Comme vous l’avez mentionné, il peut également y avoir des problèmes entre chats vivant sous le même toit. Pourquoi ?
C’est souvent le cas lorsqu’un nouveau chat arrive et que son caractère ou son âge ne correspond pas au premier animal. Jusqu’à environ leurs 2 ans, les chats vivant sous le même toit devraient avoir à peu près le même âge. Sinon, le comportement de jeu et les différences physiques divergent trop.
Et qu’en est-il des disputes avec les chats voisins ?
Les rencontres désagréables se produisent souvent dans les quartiers où il y a beaucoup de chats. Plus la densité est élevée, plus les problèmes sont susceptibles d’arriver. Certains chats sont de véritables voyous, d’autres des victimes. Un de mes clients a même dû déménager pour cette raison. Mais il a à nouveau eu des problèmes sur son nouveau lieu d’habitation.
Comment avez-vous procédé ?
Nous avons établi un régime de sortie pour que les deux chats ne se rencontrent plus, si possible. Cela a fonctionné parce que le voisin était également prêt à donner un coup de main.
Quels sont les chats avec lesquels il y a souvent des problèmes ?
Les animaux qui ont été élevés au biberon en tant qu’« enfant unique » sont souvent moins sociables, car ils n’ont pas pu apprendre à se comporter avec leurs frères et sœurs. En général, c’est avec les chats d’appartement que l’on rencontre le plus de problèmes.
Pourquoi donc ?
Souvent, ils ne sont pas assez actifs. Si les chats ne peuvent pas sortir, il faut leur proposer des alternatives : des jouets adaptés, des jeux de recherche de nourriture et surtout un bon arbre à chat.
Source : Darina Schweizer
Quelles sont les caractéristiques d’un bon arbre à chat ?
Surtout pas son côté esthétique. De nombreux arbres à chat ressemblent à de véritables œuvres d’art, mais sont en fait totalement inadaptés. Un bon arbre à chat doit avoir une surface de grattage ininterrompue d’au moins 80 cm de long. Les chats n’aiment généralement pas se coucher sur les planches étroites des étages, mais préfèrent les hamacs situés en hauteur et offrant une bonne vue. Il est préférable de placer l’arbre à chat près d’une fenêtre avec vue sur l’extérieur.
Quels jouets alimentaires recommandez-vous ?
Il existe par exemple des distributeurs automatiques et programmables de croquettes. Mais d’après mon expérience, ils ne fonctionnent pas toujours de manière optimale. Il est donc plus facile de cacher de la nourriture dans des bouteilles ou des rouleaux de papier-toilette dans lesquels le chat doit aller la chercher. On peut aussi cacher des croquettes dans l’appartement ou occuper son chat avec du clicker training. C’est une méthode qui consiste à faire retentir un signal sonore lorsque le chat adopte un bon comportement, puis à le récompenser ensuite.
Nous n’avons pas encore parlé du grattage. Comment y remédier ?
Il faut avant tout faire preuve de constance. Si le chat gratte à la porte pendant la nuit, il faut toujours l’ignorer. Pareil pour les miaulements. Dans le pire des cas, vous pouvez utiliser des bouchons d’oreille. Si vous réagissez ne serait-ce qu’un tout petit peu à ces comportements, le chat continuera. Souvent, le grattage fait déjà partie d’un rituel.
Qu’entendez-vous par là ?
Certains chats peuvent avoir des rituels quotidiens : par exemple, ils mangent, puis grattent le canapé et sortent. Il s’agit ici d’interrompre le rituel en donnant à manger à un autre endroit, en plaçant quelque chose devant le lieu de grattage ou en déplaçant les meubles. Cela fait souvent des miracles.
En parlant de miracles, quel est votre taux de réussite ?
Je ne peux pas donner de garantie, mais j’arrive souvent à bien améliorer la situation. À condition bien sûr que les maîtres participent et persévèrent. C’est essentiel. Si, lors de notre entretien téléphonique de suivi, on nous dit après environ trois semaines que l’on n’a pas encore eu l’occasion de changer quelque chose, il est fort probable que rien ne changera.
Comment peut-on mettre toutes les chances de son côté ?
Plus vite on réagit et on fait appel à une aide professionnelle à domicile, mieux c’est. Sinon, il se peut que le comportement se soit déjà tellement ritualisé qu’il soit difficile de s’en défaire.
Je termine par une question personnelle : vous vivez avec 7 Maine Coon. Se comportent-ils de manière irréprochable ?
Oh non, ils font ce qu’ils veulent et ne sont probablement pas une référence pour ma pratique (rires).
Que pensez-vous des conseils de notre experte ? Avez-vous des problèmes avec votre chat ? Dites-le-nous en commentaires.
Darina Schweizer
Senior Editor
Darina.Schweizer@digitecgalaxus.chJ’aime tout ce qui a quatre pattes et des racines. La lecture me permet de plonger dans les abîmes de l’être humain. Je déteste les montagnes : elles ne font que cacher la vue sur la mer. Quand j’ai besoin d’air frais, je vais le respirer au sommet d’un phare.
