En coulisse

Un clavier à plus de 800 CHF et zéro regret

Kevin Hofer
3/1/2022
Traduction: Stéphanie Casada

J'ai, pour ne pas changer, assemblé un nouveau clavier mécanique. Il m'est revenu sacrément cher... Plus de 800 balles en tout. Mais je serais prêt à redépenser une telle somme pour un clavier.

Admettre que l'on est dépendant est la première étape pour combattre une dépendance. J'ai lu ça quelque part. Est-ce vrai ? Aucune idée.

Je sais en tout cas qu'on pourrait penser que j'ai un problème. Mais je n'ai pas envie de changer. Mon problème (qui n'en est pas un à mes yeux) : les claviers mécaniques. Je les adore. Et je ne me lasse pas d'eux. Il ne s'agit pas de ces horribles claviers finis que vous pouvez acheter sur ce site. Non, je parle de claviers que j'assemble moi-même. J'en ai maintenant onze et je viens de terminer mon dernier bébé.

Plus, toujours plus

Tout a commencé fin 2018. C'est là que j'ai assemblé (en allemand) mon premier clavier. Il m'a comblé pendant pas mal de temps. En 2020, avec le début de la pandémie, la fièvre du bricolage m'a gagné. De nouveaux claviers se sont ajoutés à ma collection et j'ai dépensé beaucoup d'argent.

Quelques claviers de ma collection.
Quelques claviers de ma collection.

Mon passe-temps est maintenant totalement hors de contrôle. C'est ce que je constate en faisant les comptes après mon dernier clavier : ses différents composants m'ont coûté plus de 800 CHF. Il s'agit donc de mon clavier le plus cher à ce jour. Sérieusement, je ne regrette aucun centime dépensé. Chaque fois que mes doigts frôlent ce clavier, un sourire se dessine sur mes lèvres. Un peu comme chez une personne dépendante : je ressens une espèce de soulagement. Après tout, je ne fais de mal à personne avec ma dépendance – sauf à mon compte en banque.

Si ce dernier a tant souffert cette fois-ci, c'est en grande partie à cause du kit clavier que j'ai acheté. Le reste des composants n'était pas gratuit non plus.

Le problème : les possibilités quasi infinies

Le kit clavier qui a conquis mon cœur cette fois-ci est le SixtyFive de Mode Designs. À la base, le clavier ne coûte "que" 299 dollars pour le barebone, bien sûr ; il n'y a donc pas de touches ni leurs capuchons. J'ai dû les acheter séparément. Mais pour un accro de claviers passionné de claviers comme moi, le SixtyFive est un véritable gouffre : on peut le personnaliser à souhait. J'ai le choix entre différents matériaux et couleurs pour le dessous et le dessus du clavier. Ensuite, il y a l'arrière magnétique, également disponible en différents matériaux et couleurs. Bien entendu, tout cela coûte plus cher.

Les pièces en cuivre à l'arrière et en bas ont coûté une petite fortune.
Les pièces en cuivre à l'arrière et en bas ont coûté une petite fortune.

Je suis un fan inconditionnel du cuivre. Je suis magiquement attiré par ce matériau. Pas de chance pour moi, car le dessous et la face arrière du SitxtyFive existent en version cuivre, pour la modique somme de 200 dollars supplémentaires. Et le comble, c'est que le dessous ne se voit même pas. Coût total du kit clavier : environ 460 CHF. Je ne me fais sinon jamais de cadeau.

Les frankenswitches, une chose inutile

Dans la communauté des claviers mécaniques, il existe une discipline dénuée de sens, le frankenswitching. Pour vous expliquer brièvement : on démonte des switches différents et on mélange leurs structures pour en créer de nouveaux. En gros, il s'agit de fusions.

C'est à peu près comme ça que j'ai fait les switches.
C'est à peu près comme ça que j'ai fait les switches.

Je ne l'ai jamais fait auparavant, j'ai donc voulu essayer. J'ai fait ce qu'on appelle des « Holy Bobas » : les Boba U4T de Gazzew sont combinés aux switches Halo de Drop pour former une nouvelle touche tactile. Les touches tactiles sont celles qui fournissent un retour haptique lorsqu'on appuie dessus. Les Holy Bobas sont censés être très tactiles.

En fait, je transplante la tige du switch de Drop – c'est la partie du switch qui monte et descend – dans le boîtier du switch de Gazzew. Comme « halo » signifie « auréole » en anglais, le Boba U4T devient le Holy Boba, c'est-à-dire le Boba sacré.

Cependant, tout cela n'a aucun sens : un tel frankenswitch coûte une fortune et il existe déjà des switches aux caractéristiques similaires pour bien moins cher. C'est un pur truc d'addict de passionné. Coût de 110 frankenswitches : pas moins de 145 CHF. Il ne m'en faut que 67 pour mon clavier, mais j'en ai quand même fait 110. On ne sait jamais. Bien entendu, je lubrifie (en allemand) les switches pour une meilleure sensation et un meilleur son lorsque je tape au clavier.

Les bons keycaps

La qualité d'un clavier dépend de celle de ses keycaps. Les touches de GMK sont toujours considérées comme les meilleures en termes de qualité. Et bien sûr, je ne veux que le meilleur. Mon choix se porte sur les GMK White-on-Black Katakana. Ceci parce qu'elles sont disponibles à court terme et que l'écriture syllabique japonaise katakana sur les capuchons de touches apportent un petit plus au clavier. Coût : 135 CHF.

Je n'ai jamais eu de touches avec uniquement des caractères japonais.
Je n'ai jamais eu de touches avec uniquement des caractères japonais.

En parlant de petit plus : je me suis fait plaisir pour la touche Fn.

Le squelette du dragon me surveille de près quand je tape au clavier.
Le squelette du dragon me surveille de près quand je tape au clavier.

Coût : 20 CHF.

Aux composants déjà mentionnés s'ajoutent des stabilisateurs pour les touches longues, un câble pour le style et divers accessoires de modding. Coût : 100 CHF. L'expédition et les éventuels frais d'importation ne sont pas compris. Je ne sais plus du tout combien cela représentait ; les différents composants sont arrivés au compte-goutte.

Plutôt chic, non ?
Plutôt chic, non ?

Un clavier qui coûte un bras

Je fais les comptes :

ComposantsPrix
Kit clavier DIY460 CHF
Frankenswitches145 CHF
Keycaps135 CHF
Squelette de dragon20 CHF
Autres accessoires100 CHF
Total860 CHF

Est-ce qu’il les vaut ? Pour quelqu'un comme moi, la réponse est OUI. J'adore mon nouveau clavier. Je ne m'en lasse pas. Il est tout simplement génial. Je n'ai pas encore trouvé de touches plus tactiles que les frankenswitches Holy Boba. De plus, le clavier offre une sensation de frappe flexible. Aucune comparaison possible avec un clavier standard. Et comme le clavier est mon outil de travail quotidien, il faut que ça joue.

Mais une chose est sûre : un de ces jours, le prochain clavier arrivera. J'en ai quelques-uns en précommande. Il trouvera alors sa place sur mon mur spécial claviers qui ne cesse de s'agrandir. N'ayez crainte, il n'y prendra pas la poussière ! J'utilise tous mes claviers à tour de rôle. J'ai ainsi toujours plaisir à profiter de quelque chose de différent et je ne m'ennuie pas – du moins jusqu'à ce qu'un autre clavier me fasse de l'œil.

Suis-je devenu dépendant ? Je pense que beaucoup de gens me qualifieraient d'accro. Mais j'appelle ça un passe-temps. Un passe-temps sacrément cher, c'est clair, mais il y a plus stupide. Quand ils sortent le soir, certains dépensent 100 balles en boissons. Moi j'achète des switches.

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La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.

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