En coulisse

Une bibliothèque qui n'est pas vraiment la mienne

Mon petit copain règne en maître sur notre bibliothèque. Jusqu'à présent, peu de mes livres y ont élu domicile, et encore moins ceux d'écrivaines.

Ma bibliothèque n'est pas en proie au désordre parce que je n'ai pas mon mot à dire. C'est mon copain qui l'a apportée avec lui en emménageant ici. Avant qu'un bouquin y prenne place, il en examine la valeur littéraire et visuelle. Elle recèle malgré des centaines de bouquins. Je le sais, car j'ai dû me les trimbaler dans des sacs à provisions sur trois étages et céder un mur entier dans le salon. En plus, la télévision se trouve maintenant dans la chambre à coucher, une erreur qu'on va bientôt réparer.

On se pose sans arrêt la même question : lire ou regarder un DVD ?
On se pose sans arrêt la même question : lire ou regarder un DVD ?

De A pour Achebe à Z pour Zweig

Après avoir eu les paumes entaillées par les anses des sacs en papier contenant les bouquins, j'ai dû aider à les classer par auteurs. Mais pas de femme. Pour ses 30 ans, j'ai offert un bouquin de Gertrude Stein à mon copain, il n'y a pas touché. Il s'agit du troisième livre de cette auteure.

Au moins il est conscient du gâchis que ça représente de le laisser traîner sur la commode. L'étagère, quant à elle, n'est pas dénuée de phallocrates, du moins d'un point de vue actuel. La lettre « B », en particulier, offre certes une grande littérature, mais aussi un aperçu d'une image encore un peu différente de la femme. On y trouve Simon Beckett (« Quand elles ne savent plus quoi faire, elles se déshabillent, et c'est sans doute ce qu'elles ont de mieux à faire ») qui côtoie Gottfried Benn (« Une femme, c'est l'affaire d'une nuit. Et si elle est belle, gardez-la pour la nuit suivante. ») et Charles Bukowski (« Le féminisme n'existe que pour intégrer les femmes laides dans la société. ») (citations librement traduites). Dois-je boycotter ? Non. Je suis pour une classification en bonne et due forme.

Les B ont de la suite dans les idées.
Les B ont de la suite dans les idées.

En bas à droite se trouvent des livres d'histoire qui côtoient d'innombrables ouvrages consacrés à l'architecture et à l'art. Ces trois genres ne sont pas classés par ordre alphabétique, mais par thème, judicieux dans ce cas, les auteurs ne jouant généralement qu'un rôle secondaire.

Un peu de pédagogie répressive de ma part

À cette bibliothèque gérée d'une main de fer, j'ai ajouté un classique de la littérature mondiale, Der Struwwelpeter, de l'allemand « Pierre l'Ébouriffé », un livre devenu incontournable, faisant la part belle à la pédagogie psychologiquement répressive et aux punitions effrayantes. Oui. Je ne le considère pas comme un guide d'éducation, mais comme une relique de mon enfance. Chez mes grands-parents, je l'ai lu des dizaines de fois, ce qui ne m'a pas empêchée de faire les quatre cents coups.

Un classique de l'intimidation enfantine.
Un classique de l'intimidation enfantine.

Après un peu moins d'un an avec la bibliothèque (et mon petit copain) dans l'appartement, une poignée d'autres de mes livres y ont élu domicile. Par exemple « Things Fall Apart » de l'écrivain nigérian Chinua Achebe. Et entre-temps, je comprends même le classement alphabétique.

Tel père, tel fils

L'étagère en bois, occupée en quasi-totalité par des livres, couvre tout le mur du salon. Et il y en a jamais assez. En tant que fils d'antiquaire, ce dernier possède près de 50 000 bouquins, mon copain se trouve à la source même de son addiction sa passion. Après chaque week-end passé chez son père dans les Grisons, de nouveaux livres atterrissent sur l'étagère. Si la bibliothèque n'était pas rangée, je me retrouverais devant de longues minutes à la recherche du récit de voyage de Claude Lévi-Strauss « Tristes tropiques ».

C'est uniquement grâce à la grande bibliothèque et aux connaissances qui y sont rassemblées que j'ai pris conscience de mon intérêt pour l'ethnologie, la poésie. ou encore le grand anarchiste qu'est Mikhaïl Bakounine. Dans ma bibliothèque, qui n'est pas du tout la mienne, il y a un livre adapté à chaque besoin. Sauf si le besoin est de lire le livre d'une écrivaine. Mais j'y travaille.

Chaotique, chronologique, alphabétique ; par couleurs, par taille ; géographique, autobiographique, thématique. Chacun(e) a sa propre idée de la façon dont une bibliothèque doit être rangée. Nous, rédacteurs et rédactrices de Digitec Galaxus, vous montrons nos étagères. Le prochain à se prêter au jeu ? Martin Jungfer.

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Élargir mon horizon: voilà comment je résumerais ma vie en quelques mots. J'aime découvrir de nouvelles choses et en apprendre toujours plus. Je suis constamment à l'affût de nouvelles expériences dans tous les domaines: voyages, lectures, cuisine, cinéma ou encore bricolage. 

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