Zurich Pride : la société appartient à tout le monde
La marche des fiertés s'est déroulée samedi dernier. Après une année d'interruption due au coronavirus, cette manifestation pour une société inclusive a de nouveau eu lieu. En 2021, les revendications de la communauté LGBTQIA+ sont toujours importantes et justes.
« We are family », « Go for yes! », « All families matter », « Same love – same rights », « Trau dich! Ehe für alle jetzt! » (Le mariage pour tous maintenant !), « Presque tout pour presque tou(te)s » : voilà cinq devises du Zurich Pride Festival, anciennement Christopher Street Day – sans oublier le slogan de Galaxus –, une organisation qui défend les minorités afin qu'elles obtiennent une place égale dans la société et au milieu un détaillant en ligne qui veut une chose par-dessus tout, vendre. Vous vous demandez sûrement ce que ça vient faire là-dedans ?
Et c'est légitime, même si, de prime abord, cela ne semble pas être le cas. En effet, ce n'est pas un hasard si ce slogan dit « tou(te)s ». La langue est puissante. Ces dernières années, le débat sur le caractère juste et contemporain du masculin générique en langue française a été intense. Il montre que la langue doit trouver des moyens d'inclure les gens plutôt que de les exclure. En jetant un coup d'œil aux commentaires de l'article écrit par Thomas Meyer en février, on voit à quel point cette évolution est encore controversée :
Vous lisez ce texte, car vous avez déjà parcouru, au cours des dernières semaines ou années, quelques articles ici. Vous avez donc également remarqué que ce n'est pas la première fois que nous évoquons le sujet. À cet effet, n'hésitez pas à nous faire part de vos remarques dans la partie commentaires, car nous voulons connaître votre avis sur la question et sur notre slogan inclusif.
Comme nous venons de le dire, la langue est un outil puissant. Mais c'est vrai, malgré un astérisque d'inclusion, rien n'a changé dans la société, au quotidien, pour les personnes auxquelles s'adresse la langue. Et c'est exactement pour cela que le Zurich Pride Festival est un événement important, tout comme la Journée internationale des femmes, la grève des femmes, le Pride Month (mois des fiertés) et le mouvement #metoo.
Être humain est normal
La société est en constante évolution. Le changement est la seule condition qui dure. Il implique également – il serait temps – que les personnes de toutes les identités de genre, orientations sexuelles, origines religieuses et ethniques puissent participer normalement à tous les aspects de la vie dans notre société, sans restriction ni obstacle.
« Mais en Suisse, la norme, c'est un homme avec une femme, le blanc comme couleur de peau, le christianisme, le mariage hétéro » : j'en ai plein le dos de ces foutaises. Je vais vous dire, la seule chose qui est normale, c'est d'être humain. Tout le reste n'est que concepts appris et préjugés. Aucun enfant ne se soucie de la couleur de la peau de ses amis à l'école maternelle. Aucun enfant ne se soucie de savoir s'il a, à la maison, une maman et un papa ou une maman et une maman ou un papa et un papa ou bien encore uniquement une maman ou uniquement un papa. L'essentiel, c'est l'amour qu'il y a entre ces personnes.
Je me sens inclus
Ce qui est merveilleux avec le mouvement LGBTQIA+, c'est que de nouvelles lettres et de nouveaux signes sont constamment ajoutés. Lors de mes recherches pour ce texte, j'ai rencontré pour la première fois l'extension LGBTQIA2S+, un sigle anglais qui signifie « Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender, Queer/Questioning, Intersexual, Asexual, Two-Spirit and all other ways to self-identify » (L – Lesbienne ; G – Gay ; B – Bisexuel/Bi ; T – Transgenre/Trans ; Q – Queer / Q – en Questionnement ; I – Intersexe ; A – Asexuel ; 2S – Bispirituel ; ...) Moi, en tant qu'homme cisgenre, j'ai le droit de me sentir inclus. Et je ne m'en prive pas.
Ce qui est merveilleux dans notre société, dans la vie et dans tous les droits et devoirs, c'est qu'il ne s'agit pas d'un gâteau que l'on doit distribuer et manger à un moment donné ou à un autre. Plus de gens ayant plus de droits et plus de gens se sentant comme faisant partie normale de la société ne signifient pas qu'il y a moins de vie pour tous. Cela signifie que le gâteau ne cesse de grossir.
Malheureusement, cette façon de voir les choses n'a pas encore atteint tous les esprits. Je cite ici un article que j'ai lu récemment sur LinkedIn. Florian Wieser a fait une expérience personnelle :
« Je me suis mis du vernis à ongles ! (...)
Donc maintenant, je suis un homme cisgenre, hétéronormé et patriarcal comme la plupart des hommes de cette planète, mais avec les deux ongles des pouces vernis. (...)
Je suis dans le train, Niki me tend son sac à main pour qu'elle puisse aller aux toilettes. Je me retrouve donc, d'un coup, debout avec un sac à main et deux pouces vernis, en train d'attendre.
Deux choses me viennent à l'esprit :
1. Si j'ai le malheur de croiser un, deux ou trois ho.mo-phobes qui n'aiment pas ça, c'en est fini pour ma sécurité.
Voilà ! C'est sûrement ce que ressentent les gays et lesbiennes se tenant la main, ou les gens d'une autre couleur de peau, incapables de se sentir en sécurité, ayant la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment ou menacés par une quelconque personne à l'esprit étroit. (...)
2. Deuxième réflexion devant les toilettes : si j'étais une femme attendant seule devant la porte des toilettes, alors je devrais peut-être m'attendre à des regards cochons de personnes qui ont le fantasme du WC. »
La Pride est colorée, la Pride est inclusive, la Pride est importante. Tant que plus de la moitié de notre population entretiendra quotidiennement des pensées telles que celles que Florian a décrites plus haut, la Pride sera nécessaire.
Ce n'est que lorsque chacun pourra s'épanouir librement partout et sans restriction dans la société que nous serons une vraie société.
Si vous voulez en savoir plus sur Digitec Galaxus et la Zurich Pride, rendez-vous sur notre canal Instagram. D'ailleurs, il y a aussi des stories et des messages passionnants à découvrir tous les jours.Globetrotteur, randonneur, champion du monde de wok (pas celui sur la piste de bobsleigh), jongleur avec les mots et passionné de photos.