« Doctor Strange 2 », de la folie pure !
C’est probablement l’un des Marvel les plus attendus de ces dernières années : « Doctor Strange in the Multiverse of Madness ». Le titre ne ment pas, le film est, en effet, complètement fou. Malheureusement, le film ne met malheureusement pas tout son potentiel à profit et c’est bien dommage, surtout avec un réalisateur comme Sam Raimi.
Avant toute chose : cette critique ne contient aucun spoiler. Vous ne lisez que les informations connues grâce aux bandes-annonces déjà diffusées.
Doctor Strange in the Multiverse of Madness est l’incarnation de nombreuses suites. En effet, il s’inscrit tout d’abord dans la lignée de Doctor Strange, mais aussi de Spider-Man : No Way Home, WandaVision, Loki et... Ne vous inquiétez pas, je ne révélerai rien. Le projet multidimensionnel est mené par le réalisateur Sam Raimi. Ça vous dit quelque chose ? C'est Sam Raimi lui-même qui, en 2002, a porté Spider-Man au cinéma.
Et qu’est-ce que ça a de spécial ? Spider-Man a donné le coup d’envoi d'une domination des superhéros au cinéma qui dure maintenant depuis 20 ans. Il y a bien sûr eu Blade en 1998. Puis X-Men deux ans plus tard. Des précurseurs sans doute. Mais les adaptations de comics étaient alors encore un genre de niche. Ce n'est que le film Spider-Man de Sam Raimi qui les a rendus accessibles au grand public.
Aujourd'hui, deux décennies plus tard, Sam Raimi est de retour chez Marvel. Ses fans attendaient ce moment avec impatience. Et oui, son écriture est là. Mais pas aussi présente que ce que j’attendais.
L’histoire de Doctor Strange in the Multiverse of Madness
Le multivers est bien là et il est dangereux. Au milieu de tout cela : la jeune America Chavez (Xochitl Gomez). Elle est la seule à pouvoir sauter d’une réalité à l’autre dans le multivers. Ce don attire naturellement des forces maléfiques et inconnues, qui ne souhaitent qu’une chose, s’approprier ce don pour mener à bout leurs funestes plans.
Heureusement, en pleine fuite transcendant les réalités, Chavez croise par hasard la route du plus puissant sorcier de la Terre, la Terre 616 : Doctor Strange (Benedict Cumberbatch). Celui-ci veut protéger Chavez et découvrir qui en a après elle. Strange demande pour cela l’aide de Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen), la Sorcière rouge, seul personnage peut-être encore plus forte que lui.
Noël pour... Pour qui en fait ?
Un sentiment étrange s’empare de moi après le visionnage de Doctor Strange in the Multiverse of Madness. C’est comme si c’était Noël et que j’avais eu tous les cadeaux possibles et imaginables, sauf ceux qui étaient sur ma liste. Noël n’est pas gâché, ce sont de superbes cadeaux. Mais je ressens tout de même une pointe de déception...
« À ce point ? »
« Non, mais... »
Non, mais. Voilà deux mots qui vont revenir dans cette critique. Commençons par le réalisateur, Sam Raimi. Il a ses racines dans les films d’horreur ; impossible d’oublier sa trilogie emblématique et brutale Evil Dead. Depuis le succès inattendu de la trilogie, l'acteur principal de l'époque, Bruce Campbell, fait une apparition dans pratiquement tous les films de Sam Raimi. Il lui porterait chance, il ne manque d’ailleurs pas à l’appel dans Doctor Strange : the Multiverse of Madness.
J’aurais aimé ressentir plus ces racines qui puisent dans l’horreur dans Doctor Strange in the Multivers of Madness. On les retrouve d'ailleurs dans tous ses autres films, même dans le très enfantin Spider-Man 2. Vous souvenez-vous par exemple de la scène dans laquelle les chirurgiens tentent de séparer les tentacules du dos du Docteur Otto Octavius ? C’est de l’horreur à l’état pur, on vire presque au body horror.
C’est exactement ce que j’attendais de Doctor Strange 2, mais ça n’est pas du tout ce que j’ai reçu. Certes, il y a bien une ou deux scènes bizarres, mais rien d’aussi gore que la scène décrite ci-dessus. C’est juste un peu plus flippant que ce à quoi nous a habitués le Marvel Cinematic Universe (MCU). La barre est basse cependant, ça n’est donc pas vraiment satisfaisant. C'est pourquoi les premières réactions m'étonnent d'autant plus. « It goes fully horror — jump scares, body horror, and a smattering of diabolical kills », y lis-je. Je ne sais pas où les gens ont vu ça. Pour moi cela relève plus de la hype que de la vérité.
Un autre exemple : le scénariste Michael Waldron. Il n’a pas été choisi pour continuer l’histoire de Doctor Strange avec Sam Raimi par hasard. Michael Waldron a en effet déjà écrit la fantastique série Loki, dans laquelle le multivers fait sa première apparition. Enfin... Des univers parallèles. Ou des réalités différentes. Le mumbo jumbo scientifique classique, en gros.
Super, Waldron s'y connaît, me dis-je. Il sait comment jouer avec le concept, il a de l’expérience et le fait bien. Il doit simplement transposer tout ça sur grand écran et avec un budget considérable par rapport à Loki. On passe ensuite au troisième acte. Les fils précédemment tissés qui transcendaient déjà la réalité se nouent, tout est impétueux, précipité. Même le développement de certains personnages. Et pour couronner le tout, le film se termine brutalement. Après la projection presse, j’ai eu l’impression d’avoir un « hein ? » très perplexe ancré sur mon visage pendant tout le générique.
Seul Les Éternels de Marvel y était parvenu jusqu’alors.
Le « Multiverse of Madness » est vraiment délirant
Les Éternels. Eh bien... J’ai littéralement démoli le film à l’époque. Je veux d’abord dissiper tout malentendu : j’ai aimé Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Je l’ai même préféré à Spider-Man : No Way Home, même si je ne suis pas tout à fait d’accord avec un ou deux choix de Sam Raimi et Michael Waldron.
Mais...
Doctor Strange in the Multiverse of Madness est incroyablement divertissant. Et ce dès la première seconde. Déjà, il commence par une énorme scène d’action, aussitôt suivie d’une deuxième. Puis d’une autre. Des poulpes escaladent des gratte-ciel. Des portails s’ouvrent. Il y a des invasions par-ci, des sièges par-là. Des sorciers combattent des démons et Dieu sait quoi d’autre. Multiverse of Madness donne tout. Puise dans ses ressources. D’un style affirmé, ludique et agréablement léger en termes d'extravagance visuelle ; c’est comme si Sam Raimi voulait rendre justice à la « folie » du titre du film.
C’est parlant, mais aussi dangereux. « Dans le multivers, chaque maladie a un traitement et chaque problème une solution », déclare un personnage dans le film. Cette citation pourrait aussi venir de la direction de Marvel, le MCU étant lui-même devenu une sorte de Multiverse of Madness. C'est passionnant, car aucune théorie de fan n'est désormais trop folle pour exister. Mais cela enlève aussi du suspens à l’ensemble de l’univers. Car si tout est possible, plus rien n’a finalement de sens. Le moindre coût du sort peut être annulé par un simple voyage multidimensionnel. Il n’y a plus de véritables conséquences à rien. Plus de risques.
Plus de sentiment qu’il n’existe pas de solution à tous les problèmes.
Benedict Cumberbatch et Elizabeth Olsen portent le film
Le plaisir de l’action brute, le fan service sans fin et les caméos qui dominent les films Marvel depuis No Way Home sont encore là et bien présents. Et quelque part au milieu de tout ça, Sam Raimi trouve quand même de la place pour développer ses personnages.
Une petite place. Les personnages ne sont pas tellement développés. Comme je le disais plus tôt, tout se passe à vitesse grand V et la fin du film est déjà là. Mais les deux acteurs principaux font beaucoup avec très peu : Benedict Cumberbatch et Elizabeth Olsen.
Benedict Cumberbatch, en particulier, je pourrais le regarder jouer le rôle du Docteur Strange pendant des heures. Aucun autre acteur ne pourrait incarner le « maître des arts mystiques » de façon aussi crédible que Benedict Cumberbatch, personnage sympathique avec un brin d’arrogance. « Es-tu heureux ? », demande-t-on régulièrement à Strange, surtout dans le premier acte. Tout comme le Peter Parker de Tobey Maguire dans Spider-Man 2, Strange est constamment en proie à une lutte intérieure pour savoir ce qui est le mieux pour lui et pour le bien commun. Auparavant chirurgien, Doctor Strange essaie de faire fi de ses émotions. B. Cumberbatch joue cela à la perfection.
Wanda Maximoff d'Elizabeth Olsen est tout aussi impressionnante. Elle obtient beaucoup plus de temps d'écran que ce que les bandes-annonces laissaient entendre. Le talent d'actrice d'Olsen est enfin reconnu à sa juste valeur sur grand écran. Rien d'étonnant à ce que le film contienne une grande partie de l’histoire de la Sorcière rouge de que je vous ai déjà expliquée ici. C’est parfait comme ça. Car là où Strange est rationnel et pragmatique, Wanda donne le contrepoint émotionnel qui fait avancer les choses. Finalement, rien ne marque plus que la douleur d'une mère qui a perdu ses enfants.
Verdict : un bon moment, ni plus ni moins
Doctor Strange in the Multiverse of Madness n’est pas mon Marvel préféré. Et pourtant, je l’ai bien aimé. Probablement un peu plus à chaque fois que je le regarde et découvre de nouvelles choses. Le fan de comics que je suis, se réjouit des nombreuses petites intentions pour les fans, des références croisées, des easter eggs et des apparitions en caméo.
Non, on ne s’ennuie clairement pas. Le film est bourré d’action. Cumberbatch et Olsen sont parfaits. Et les influences légèrement sombres de Sam Raimi font du bien à la franchise, même si j'espérais beaucoup plus d’horreur. On perçoit certes sa patte, mais pas aussi clairement que celle de James Gunn dans Les Gardiens de la Galaxie ou de Taika Waititi dans Thor : Ragnarok.
Ainsi, Doctor Strange in the Multiverse of Madness se range plutôt dans la catégorie « hamburger d’une grande chaîne de fast-food » : délicieux et qui fait plaisir, mais pas mémorable.
« Doctor Strange in the Multiverse of Madness » sort le 4 mai au cinéma. Durée du film : 126 minutes. Interdit aux moins de douze ans.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»