
Critique
"Mickey 17" : Robert Pattinson maintient un chaos de science-fiction
par Luca Fontana
Si vous pensiez que Tom Cruise aurait un coup de mou dans le septième Mission Impossible, vous vous trompez lourdement. « Dead Reckoning, partie 1 » a tout pour devenir le meilleur film d’action de l’année.
Avant toute chose : cet article ne contient aucun spoiler. Vous n’apprendrez rien de plus que ce qui a déjà été révélé dans les bandes-annonces déjà diffusées.
Même au bout de 27 ans, Tom Cruise ne se lasse pas de Mission Impossible. L’acteur n’en a pas fini avec son magnum opus : Dead Reckoning, le septième volet de la franchise qui a fait de lui une star des films d’action en 1996, n’est en fait que la première partie. La deuxième partie sortira l’été prochain au cinéma et devrait mettre un point final à Dead Reckoning et à toute la série. Enfin, c’est ce que dit le marketing.
Après tout, Tom Cruise a désormais 61 ans. Ce n’est que quatre ans de moins que Harrison Ford lorsque celui-ci a incarné l’archéologue vieillissant pour probablement la dernière fois dans Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal en 2008. La forme physique affichée par Tom Cruise, avec la même application suicidaire, est d’autant plus impressionnante. Heureusement, tout ça n’était pas vain : si Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1 n’est pas le meilleur film de la saga, il ne rate la première place que d’un cheveu.
Voilà presque trente ans qu’Ethan Hunt (Tom Cruise) a vendu son âme à la FMI (Force Mission Impossible). Leur serment n’exige pas seulement de ses membres des missions manifestement impossibles. Les agent·es de la FMI doivent aussi « vivre et mourir dans l’ombre, pour ceux qui nous sont proches et ceux que nous ne rencontrons jamais ». Acculé, Ethan Hunt avait été forcé de faire ce serment et a depuis sauvé le monde plus d’une fois. Mais il n’avait jamais eu à faire face à un ennemi comme celui-ci, l’Entité.
Cette Entité n’est pas une personne, mais une IA, à la fois partout et nulle part, sans foi ni loi. Son objectif ? Qui sait... Son prochain coup ? Mystère... Une chose est sûre, elle est assez puissante pour détruire l’humanité. Et celui qui parviendrait à la contrôler pourrait tenir entre ses mains l’avenir du monde entier. Les superpuissances s’engagent donc dans une course effrénée, à la fois contre leur propre destruction et pour prendre l’ascendant sur toutes les autres.
Un homme, un seul, a la mission (s’il l’accepte) de réduire à néant l’Entité : Ethan Hunt.
Non, l’apocalypse des robots n’éclate pas encore. Tout du moins pas dans la première partie. Une telle dose de science-fiction ne serait pas compatible avec Mission Impossible. La saga s’est après tout toujours démarquée par son côté terre-à-terre. Enfin, autant que faire se peut lorsqu’on parle de masques hyperréalistes, de barons de la drogue possédant des supervirus ou de terroristes munis d’engins explosifs nucléaires. Et pourtant, une IA qui tire les ficelles, c’est osé. Surtout pour Mission Impossible.
Les passages de Dead Reckoning qui se veulent dystopiques sont d’ailleurs les plus mauvais du film. Notamment au niveau des dialogues. Par moments, on dirait un épisode de Black Mirror mal écrit. Cette série Netflix est connue pour ses descriptions sinistres de l’avenir, si proches du présent qu’elles en sont effrayantes et donc d’autant plus réalistes. Dead Reckoning essaie de faire pareil. Dommage que le réalisateur et scénariste Christopher McQuarrie donne l’impression d’avoir laissé sa place à ChatGPT pour l’écriture des dialogues...
« Quoi, cette chose a une conscience !? », demande le leader d’une organisation secrète. « Oui, et elle manipule les informations de sorte que la vérité telle que nous la connaissons pourrait être en danger », répond un autre.
Je n’ai pas pu m’empêcher de rire... Mais il y a encore mieux :
« L’Entité a hacké tous les systèmes haute sécurité. La CIA, le FBI, la Banque centrale européenne. Vraiment tout. » – « Et qu’est-ce qu’elle a fait ? » – « Rien, elle n’a manifestement fait que laisser des traces pour qu’on les trouve. Elle voulait... » – « … nous faire passer un message : je vais revenir. »
Des phrases qui veulent tout et rien dire, complètement absurdes. Certes, Mission Impossible n’allait pas être nominé à l’Oscar du « Meilleur scénario », mais je ne me souvenais pas que les autres Mission Impossible étaient aussi mauvais sur ce point. Le début avec l’introduction parfaitement ridicule de cette nouvelle super-menace m’a presque fait sortir du film. Heureusement, Mission Impossible a d’autres atouts. Notamment un Tom Cruise au meilleur de sa forme.
Tom Cruise continue de réaliser ses propres cascades. Ce qui était auparavant un passage oubliable du making-of dans les bonus des DVD est devenu sa marque de fabrique, faisant presque partie intégrante de sa personnalité, et sans aucun doute du marketing autour de tous les films Mission Impossible. Tant et si bien que les bandes-annonces IMAX de ses cascades sortent avant la bande-annonce du film lui-même.
The hype is real.
Autrefois, le studio n’aimait pas trop ça, il existe des cascadeurs pour ce genre de chose. Tom Cruise est la star du film, la tête d’affiche de la franchise. Et s’il se faisait renverser par un bus lors d’une énième cascade ou se brisait les os en sautant sur les toits de Londres, et devait mettre un terme à sa carrière (âmes sensibles, s’abstenir) ? Mais l’acteur de 61 ans ne se laisse pas faire. Désormais producteur de ses films, il préférerait virer tous les cascadeurs de la production avant de se faire interdire ses propres cascades.
Pour Tom Cruise, ce type de sport extrême est peut-être une question d’ego ou simplement une passion. Mais cela donne à la franchise un petit quelque chose qui manque à beaucoup de films d’action : le sentiment que le danger est réel. Et après tout, il l’est. Du moins pour lui. Pour le tournage, cela signifie que la caméra peut rester sur Cruise à chaque cascade. Comme quand il crie face caméra alors qu’un saut à moto en bord de falaise se transforme en base-jump avec un vent de face qui le défigure.
La tension est telle que je n’ai pas pu m’empêcher d’enfoncer mes ongles dans le fauteuil du cinéma.
On doit donc ce résultat à la soif d’adrénaline de Tom Cruise, mais aussi au réalisateur. Depuis Rogue Nation en 2015, le cinquième opus de la saga, Christopher McQuarrie est le réalisateur préféré de la star. Et plus précisément depuis Jack Reacher, le film d’action de Tom Cruise de 2012. Même si j’ai critiqué ses dialogues plus haut, je me dois de complimenter McQuarrie ici. Pour ce qui est de l’action dans Mission Impossible, Cruise et lui ont un sens inné de la mise en scène rafraîchissante d’éléments déjà présents dans les films précédents.
Des courses-poursuites folles dans les plus belles villes d’Europe ? Check. Des cascades périlleuses à moto ? Re-check. Des bagarres dans des lieux exigus ? Re-re-check. Des séquences en travelling d’un Tom Cruise en plein sprint ? Serait-ce vraiment un Mission Impossible sans ça ?
L’intelligence de McQuarrie est bluffante d’efficacité. Contrairement à d’autres réalisateurs, il se repose rarement sur les effets spéciaux pour rendre l’action plus imposante que ne le sont les personnes suspendues au bout d’un câble devant un écran vert. Oui, on parle de vous Fast & Furious. Tant qu’on y est, comparons l’action de Fast & Furious avec celle de Mission Impossible. Plus ça va, plus elle est « light » dans les cascades en voiture de Vin Diesel. C’est caractéristique des cascades créées principalement sur ordinateur : la physique est tout simplement bancale. Même quand la star de films d’action ultra-musclée fait la grimace.
Dans Mission Impossible en revanche, l’effort se ressent dans chaque saut, chaque sprint et chaque bagarre. Lorsque les forces G déforment le visage de Tom Cruise pendant son base-jump ou qu’il tente désespérément de ne pas perdre l’équilibre sur un train en marche pendant une bagarre avec un ennemi, on y croit. Une voie spéciale a manifestement été créée pour la séquence du train. Les cascades dessus paraissent d’autant plus réelles, avec gouttes de sueur et vrai danger de mort. C’est cette authenticité qui provoque le frisson, même pour des cascades a priori « petites ».
Cruise et McQuarrie l’ont bien compris, et c’est ce qui différencie Dead Reckoning de la plupart des films d’action actuels. Seule la saga John Wick s’en rapproche, bien que plus brutale.
Tom Cruise et Christopher McQuarrie forment encore un duo de choc pour leur troisième Mission Impossible. Surtout lorsqu’il s’agit d’action ou de cascades toujours plus casse-cou.
Dead Reckoning n’est toutefois pas le meilleur de la série. Ce titre revient à Fallout, son prédécesseur, parfait à presque tous les points de vue : des cascades complètement folles à la présence d’Henry Cavill en passant par le rythme implacable du film. Dead Reckoning pèche lui au niveau de la qualité du scénario. La mystérieuse Entité en particulier est un concept d’IA intéressant, mais truffé de platitudes. Je m’attendais à plus de subtilité sur cet aspect.
Un nouvel antagoniste débarque soudainement : Gabriel (Esai Morales). Les spectateurs comprennent d’emblée qu’il est très important pour Ethan, puisqu’il est la raison principale l’ayant obligé à rejoindre la FMI. À tel point que la seule vue du visage de Gabriel fait l’effet d’un stress post-traumatique chez Ethan. Après sept films, comme ça, il sort de nulle part. On a simplement rajouté un nouveau personnage, monté de toutes pièces.
Mais cela ne nuit pas trop à la bonne impression globale. Mission Impossible : Dead Reckoning, partie 1 se distingue par le reste de son casting. La réalisation est merveilleusement variée et l’action superbement mise en scène. Tous les films-événements devraient être comme ça.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»