Critique
"Inside Out 2 : Quand d'autres sentiments deviennent fous
par Patrick Vogt
Huit ans après le premier volet, Vaiana repart à la conquête des écrans de cinéma. Et le vent lui est favorable. Le deuxième volet reste dans le sillage de son prédécesseur et fait les choses bien.
Avertissement : cette critique de film ne contient pas de spoilers. Vous n’apprendrez pas plus ici que ce que l’on sait déjà et que l’on peut voir dans les bandes-annonces.
Le générique est terminé, et pourtant je continue de chanter « I am Vaiana ». Le tout à voix basse, car je n’ai malheureusement pas la voix de notre héroïne de Polynésie. Si je m’égosille quand même, c’est parce que Vaiana 2 m’a laissé sur un petit nuage. Le grincheux allergique aux comédies musicales que je suis se serait-il adouci avec l’âge ? C’est ce que nous allons voir.
Vaiana est devenue une jeune femme. Trois ans se sont écoulés depuis qu’elle a sauvé l’île de Motunui en Polynésie, patrie de sa tribu, avec le soutien actif du demi-dieu Maui par qui le désastre était d’ailleurs arrivé. Presque plus important encore, en ayant le courage de traverser le Pacifique à la voile, Vaiana a permis aux membres de sa tribu de redevenir ce que leurs ancêtres étaient : des marins.
Depuis, Vaiana, aujourd’hui âgée de 19 ans, ne cesse de parcourir le Pacifique, à la recherche d’autres tribus et d’autres personnes. Lorsqu’elle revient à Motunui avec une piste, son père, le chef de la tribu, décide de lui décerner le titre traditionnel de marin « tautai ».
Pendant la cérémonie de cette remise de titre, Vaiana a une vision dans laquelle lui apparaît un ancêtre, lui aussi tautai. Il lui explique que l’île légendaire de Motufetu est la clé de l’unification de tous les peuples et tribus de la Polynésie. Problème : ces associations ne plaisent guère à Nalo, dieu de l’orage, qui a maudit l’île en question. C’est ainsi que Vaiana et sa joyeuse troupe repartent sauver le monde.
Ses compagnons animaux du premier volet sont également de la partie, tout comme l’insouciant demi-dieu Maui et les Kakamora, des flibustiers noix de coco complètement déjantés.
Sorti en 2016 au cinéma, Vaiana s’en est très bien sorti au box-office, avec près de 700 millions de dollars engrangés dans le monde entier. Mais c’est dans les salles de cinéma à domicile qu’il a explosé tous les records : avec plus de 80 milliards de minutes de streaming, il est le film qui a le mieux marché à ce jour sur Disney+ (en anglais).
Pourtant, au départ, Disney+ prévoyait une série Vaiana, qui était d’ailleurs déjà en production (en anglais). Ce n’est qu’en 2023, lorsque le premier volet est devenu le film le plus diffusé en streaming sur toutes les plateformes aux États-Unis, que le CEO de Disney Bob Iger et son équipe ont changé d’avis et annoncé une suite (en anglais).
Une décision qui s’est avérée payante. La première bande-annonce de Vaiana 2 a été vue 178 millions de fois en 24 heures, ce qui en fait la bande-annonce de film d’animation Disney la plus regardée (en anglais). Les sites du secteur, comme Boxoffice Pro, prévoient également un nouveau record lors de la sortie en salles (en anglais).
Mais le succès qui s’annonce pour Vaiana 2 est-il vraiment justifié ? Personnellement, je pense que oui.
Cette année, j’ai déjà eu l’occasion de parler de Vice-Versa 2, qui est devenu le film d’animation le plus rentable de tous les temps (en anglais), avec des recettes mondiales d’environ 1,7 milliard de dollars. J’ai moi aussi beaucoup apprécié ce spectacle émotionnel, mais je l’ai trouvé en fin de compte un peu trop routinier et semblable à son prédécesseur.
Je pourrais, ou plutôt devrais, dire la même chose de Vaiana 2. On a repris le schéma à succès du premier volet quasi à l’identique, à l’exception de quelques nouveaux personnages et d’une mission légèrement différente. Mais contrairement à Vice-Versa 2, Vaiana 2 ne me semble ni routinier ni artificiel.
Que ce soit au niveau du style d’animation, de la musique, de l’humour ou de l’action, le film s’inscrit pratiquement dans la continuité de son prédécesseur. Malgré tout, Vaiana 2 est si insouciant et rafraîchissant qu’il me fait oublier que j’ai déjà vu quelque chose de très similaire. Vaiana n’est pas seulement devenue une jeune femme, elle est aussi sortie de son ombre.
C’est d’ailleurs sa petite sœur, Simea, qui m’a complètement fait craquer, peut-être parce que j’ai moi-même une petite fille comme elle à la maison. Simea n’apparaît pas souvent à l’écran, mais chacune de ses scènes est chargée d’émotion. Elle m’a même mis les larmes aux yeux.
Comme expliqué plus haut, je ne suis pas fan des comédies musicales. Pour moi, toutes les chansons entre les scènes n’ont pas leur place dans un film. Je fais cependant une exception pour les films d’animation de Disney, et cela s’est confirmé avec Vaiana 2. J’ai apprécié le fait que les intermèdes musicaux font partie intégrante de l’histoire. Tout le contraire de Joker 2 : Folie à Deux, par exemple, où les chansons ne font le plus souvent que répéter ce que les spectateurs savent déjà et viennent de voir, comme mon collègue Luca le déplore à juste titre.
Puisqu’on parle de musique, de nombreux spectateurs ont regretté que Lin-Manuel Miranda ne soit pas de la partie pour Vaiana 2. Pour le premier volet, le compositeur américain avait notamment écrit la musique et les paroles de la chanson How far I’ll go, qui lui a valu un Grammy et une nomination aux Oscars. Abigail Barlow et Emily Bear, elles aussi récompensées aux Grammy Awards, ont pris sa suite avec talent. Mes oreilles inexpérimentées en matière de musique de film n’ont en tout cas pas remarqué de baisse de qualité. On peut être sûr que Beyond va rester longtemps dans les têtes. Allez, tous ensemble : « I am Vaiana » !
Au fait, restez bien assis jusqu’à la fin du générique, une petite surprise vous attend...
« Vaiana 2 » est en salles depuis le 27 novembre dans les cinémas suisses. Durée : 100 minutes. Interdit aux moins de 6 ans.
« Vaiana 2 » poursuit l’histoire du premier volet sans pour autant se cacher derrière. Les personnages qui gravitent autour de Vaiana, qu’ils soient connus ou nouveaux, apportent eux aussi un vent de fraîcheur et de nouveauté. Les animations sont magnifiques, les blagues font toujours mouche et les scènes d’émotion sont finement dosées, sans tomber dans la sensiblerie.
Tout au long des 1h40 du film, l’histoire reste divertissante et punchy. Peut-être même un peu trop, au vu de certaines scènes épisodiques qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Cela est peut-être dû au fait que « Vaiana 2 » devait à l’origine être une série.
La suite des aventures de Vaiana ressemble trop au premier volet pour faire figure de film d’animation révolutionnaire. Cela ne change rien au fait que le premier film du réalisateur de David G. Derrick Jr. est un divertissement merveilleux et léger pour petits et grands. Et c’est là toute l’ambition du film. Comme dirait Maui, Chee Hoo !
Je suis un papa et un mari pur-sang, un nerd et un éleveur de poulets à temps partiel, un dompteur de chats et un amoureux des animaux. J'aimerais tout savoir, mais je ne sais rien. Je sais encore moins de choses, mais j'en apprends tous les jours. Ce qui me plaît, c'est le maniement des mots, parlés et écrits. Et c'est ce que je peux démontrer ici.