Dans les jeux vidéo, le gameplay importe moins que l’univers
Point de vue

Dans les jeux vidéo, le gameplay importe moins que l’univers

Valentin Oberholzer
28/12/2024
Traduction: Martin Grande

La jouabilité d’un jeu m’importe peu, du moment que j’évolue dans un monde agréable. Mieux vaut un jeu ennuyeux qu’une atmosphère oppressante.

J’aime bien m’énerver contre les mécanismes de jeu ennuyeux, comme les ennemis bêtes à manger du foin, les compagnons insubordonnés ou le crafting chronophage. Heureusement, je peux passer outre ce genre de détails, si gênants soient-ils. À une condition :

L’univers du jeu doit être à la hauteur.

Les jeux qui m’emmènent dans un monde agréable à découvrir ont toutes les chances de me plaire. J’y explore avec admiration l’environnement créé par les studios de développement.

Naviguer avec mon équipage à travers les îles des Caraïbes en chantant des chansons de marins, que demander de plus ?
Naviguer avec mon équipage à travers les îles des Caraïbes en chantant des chansons de marins, que demander de plus ?
Source : Ubisoft

Mon cœur bat pour les Caraïbes

Pour beaucoup, Far Cry 6 est considéré comme le plus mauvais jeu de la série. Je l’ai quand même terminé et je l’ai adoré, car il se déroule sur une île tropicale de rêve. Les pélicans survolent les plages de sable blanc, les bateaux de pêche sillonnent les eaux turquoise et les rebelles boivent du rhum dans un bar de la jungle. J’adore traverser l’île en écoutant la radio latino, en caressant les soldats errants de mon doux pare-chocs et en leur servant des cocktails Molotov par la fenêtre de temps en temps. Le pied !

Les cocotiers, les plages, le soleil et la forêt vierge correspondent exactement à ce que je recherche. Depuis Assassin’s Creed: Black Flag, les Caraïbes ont une place spéciale dans mon cœur. Grâce à ce jeu de pirates et à Far Cry 6, je plonge dans ce monde lointain sans trop d’efforts. La liberté est maximale, on peut aller presque partout où c’est physiquement possible. Si je tombe sur une île en naviguant dans Black Flag, je prends le temps de nager vers la terre ferme pour voir ce qui se trouve sur ces territoires encore vierges. C’est génial !

Dans « Far Cry 6 », je choisis une plage et je profite de la mer avec Boom Boom, mon chien.
Dans « Far Cry 6 », je choisis une plage et je profite de la mer avec Boom Boom, mon chien.
Source : Ubisoft

Les jeux comme « Dishonored » me pèsent

Les mondes tristes et sombres contrastent avec mes oasis de bien-être. Traverser les ruines d’un château sombre dans Dark Souls ? Je frissonne rien que d’y penser. Parcourir la ville contaminée post-apocalyptique de Dishonored ? Non, merci. Chevaucher pendant des heures dans les plaines brumeuses de Shadow of the Colossus ? Je ne sais pas ce qui pourrait être plus déprimant.

Je n’ai pas envie d’explorer de tels mondes. J’ai déjà du brouillard et de la pluie devant ma porte. Il me manque juste la plage et les cocotiers.

Suis-je bizarre de ne pas me sentir à l’aise dans les égouts puants envahis par les rats ?
Suis-je bizarre de ne pas me sentir à l’aise dans les égouts puants envahis par les rats ?
Source : Studios Arkane

Jouer, pour moi, c’est s’échapper du quotidien. Comme un enfant, je m’émerveille devant les châteaux qui volent, les bazars orientaux et les forêts de champignons géants. Ce sont de belles choses qui ne se trouvent pas au pas de ma porte IRL. C’est justement lorsqu’il fait froid et qu’il pleut que je pars m’évader quelques heures sous le soleil virtuel. C’est la raison pour laquelle je retourne aussi souvent dans mes lieux numériques de prédilection.

Quand les apparences comptent

De temps à autre, je crée un nouveau personnage elfe de sang dans World of Warcraft juste pour revoir la zone de départ dans le Bois des Chants éternels. Je pourrais passer des heures à lancer des boules de feu sur les wyrms de mana qui peuplent cette forêt mystique, sans but précis, dans une totale béatitude.

Ça ne me dérange pas de n’avoir qu’un seul sort à ma disposition, d’appuyer toujours sur les mêmes combinaisons de touches et de constater que les wyrms n’apprennent rien de leurs erreurs. La quiétude qui m’enivre alors fait passer au second plan le gameplay passif et répétitif que je m’inflige.

Des arbres mystiques, des tours elfiques élaborées et des cristaux magiques flottants : le Bois du Chant éternel de « WoW » est mon havre de paix.
Des arbres mystiques, des tours elfiques élaborées et des cristaux magiques flottants : le Bois du Chant éternel de « WoW » est mon havre de paix.
Source : Blizzard Entertainment

C’est la même chose que dans Far Cry 6 . La satisfaction que procurent les armes, le réalisme avec lequel les ennemis réagissent à mes attaques et la répétitivité du gameplay me laissent de marbre. Joyeux, je suis occupé à survoler l’île volcanique en wingsuit, à nourrir les pélicans et à contempler le coucher de soleil sur la plage. Si le monde du jeu me plait, je pardonne les pires erreurs de jouabilité.

« Il faut imaginer Sisyphe heureux », clamait Albert Camus. Plus j’y réfléchis, mieux je comprends. Faire rouler un rocher en haut d’une montagne pour l’éternité ? Tant que la vue est bonne, je n’y vois pas d’inconvénient.

Photo d’en-tête : "Assassin's Creed : Black Flag"

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Mes refuges portent des noms comme la Terre du Milieu, Skyrim et Azeroth. Si je dois les quitter en raison d'obligations de la vie réelle, leurs bandes-son épiques m'accompagnent au quotidien, à la LAN party ou à la session D&D.


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