Et si les villes étaient aménagées comme des terrains de jeux ?
En coulisse

Et si les villes étaient aménagées comme des terrains de jeux ?

Michael Restin
18/1/2023
Traduction: Martin Grande

L’architecture a du pouvoir. Tandis que des projets de « villes actives » sont déjà mis en œuvre, une étude montre que les piétons adopteraient volontiers davantage d'idées prometteuses.

Le mouvement doit être rendu agréable. C’est aussi simple que ça. Les personnes qui n’aiment pas bouger ne le font pas assez. Il est facile de remettre la faute sur le canapé quand la semaine se finit dans l’immobilité. Dans certains endroits, l’environnement rend désagréables le tour de pâté de maisons aussi bien que le trajet au travail dans un moyen de transport autre que la voiture ou les transports en commun. L’observation peu surprenante que les chemins piétonniers aménagés soient plus attrayants pour pousser les gens à marcher fait l’objet d’études intéressantes.

Ceux qui ne sont pas obligés de marcher sur l’étroit chemin piétonnier qui longe une route principale à quatre voies et peuvent se promener dans des espaces verts ou flâner sur de larges chemins sont plus enclins à le faire. Ce faisant, ils entretiennent leur santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux adultes de pratiquer au moins 150 minutes d’activité physique modérée par semaine. Ce serait plus facile à réaliser si nos villes n’étaient pas exclusivement aménagées pour les voitures et les trains.

High Line Park à New York : les rues et voies ferrées réaménagées pour les piétons·nes ont du succès.
High Line Park à New York : les rues et voies ferrées réaménagées pour les piétons·nes ont du succès.
Source : Wikimedia Commons/Wil Fyfordy/CC BY-SA 4.0

Outre les chemins piétonniers, les parcs et les terrains de sport, une myriade de possibilités existe pour inciter la population à bouger plus sans se forcer. Il suffit parfois de trois fois rien. Nous voulons juste une petite invitation à nous diriger dans telle ou telle direction. Un article publié dans le journal « Landscape Research » présente les résultat de l’enquête menée afin d’identifier ces idées.

Villes actives, paysages actifs

Les chercheurs·ses, dirigés par l’auteure principale Anna Boldina de l’université de Cambridge, ont présenté à 595 Britanniques des situations de la vie quotidienne avec des chemins de différentes formes et les ont interrogés sur celui qu’ils choisiraient. Vous pouvez en voir une illustration sur l’image d’en-tête de cet article. Les personnes interrogées ont modifié les situations de départ sur les chemins et dans les parcs, intégré des raccourcis, des éléments rétrécissant le passage ou des chemins d’équilibre au-dessus de l’eau et cherchaient à découvrir l’impact de ces adaptations. En outre, les personnes testées devaient estimer si elles se sentaient capables d’accomplir la tâche et si les chemins montrés leur semblaient difficiles ou dangereux.

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À l’heure actuelle, les nouvelles infrastructures telles que les pistes cyclables et les parcs de sport s’adressent plutôt aux personnes qui font déjà du sport. À l’inverse, il serait intéressant de se poser la question suivante : peut-on inciter les adultes à ne pas prendre le chemin le plus facile afin de pallier le manque d’activité ? En tout cas, sur le papier, les possibilités existent réellement.

Incitation au mouvement pour toutes les personnes

Selon le niveau de difficulté, 14 à 78 pour cent des personnes interrogées accepteraient de faire une petite course d’obstacles et de relever des défis tels que des poutres d’équilibre, des pierres dans un étang ou des marches hautes. Tous les groupes d’âge se sont montrés ouverts à cette idée, à condition que le parcours soit faisable. Il serait donc possible de les faire bouger, si les villes ressemblaient plus à des terrains de jeux pour enfants qu’à des tas de béton uniformisés.

En complément d’offres sportives concrètes telles que « Active City » ou le programme « Global active city » qui a notamment contribué à ce que 50 pour cent de la population de Liverpool, au lieu de 30, devienne suffisamment active, la transformation des lieux de vie quotidienne pourrait contribuer à changer les comportements.

Avec des espaces urbains aménagés, un nombre encore plus important de personnes sédentaires pourraient se mettre à l’activité physique. L’enquête de l’étude montre que la motivation des personnes a augmenté, surtout quand les chemins apportent de la satisfaction sans être dangereux, par exemple, quand ils donnent sur une belle vue ou quand ils raccourcissent le temps de trajet. Il est intéressant de noter que la durée du trajet joue un rôle négligeable dans la motivation des gens.

Invitation sans obligation

Les villes requièrent des chemins simples, polyvalents et qui ne soient pénibles pour personne. Des sentiers que les personnes âgées ou en fauteuil roulant peuvent emprunter, mais qui proposent également de petits défis sportifs de différents niveaux. Ils ressemblent davantage à une invitation qu’à un devoir de devenir enfin actif, comme cela peut être le cas avec les appareils de fitness disposé dans les parcs.

Dans cette « architecture du choix », de nombreux facteurs contribuent à ce que les gens empruntent vraiment de nouvelles voies. Par exemple, des garde-corps, des éclairages ou des signes qui indiquent « c’est par là qu’on va » peuvent conférer une impression de sécurité agréable aux personnes. C’est d’autant plus pertinent que nous prenons exemple sur les autres en permanence. Si une personne ouvre la voie en s’amusant à marcher sur le muret au lieu du chemin classique, la deuxième et la troisième ne tardent pas à suivre. Les personnes interrogées dans l’étude ont exprimé l’envie d’essayer elles-mêmes les structures présentées dans les scénarios théoriques. Il peut être intéressant de noter que dans ce cas, les personnes devaient juste répondre aux questions et fournir une évaluation. Devant un écran. Assises.

Photo de couverture : Anna Boldina/CC BY 4.0

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Scientifique dans le domaine du sport, père haute performance et télétravailleur au service de Sa Majesté la tortue.


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