Inspirations plus belle la vie : fabriquer un tapis
On m’a déjà dit que j’avais de plus en plus de mal à rester concentrée, mais je ne l’ai jamais pris au sérieux. Ou aussi que le fait maison était menacé d’extinction, car aujourd’hui, nous préférons tous appuyer sur des boutons. S’il y a du vrai dans ces théories, il est grand temps de les renverser.
J’adore découvrir de nouvelles choses. Des choses qui me font oublier l’envie de fixer un écran. Des choses qui m’occupent l’esprit. L’année dernière, je me suis essayée au slow coffee en testant la méthode traditionnelle d’infusion par filtre avec le Hario V60. Un véritable succès : aujourd’hui encore, j’apprécie l’infusion consciente, puis un café plus clair et plus aromatique. Cette année, je me suis initiée au tufting (du mot anglais tuft qui signifie touffe), un procédé de fabrication de tapis.
L’idée de créer mon tapis avec le design de mon choix me plaisait autant qu’elle m’effrayait. À peine le cours avait-il commencé que j’ai commencé à m’imaginer les pires scénarios. Je voyais déjà mes cheveux se prendre dans le pistolet à touffeter ou me blesser avec les clous pointus du cadre. Et même si les deux choses sont effectivement arrivées, j’ai persévéré. Aujourd’hui, mon seul regret est de ne pas avoir connu certaines règles avant de me lancer. En les respectant, c’est bien plus qu’un beau tapis qu’on obtient.
1. S’immerger dans d’autres mondes
Au début, j’avais pensé à acheter tout le matériel de tufting et à apprendre à m’en servir toute seule. Mais toute seule à la maison, j’ai du mal à trouver la motivation. Les outils de touffetage auraient probablement subi le même sort que mes peintures acryliques, qui croupissent dans une boîte depuis la pandémie. C’est pourquoi j’ai décidé de participer à un cours du Tufting Club Zürich, donné par Talaya Schmid. Cette artiste indépendante et professeure d’art réalise depuis des années des soft sculptures (sculptures souples) et, avec son assistante Jana, nous guide pendant quatre heures à travers l’art du tufting avec un métier à tisser électrique ; ce qui ne signifie pas pour autant qu’il ne faut pas s’engager physiquement. Le cours se déroule dans un atelier collectif d’un bâtiment industriel à Zurich Hard. Il y a huit à dix participants et il faut avoir 14 ans ou plus pour pouvoir y assister.
Source : Pia Seidel
Ce dont je me suis rendu compte après coup, c’est que le cours va bien au-delà du tufting : vous n’êtes pas juste accompagné et informé sur les techniques et la laine, vous êtes aussi inspiré. Il y a des exemples et des livres qui traînent partout, vous échangez avec les autres participants et vous avez le choix parmi les nombreuses couleurs des bobines de laine. Mais ce qui m’a le plus plu, c’est l’atmosphère de l’atelier, loin du quotidien. Elle était parfaite pour faire abstraction de tout le reste. Rien que pour cette raison, je trouve qu’il vaut la peine de suivre des cours de loisirs créatifs.
2. Se mettre dans le bain bien avant
Vous pouvez participer à un cours de tufting et décider ce que vous ferez une fois sur place. Je vous conseille toutefois de commencer le processus créatif à la maison et de le célébrer. Car, c’est bien connu, l’attente est la plus belle des joies. J’ai suivi le cours trois fois et j’ai fabriqué deux tapis en tout. La première fois, j’ai prévu beaucoup trop peu de temps pour faire des croquis avant d’aller au cours. J’aurais aimé dessiner et m’attarder plus longtemps sur Pinterest pour trouver des idées de tapisserie. Le fait d’arriver avec un projet sur papier vous permet de garder l’esprit libre pendant le cours. Vous pouvez vous concentrer pleinement sur le tufting. Faites-moi confiance : la contrainte temporelle devrait être le cadet de vos soucis.
Source : Pia Seidel
3. Faire un « reality check »
Lorsque vous vous plongez dans les livres, les magazines et le web, vous devez toujours avoir à l’esprit que derrière les beaux exemples se cachent généralement de nombreuses heures de travail. Sans oublier des compétences artisanales apprises sur le long terme, que vous n’obtiendrez qu’avec le temps. Pour mon premier projet de tapisserie, je me suis laissé tenter par des designs haut de gamme. J’ai donc placé la barre trop haut, si bien que j’ai été assez déçue de mes premières tentatives. Préparez également plusieurs esquisses au cas où. Vous pourrez ainsi décider plus tard, avec l’apport des professionnels, laquelle est la plus facile à réaliser.
4. S’engager dans le processus
Vous devriez vous rendre au cours avec des dessins, tout en gardant l’esprit ouvert. En échangeant avec des professionnels, votre projet évoluera. Au début, je pensais que ma fleur devait être bien régulière. Au Tufting Club, j’ai découvert avec combien de variables différentes je pouvais jouer. Par exemple, avec le relief du tapis, mais aussi avec sa densité. C’est pourquoi j’ai essayé deux machines à touffeter et j’ai été ravie du résultat.
Source : Pia Seidel
Source : Pia Seidel
Source : Pia Seidel
5. Le calme est de mise
Je pensais que le tufting ressemblait un peu au tricot. Mais en réalité, le rythme est un peu plus soutenu. Dès que vous appuyez sur la gâchette du pistolet à touffeter, la machine s’emballe comme une voiture tunée de 2 Fast 2 Furious. Il faut donc s’y tenir, prévoir des pauses et garder à l’esprit que le rythme fait autant partie du tufting que la forme du tapis. Sinon, vos cheveux risquent de se coincer dans la machine ou vous vous blesserez avec les clous qui permettent de tendre la toile sur le cadre. Ces deux choses me sont arrivées plusieurs fois alors que je n’avais pas encore trouvé mon rythme.
6. C’est en forgeant qu’on devient forgeron
Je n’ai pas vraiment profité de mon premier cours. J’étais stressée, j’avais des a priori, je ne voulais pas me tromper et je me concentrais trop sur le résultat final. J’ai donc pris un deuxième cours et tout était différent. Je connaissais l’atelier, j’avais des attentes réalistes et je connaissais les bases du tufting. J’étais beaucoup plus détendue. C’est pourquoi je vous conseille d’y aller une deuxième, une troisième et même une quatrième fois. La peur de l’inconnu s’envole et vous pouvez profiter pleinement du moment.
Source : Pia Seidel
Source : Pia Seidel
J’étais également plus impatiente de faire une séance d’entraînement créative le soir, après une journée de bureau que je passe en grande partie assise. Car le tufting est aussi physiquement exigeant. Vous devez vous appuyer contre la toile avec le métier à tisser électrique et tout le poids de votre corps pour créer une tension et réussir le touffetage.
7. Regardez plus loin que le bout de votre nez
Grâce au tufting, vous n’apprenez pas qu’à faire un tapis. Vous en apprenez aussi beaucoup sur la fabrication d’autres tapis et matériaux. Depuis, je perçois les textiles d’intérieur différemment. Chaque fois que je vois un tapis, je me demande combien d’heures de travail manuel (dans mon cas, y compris la sueur et le sang) ont été nécessaires pour le fabriquer. Lorsque les prix des tapis atteignent des sommes à quatre ou cinq chiffres, je ne m’étonne plus. Je me contente de hocher la tête en signe d’approbation, comme une connaisseuse. J’imagine le temps que je devrais consacrer à la confection d’un tel modèle et à combien je pourrais le vendre à mon salaire horaire. Mes fleurs faites à la main vaudraient déjà une fortune. 😉
8. Le meilleur pour la fin
Une fois que le tapis est tufté, il est collé au dos pour que vous puissiez le détacher du cadre et le découper. Ensuite, vous avez deux possibilités : vous pouvez le laisser tel qu’il est ou le tailler et tirer ainsi le maximum de votre design. Je ne peux que conseiller cette dernière solution. Car même si j’étais sceptique au début, j’ai pu corriger des erreurs et les formes ressortent mieux. Le meilleur : contrairement au tufting lui-même, vous pouvez prendre votre temps. Pour mon deuxième tapis mural à fleurs, je l’ai fait en écoutant un podcast ou de la musique et j’ai apprécié ce moment de décélération. J’étais presque triste quand il n’y a eu plus rien à découper. Ce qui m’amène au dernier point, le plus important, de cette expérience de tufting.
Source : Pia Seidel
Source : Pia Seidel
9. Comme souvent : le parcours est plus important que le résultat
En 2003 déjà, Kylie Minogue encourageait dans la chanson Slow à danser plus lentement et à sauter parfois un temps. Une fois de plus, après l’expérience du tufting, je comprends le message qu’elle voulait faire passer. Le fait de se déconnecter, de changer les modèles de comportement influencés par une société axée sur l’efficacité et d’essayer quelque chose de nouveau fait des merveilles. Pour autant que vous soyez prêt à vous ouvrir à de nouvelles idées, à surmonter vos incertitudes au début et à apprendre des autres.
Mon véritable objectif était en effet d’apprendre quelque chose de nouveau et de réduire mon temps d’écran. J’ai laissé le téléphone portable de côté, et je me suis perdue entre-temps pour obtenir le meilleur résultat possible. Je me suis rendu compte que, plus encore que le résultat, c’était le cheminement qui me plaisait.
C’est pourquoi la prochaine fois, il faudra dire : Skip a beat and move with my body, yeah, slow et simplement profiter de l’activité.
Source : Pia Seidel
Source : Pia Seidel
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