
En coulisse
Lorsque les mâchoires et les dents sont à l'origine de troubles physiques
par Daniela Schuster
Les acouphènes sont fréquents, mais leur origine reste inconnue. Je vous dis comment les soigner.
Des basses à vous décoiffer sortent des haut-parleurs, accompagnées du chant strident d’un groupe de rock. Si vous n’étiez pas entouré de toutes ces personnes à l’énergie débordante, vous seriez tenté de dire que c’est beaucoup trop fort ! Mais bon, un concert, une soirée en boîte ou dans un bar, tout cela est synonyme de niveau sonore élevé. Forcément !
Pendant la journée, le bruit émis par le chantier nous agace et nous empêche de nous concentrer. Paradoxalement, le soir, quand on sort, on accepte des bruits intenses. On paie même pour les entendre. Et quand on va se coucher, on a les oreilles qui sifflent. Serait-ce un acouphène ?
Le Larousse définit l’acouphène comme suit : « Perception généralement erronée d’une sensation sonore (bourdonnement, sifflement, grésillement) ». D’accord, mais d’où proviennent ces symptômes ?
Contrairement à ce qui se passe après un concert, où les bruits viennent de l’extérieur et peuvent résonner longtemps avant de disparaître, pour les acouphènes, les bruits viennent de l’intérieur et restent. On parle d’acouphènes aigus quand les bruits partent après quelques semaines, et d’acouphènes chroniques quand ils persistent plus de trois mois. Un rapport du National Institute of Deafness and other Communication Disorders (en anglais) datant de mai 2023 dévoile que 10 à 25 % des adultes souffrent d’acouphènes. Ces derniers deviennent problématiques quand le bruit devient si fort que les personnes touchées n’arrivent plus à se concentrer sur autre chose.
D’un point de vue purement auditif, le fonctionnement de l’oreille peut être décrit comme suit : lorsque les ondes sonores atteignent le pavillon de l’oreille, elles traversent le conduit auditif, font vibrer le tympan, continuent leur parcours dans les osselets et enfin la cochlée, dans laquelle se trouvent de fines cellules ciliées. En se déplaçant, ces cellules convertissent la musique, les paroles et les bruits en signaux électriques qui, à leur tour, sont captés par le nerf auditif et transmis au cerveau pour y être décryptés.
Lors d’acouphènes, les cellules ciliées ont été endommagées suite à des bruits trop forts ou en raison de médicaments endommageant l’ouïe (j’en reparlerais plus bas dans le texte). Le cerveau ne reçoit plus les signaux comme prévu, les neurones sont déroutés et ils transforment les informations erronées en une illusion de bruits : clics, bourdonnements, vrombissements, sifflements, etc. Au final, ce n’est pas seulement l’oreille, mais tout le système auditif, cerveau compris, qui est touché.
Selon l’OMS, une exposition continue à un bruit de 65 dB le jour et 55 dB la nuit est nocive. Les effets peuvent s’avérer catastrophiques : troubles du sommeil, troubles cardiovasculaires, augmentation du risque d’infarctus pouvant atteindre 20 %, etc.
En Suisse, l’Office fédéral de l’environnement a fixé des valeurs de planification de 50 dB le jour et 40 dB la nuit pour le degré de sensibilité « détente ». Les valeurs d’alarme sont à peu près au même niveau que celles fixées par l’OMS.
Les bruits environnants très intenses provenant par exemple d’avions, de trains, de voitures, de travaux ou de bâtiments industriels présentent un gros problème pour notre santé. Des données de 2017 montrent qu’en Europe, 14 millions de personnes ont souffert d’une exposition permanente au bruit, et ce uniquement à cause du trafic automobile. 3,7 millions de personnes ont souffert de problèmes de sommeil et 33 600 présentaient des troubles cardiovasculaires avérés.
Cependant, le bruit n’est pas la seule cause pouvant provoquer des acouphènes. La diminution de l’ouïe avec l’âge, ou la perte d’audition suite à des maladies chroniques (en anglais), au tabagisme ou la diminution normale des capacités sensorielles peuvent aussi causer des acouphènes.
Des bruits du corps, appelés « bruits somatiques », sont perçus par la personne. Vous pouvez en faire l’expérience quand vous vous bouchez les oreilles. Les bruits environnants deviennent sourds et vous entendez soudainement les battements de votre cœur.
L’aspirine et l’ibuprofène, ainsi que divers antibiotiques, des cachets contre le cancer et des antidépresseurs entraînent parfois des acouphènes. Un article de Harvard (en anglais) précise qu’en diminuant la dose ou en arrêtant le traitement, les acouphènes pouvaient disparaître.
Dans de rares cas, une tumeur, une pression artérielle basse ou des maladies chroniques comme le diabète, la migraine ou des maladies auto-immunes peuvent aussi provoquer des acouphènes. Si les sifflements dans l’oreille persistent, vous devez absolument consulter un médecin. Un scanner ou une IRM peuvent aider pour déterminer la cause (tumeur, problème au niveau des vaisseaux sanguins, etc.).
Les acouphènes, bien que très pénibles pour les personnes touchées ne sont, en soi, pas dangereux pour l’oreille. Et même si c’est une maladie chronique et encore incurable à ce jour, il existe des méthodes pour aider à mieux la gérer :
Réduire le stress : faites du yoga, des exercices de relaxation ou de respiration, ou optez pour un style de vie plus calme et, si besoin, diminuez votre charge de travail.
Activation : si le bourdonnement et le sifflement persistent, le silence est contreproductif. Si vous souffrez d’acouphènes aigus, sortez, rencontrez des amis, promenez-vous, écoutez les bruits de la forêt et de la nature.
Concentration : apprendre à ne pas écouter. Pour ce faire, écoutez de la musique classique dix minutes par jour. Baissez le volume au minimum et concentrez-vous sur un seul instrument. Cela améliorera votre capacité à faire abstraction des autres bruits.
Carnet de notes, appareil photo, ordinateur portable ou smartphone. Pour moi, vivre, c'est enregistrer, que ce soit de manière analogique ou numérique. Mon iPod Shuffle ne me quitte pas. C'est le mélange qui fait la différence. Cela se reflète également dans les sujets sur lesquels j'écris.