« Morbius » est une grande déception
La sortie en salle de « Morbius » a été repoussée six fois. L'attente en valait-elle la peine ? Le constat désabusé : non.
Avant toute chose : sachez que cette critique ne contient aucun spoiler. Vous ne lirez que les informations connues grâce aux bandes-annonces déjà diffusées.
Là où Spider-Man de Tom Holland connaît le succès grâce à la collaboration entre Marvel Studios et Sony Pictures, Sony Pictures tente en outre de construire son propre univers cinématographique exclusif. Sans Marvel. Sans Spider-Man. En revanche, avec les méchants des comics Spider-Man. Un tohu-bohu en matière de droits de licence, au centre duquel se trouve le Venom de Tom Hardy.
Il existe déjà deux films Venom. Maintenant, un nouveau personnage peut entrer dans le « Venomverse » de Sony : Morbius, joué par Jared Leto. Son parcours a été semé d'embûches. Le tournage du film s'est achevé il y a presque trois ans. Puis est arrivée la pandémie et avec elle, beaucoup de mauvaises nouvelles. Le lancement, initialement prévu pour juillet 2020, a été reporté six fois au total. Mais la vraie mauvaise nouvelle est tout autre :
l'attente n'en valait pas la peine.
De quoi parle « Morbius »
Le Dr Michael Morbius (Jared Leto) est sans doute le biochimiste le plus génial du monde. Si génial qu'il peut se permettre de refuser le prix Nobel : « Je ne veux pas être honoré pour quelque chose qui est un sous-produit accidentel d'une expérience qui a échoué », dit-il. Il s'agit du sang bleu artificiel qui sauve la vie de millions de personnes dans le monde, mais pas la sienne.
Morbius souffre d'une maladie du sang rare qui aurait dû l'emporter il y a longtemps. Mais Morbius est vivant ; si on peut dire ça comme ça. Avec ses dernières forces, il cherche désespérément un remède pour lui et son meilleur ami et financier, Loxias Crown aka Milo (Matt Smith), qui souffre de la même maladie.
Finalement, Morbius semble avoir trouvé le remède : dans l'ADN de vampire. Mais l'expérience qu'il mène sur lui-même tourne horriblement mal. Morbius, le docteur au bon cœur, se transforme en vampire assoiffé de sang.
Ce sentiment très désagréable
Cela vous est peut-être déjà arrivé : les lumières du cinéma s'éteignent. Le film commence. Vous vous réjouissez de voir le film, mais au bout de cinq minutes, vous avez déjà un mauvais pressentiment. Au début, vous arrivez à peine à l'interpréter. Puis le sentiment devient de plus en plus clair :
ça ne va pas le faire.
Morbius est l'un de ces films qui provoquent ce sentiment ; du moins chez moi. Et je ne peux même pas vraiment dire à quoi cela est dû. La forme du jour ? De fausses attentes ? Peut-être... peut-être que le jour de la présentation à la presse, je n'étais tout simplement pas d'humeur à voir un film moyen à la Morbius. Il est vrai qu'il se distingue par un personnage potentiellement ultra-passionnant, plein de conflits et de décisions difficiles, mais il donne tout de même l'impression d'être totalement insignifiant. Par exemple, lorsque Morbius, désormais vampire, dit « J'ai le choix, soit je bois du sang pour vivre, soit je résiste à l'envie et je meurs ». Ce genre de choses exige une prémisse bien trop excitante pour être réduite à néant en seulement 104 minutes. Je déteste les films qui gaspillent leur potentiel avec autant d'amateurisme.
Pas étonnant que j'aie du mal à trouver des qualités à ce film. Pour un film de Jason Statham à la The Meg, je n'ai aucune exigence. Tout ce que je veux, c'est passer du bon temps au cinéma avec un peu de popcorn. Plus les répliques sont stupides, plus l'histoire est aberrante, plus les personnages sont ennuyeux, mieux c'est. Alors, ce n'est pas grave si je vais chercher des chips à la cuisine en passant, sans appuyer sur pause.
Avec Morbius, je m'attendais à autre chose. À quelque chose de mieux. Précisément en raison de son casting de haut niveau. L'acteur oscarisé Jared Leto est présent. Son talent ne fait aucun doute depuis Dallas Buyers Club. Ou l'acteur de caractère Jared Harris, qui est en fait grandiose dans tout ce qu'il entreprend, mais qui ici est au mieux... présent. Et puis il y a aussi le Britannique Matt Smith, ancien acteur de Dr. Who, mais dont je me souviens personnellement surtout dans le rôle du prince Philip dans The Crown de Netflix.
Je me suis dit que même si l'histoire était absurde, ce groupe d'acteurs devait être suffisant pour sauver le film. Eh bien non.
Aucune, vraiment aucune surprise !
Ok, qu'est-ce qui a mal tourné exactement ? Tout d'abord, l'histoire construite de toute pièce et manquant de naturel du scénariste Burk Sharpless, dont le nom est ici littéralement tout un programme.
Par exemple, dans cette scène dans le laboratoire hyper futuriste, lorsque Morbius fait des expériences sur une pitoyable souris albinos. Bien sûr, Morbius est désespéré, son état physique est visiblement horrible. Le fait que tous les moyens soient bons pour trouver un rmède est logique. Mais tout à coup, une urgence : quelque part dans ce laboratoire se trouve une pièce adjacente où il soigne une petite fille.
Pourquoi ? A-t-elle la même maladie ? Je ne pense pas. Mais qui est cette fille ? Pourquoi est-elle là-bas avec Morbius et pas dans un hôpital normal ? Mais peu importe ; elle est là pour que Morbius puisse s'occuper d'elle avec sollicitude. Si bien que nous, spectateurs et spectatrices, oublions immédiatement qu'il était encore en train d'expérimenter avec la douce et mignonne souris albinos. Cette même fillette ne jouera ensuite plus un grand rôle dans le film. Elle a rempli sa fonction narrative.
Et ça continue comme ça tout au long du film. Je n'arrive jamais à rentrer dans l'histoire parce que je dois constamment me taper le plat de la main sur le front. On sait tout de suite qui sera le méchant et pourquoi, et ce n'est pas du tout la grande surprise que la révélation du film veut nous vendre. L'histoire d'amour est tellement tirée par les cheveux qu'elle en devient fracassante. Les motivations des personnages ne servent jamais qu'à faire avancer l'histoire, elles ont rarement un sens réel ou donnent l'impression que des gens normaux comme vous et moi auraient pris les mêmes décisions dans des circonstances similaires.
Mais le pire, c'est que tout cela n'a même pas d'importance. Je vous assure ! Car si j'ai l'impression de voir toute l'intrigue arriver à des kilomètres, quelques personnages mieux écrits ne changeront rien au résultat final qui est un échec. Et puis il y a deux scènes dans le générique de fin qui sont littéralement la goutte d'eau qui fait déborder le vase et qui m'énerve encore plus. J'ai presque envie d'accuser Sony de fraude. Franchement...
Du calme, tout n'était pas nul
Vous vous demandez certainement :« Le film est si nul que ça ? » Pas tout à fait. Morbius a de bons effets informatiques et l'action est mise en scène de manière captivante. Sur ce point au moins, le réalisateur de Life, Daniel Espinosa, fait un travail impeccable. Il parvient même à montrer pas mal de violence pour un film déjà interdit aux moins de douze ans. Bien sûr, ce n'est pas pour le plaisir de la violence. Si le film veut nous vendre qu'il y a un monstre assoiffé de sang qui fait régner la terreur, alors il faut le voir. De plus, Morbius a vraiment l'air effrayant sous sa forme de vampire. Cela correspond au personnage sombre de Morbius dans les comics.
Et oui, Jared Leto est bon dans le rôle du Dr Michael Morbius. Là où il s'est fait critiquer ces dernières années en en faisant trop, par exemple dans Suicide Squad ou House of Gucci, là, il se tient agréablement en retrait. Cela aide à jouer son personnage calme et introverti, qui ne laisse pratiquement personne s'approcher de lui, sauf son ami Milo. Et une autre femme. Pourquoi elle... comme je l'ai dit : l'histoire d'amour est nulle.
Il en va autrement de l'amitié profonde entre Morbius et Milo. Après tout, les deux partagent la même maladie et la même souffrance. Les acteurs sont crédibles.
Bilan : tout simplement vide de sang... eu non, de sens – désolé pour le jeu de mots pourri
Non, Morbius n'est définitivement pas un bon film. À mon goût, il y a tellement de potentiel gâché que je suis plus énervé que ravi par les quelques scènes d'action, pourtant bien réalisées. La faute à un scénario vraiment nul, avec une histoire bien trop stupide et prévisible, dont les acteurs talentueux essaient de tirer le maximum ; le plus souvent en vain.
Qu'en pensez-vous ? Suis-je trop sévère ou êtes-vous aussi déçus que moi ?
« Morbius » sortira en salle partir du 31 mars. Durée du film : 104 minutes.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»