« Bullet Train » : le voyage le plus génial de l'année
Plein d'action, de suspense et d'humour noir : « Bullet Train » du réalisateur de « John Wick » David Leitch, avec Brad Pitt dans le rôle principal, est le genre d'adaptation de roman que personne n'attendait, mais qui ravira tout le monde.
Avant toute chose : cette critique ne contient aucun spoiler. Vous ne lisez que les informations connues grâce aux bandes-annonces déjà diffusées.
Tout ce que le réalisateur et ex-cascadeur David Leitch fait n’est pas toujours génial ; mais beaucoup de choses le sont. Par exemple, le premier John Wick, ou Atomic Blonde. David Leitch est toujours à son meilleur lorsqu'il mise sur sa marque de fabrique : beaucoup d’action sans trop d’images de synthèse, le tout tourné avec calme.
Sa dernière œuvre, Bullet Train, s’inscrit, symboliquement, exactement dans le même répertoire.
De quoi parle « Bullet Train »
Coccinelle (Brad Pitt) est un tueur à gages, l’un des meilleurs même. Si seulement il n'y avait pas sa malchance : ses missions sont certes toujours couronnées de succès, mais tout bascule constamment dans le chaos. Le jour où une mission de trop tourne mal, Coccinelle se met en tête de n'accepter que des missions pacifiques, sans armes, sans morts. Par exemple, monter dans un train, voler une mallette et descendre à la prochaine station. Rien de plus simple, non ?
Cependant, le destin a d'autres plans pour Coccinelle ; une fois de plus. En effet, la dernière mission de Coccinelle – symbole de la chance, comble de l’ironie – l'amène à côtoyer les tueurs les plus meurtriers du monde, et ce dans le train le plus rapide du Japon, le Bullet Train, qui fonce à 320 kilomètres à l'heure reliant Tokyo et Kyoto. Tous ne veulent qu'une seule chose : la mallette. Ba voyons...
Du livre au festival du film
Bullet Train est beaucoup de choses. Avant tout un film d’action, mais parfois aussi une comédie. Parfois aussi un mélange entre thriller, film gangster asiatique et braquage à la Ocean's 11. Et lorsque le Bullet Train traverse les villes pleines de néons à toute allure, des paysages pittoresques et des villages féodaux bordés de cerisiers en fleurs, le film pourrait tout à fait passer pour une publicité pour le Japon ; avec l'aval du ministère du Tourisme.
Rien d’étonnant : Bullet Train est une adaptation de roman du best-seller japonais du même nom paru en 2010. Le livre a été écrit par Kotaro Isaka, qui est surtout célébré pour son rythme fou et ses dialogues remplis d'humour noir. Je n'ai pas lu le livre, mais à en juger par le film, le scénariste Zak Olkewicz a fait une adaptation magistrale. Après tout, Bullet Train n'est pas seulement agréable à regarder pour l'action typique à la David Leitch ; les dialogues entre les tueurs me font toujours sourire, parfois même rire à gorge déployée.
Par exemple, lorsque Coccinelle cite son thérapeute en disant quelque chose de ridicule comme « si tu apportes la paix dans le monde, tu obtiendras la paix en retour », et que sa commanditaire, dont l'identité serait un spoiler, lui répond sèchement : « Tu oublies ce que tu fais pour gagner ta vie. Prends l'arme. »
Cette délicate suffisance que l’on retrouve tout au long du film est tout simplement fantastique. Même si Bullet Train se permet de tirer parfois les choses un peu en longueur. Non pas qu’il ne se passe rien, mais plutôt parce que les nombreux échanges de coups entre les passagers meurtriers peuvent parfois paraître un peu répétitifs. Mais bon, précisons que c'est une critique de haut niveau. Et c'est justement au moment où l’on pense avoir fait le tour du film – de l’histoire – que le scénario de Zak Olkewicz en rajoute une couche.
Le dernier debout gagne
Mais les autres tueurs à bord du train à grande vitesse sont au moins aussi divertissants que le Coccinelle de Brad Pitt ; j'adore le talent de comédien de Pitt, il devrait le montrer beaucoup plus souvent. Tangerine (Aaron Taylor-Johnson, Kick-Ass) et Lemon (Brian Tyree Henry, Eternals), qui se comportent comme un couple marié se chamaillant constamment, me rappellent Key & Peele et comptent ainsi facilement parmi les points forts du film. Le mexicain The Wolf (Bad Bunny) pourrait presque sortir de Breaking Bad et être entré par erreur dans le mauvais film... ou plutôt dans le mauvais train. The Prince (Joey King) joue l'écolière innocente, qui ne l'est pas du tout. Et The Elder (Hiroyuki Sanada) et son fils (Logan Lerman) complètent cette fantastique brochette d'acteurs avec la touche asiatique nécessaire.
Je ne citerai volontairement pas d'autres acteurs ou actrices ; moins vous en savez, mieux c'est.
Aucun doute : le département responsable du casting a fait un excellent travail. C'est important. Bullet Train tire aussi sa fascination d'une certaine ressemblance avec le jeu pour enfants des chaises musicales. En effet, tout comme dans le jeu, quelqu'un est éliminé toutes les quelques scènes du train mortel (bien que personne ne meure dans le jeu pour enfants), qui se faufile comme un microcosme à travers le Japon moderne ; sauf qu’il le fait à 320 km/h. C'est passionnant pour nous, spectateurs, car les personnages ne sont pas de pâles décalcomanies dont personne ne se soucie. Qui restera en vie jusqu'à la fin et ce qui les attend au terminus est une question qui tracasse tout le monde.
Ce qui reste est un thriller d'action simple en soi qui reste incroyablement original. Pas seulement pour son humour, mais aussi parce que plus le temps passe, plus un réseau complexe de doubles jeux et de rebondissements se met en place. Mais comme je le disais : moins vous en savez...
Bilan : que dire de plus ? Regardez le film
Lorsque le Festival du film tessinois s'ouvrira à Locarno et que le Pardo d'Oro sera remis, l'attention de nombreux festivalières et festivaliers se portera sur la Piazza Grande. Là où Brad Pitt et David Leitch ouvriront le festival avec Bullet Train.
En comparaison, ce que j’ai à dire sur le film est presque ridicule. D'autant plus qu'il pourrait facilement passer pour mon film préféré de 2022. C'est peut-être pour cela qu'il me plaît tant. Le réalisateur David Leitch, ancien cascadeur, célèbre chaque cascade et met tout son savoir-faire en matière d'action dans chaque scène soigneusement chorégraphiée. À cela s'ajoutent des personnages remarquablement bien écrits et des dialogues aussi malins que drôles, soutenus par un casting formidable et une histoire au départ simple, qui ne se révèle qu'après coup plus complexe qu'il n'y paraît. Et, venant de nulle part et époustouflant, le final, qui ferait même rougir Quentin Tarantino, le maître de cette astuce narrative, est le comble.
Pour faire court : à voir absolument.
« Bullet Train » sortira au cinéma à partir du 4 août. Durée du film : 126 minutes. Interdit aux moins de 16 ans.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»