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Un chien robot accessible au grand public grâce à Xiaomi
par Martin Jud
Tesla veut lancer sur le marché un robot humanoïde l’année prochaine. Il devrait être sympathique et accepter un travail ennuyeux, répétitif ou dangereux. Le début d’un nouveau monde ?
Tout a commencé par un rêve, une vision. Le patron de Tesla, Elon Musk, veut lancer sur le marché dès l’année prochaine un robot humanoïde qui vous facilitera la vie. Son nom ? Tesla Bot alias Optimus.
Optimus reste pour l’instant un pur projet :il n’en existe encore aucun prototype. Il s’agit, comme l’idée d’une voiture électrique l’était il n’y a pas si longtemps, d’une vision. Ainsi, lors de l’annonce du robot, une danseuse costumée a suffi pour animer la présentation.
L’Optimus devrait mesurer 1m72, peser 57 kg et être capable de transporter jusqu’à 20 kg. Il devrait également pouvoir soulever environ 70 kg en position debout. Tesla prévoit de construire le robot à partir de matériaux légers et de l’équiper de caméras, d’un ordinateur entièrement autonome, de capteurs de mouvements et de toucher, et enfin d’un réseau neuronal artificiel. Les mouvements seront assurés par 40 moteurs électriques. Si tout se passe bien, le futur propriétaire du Tesla Bot pourrait faire changer les pneus de sa voiture par Optimus, ainsi que tous ceux du voisinage. Ils seront heureux d’économiser non seulement du temps, mais aussi de l’argent en évitant une visite chez le garagiste.
Le marché boursier n’a pas vraiment réagi pendant le week-end suivant l’annonce d’Elon Musk le jeudi de la semaine dernière. L’idée semble pourtant faire son chemin, même si l’on peut se demander si l’homme d’affaires d’origine sud-africaine sera en mesure de respecter son ambitieux calendrier. Tesla recherche encore des experts pour réaliser ses plans, il n’y a pour l’instant encore rien de concret. Cependant, l’idée en elle-même peut potentiellement changer l’ensemble de l’humanité. Cette révolution pourrait se traduire par des chamboulements économiques, sociaux et culturels : notre mode de vie pourrait radicalement changer. Notre conception du travail, voire de l’existence entière, pourrait être rapidement bouleversée.
Mais nous n’en sommes qu’au début. Où se situe l’humanité ? Depuis bien longtemps, les robots se sont évadés de l’univers de la science-fiction. On les trouve notamment depuis de nombreuses années dans l’industrie ou même à l’armée. Les robots sont utilisés à des fins très diverses : entrepôts entièrement automatisés, robots de production dans l’industrie automobile, robots de nettoyage ou drones de combat. Mais tous font partie de la famille des robots spécialisés. Leur utilisation se limite à des tâches bien précises. Mais un robot qui peut faire pratiquement tout ce que nous, humains, pouvons faire ? Il n’existe pas. Ou peut-être que si ?
La vision d’Elon Musk n’est nullement de la science-fiction. Les robots Atlas de Boston Dynamics montrent que les humanoïdes artificiels peuvent déjà se déplacer avec une certaine autonomie. Ils ne craignent pas non plus les courses d’obstacles avec sauts périlleux au programme :
Les « émotions » à la fin du parcours ont été programmées par des humains, mais les deux robots de 1m50 de haut et pesant 80 kg les retranscrivent si bien que nous nous réjouissons de leur performance, ou peut-être suis-je le seul dans ce cas ?
Moins mobiles qu’Atlas, mais au moins aussi connu, Asimo de Honda. Le robot, qui mesure 1m34 et pèse 48 kg, a vu le jour en novembre 2000 et ne cesse de s’améliorer depuis lors. Sa particularité réside dans sa capacité à reconnaître les visages et les gestes : il réagit ainsi de manière autonome aux personnes.
Même s’ils sont impressionnants, Atlas et Asimo restent des robots spécialisés. Il manque le chaînon manquant, capable de combiner leurs caractéristiques. Mais les pièces du puzzle pour Elon Musk et Tesla existent déjà. Il faut maintenant assembler le tout. La fonction de cartographie automatique des robots aspirateurs actuels pourrait être utilisée tout autant que la courtoisie d’Asimo ou l’agilité d’Atlas.
Pour moi, des compétences en cuisine devraient absolument s’ajouter au programme. Une cuisine robotisée existe déjà depuis cette année, mais son prix peut quelque peu nous refroidir : 340 000 dollars.
Les progrès ont été phénoménaux des dernières années, même s’il reste encore des problèmes à résoudre, comme la faible autonomie des batteries. Cependant, les timides coups de pied d’Asimo sont depuis longtemps dépassés. Boston Dynamics prouve avec ses robots qu’une réplique de l’appareil locomoteur humain existe déjà sous forme de copie robotique et fonctionne à merveille. Avec tout ce que nous, humains, avons créé dans le domaine de l’IA, après le lave-linge, le lave-vaisselle et le robot de nettoyage, la voie semble ouverte pour le Tesla Bot d’un point de vue technologique. Peut-être arrivera-t-il dans un an, peut-être plus tard. Je ne doute pas de sa venue. Une entreprise de l’importance de Tesla, avec un patron ambitieux et un peu fou, en fera une réalité.
Et nous, humains, que devons-nous attendre de ces robots ?
Elon Musk a déclaré à la chaîne de télévision états-unienne CNBC qu’il n’envisageait pas, pour l’instant, d’utiliser le Tesla Bot dans ses usines. Toutefois, il a poursuivi en soulignant que les robots pourraient avoir un impact profond sur l’économie et surtout sur le marché du travail. Qu’entend-il par là ?
Elon Musk voit un futur plein de robots. Ils ne reprendraient pas seulement le travail dans les hangars industriels, mais aussi celui des employés de la Poste, des concierges ou des peintres automobiles. Les chauffeurs de taxi n’appartiendront donc probablement pas au passé à cause des robots Tesla, mais bien à cause des voitures à conduite autonome. Le robot que vous enverrez en ville pour faire des courses les conduira également. Peut-être prendra-t-il votre chien robot avec lui et le laissera-t-il faire un caca numérique dans le parc de la ville ?
Le monsieur qui devait mettre un cornichon dans le sandwich toutes les cinq secondes sur la chaîne de montage de grandes boulangeries a depuis longtemps été remplacé par une machine. Mais le présent du producteur de concombre pourrait bientôt devenir l’avenir de beaucoup d’autres personnes. Il n’est pas improbable que dans un futur proche, de nombreux emplois disparaissent à cause des robots. Seuls survivraient dans le monde professionnel les emplois scientifiques, sociaux et créatifs. Ainsi, comme pour les précédentes révolutions industrielles, les moins formés en seront les premières victimes. En d’autres termes, tous ceux qui connaissent déjà une existence précaire.
Mais Elon Musk a également une idée derrière la tête quant au futur de ces derniers. Il a déclaré au magazine spécialisé Tech Crunch qu’à long terme, un revenu de base universel lui semblait inévitable. De cette façon, tous ceux qui sont menacés de perdre leur emploi pourraient également bénéficier d’un moyen de subsistance.
Les nouvelles technologies au niveau des robots présentent donc à la fois des opportunités et des risques. Par exemple, un robot peut être programmé pour espionner ses propriétaires. Si les futurs robots acquièrent la capacité d’apprendre par eux-mêmes, il faudra bien sûr prendre des précautions et légiférer. Des lois qui sont d’ailleurs elles-mêmes fondées sur des concepts humains, éthiques et moraux. À l’image des lois sur les robots établies par Isaac Asimov il y a près de 80 ans :
Le monde se développe-t-il pour le mieux grâce aux robots ? Question de point de vue. Depuis toujours, les inventions rencontrent non seulement l’approbation, mais aussi le rejet. C’est par exemple ce qui s’est également passé avec l’imprimerie et Internet. Aujourd’hui, les livres semblent presque dépassés et Internet fait partie intégrante de notre vie quotidienne. Les deux ont détruit des emplois, mais en ont aussi créé de nouveaux.
Peut-être que le monde va dans la bonne direction grâce à la robotique. Un monde où le profit ne constitue plus la seule préoccupation, dans lequel, grâce au revenu de base, personne ne court jamais le risque de se marginaliser en sortant du « système », un monde dans lequel chacun aura la possibilité de se réaliser. La possibilité donnée de s’accomplir dans le sport, dans une profession sociale, comme apiculteur ou comme artiste qui souhaite découvrir le monde. Il n’est bien sûr pas exclu que la situation devienne incontrôlable comme dans WALL-E.
Je considère la probabilité d’une apocalypse robotique de type Terminator comme très faible, du moins tant que nous ne permettrons pas aux robots de devenir leur propre maître. De toute manière, ce ne serait pas l’intelligence artificielle des robots qui nous tuerait, mais l’humain derrière la programmation de l’IA. À nous de définir et de renégocier constamment le sens et la finalité des robots. Il faut juste espérer que la négociation n’impliquera pas des personnes qui veulent larguer des bombes nucléaires, du napalm ou construire des camps de concentration.
Le baiser quotidien de la muse stimule ma créativité. Si elle m’oublie, j’essaie de retrouver ma créativité en rêvant pour faire en sorte que mes rêves dévorent ma vie afin que la vie ne dévore mes rêves.