Critique

« The Marvels » : pas si horrible que ce qu’on dit

Je craignais vraiment le prochain gros flop de Marvel. Mais à vrai dire, « The Marvels » se révèle être l’un des meilleurs Marvel de ces dernières années, et aussi le plus court !

Avant toute chose : cet article ne contient aucun spoiler. Vous n’y trouvez que des informations qui figurent dans les bandes-annonces officielles.


En allant voir The Marvels, je ne m’attendais à rien. « Et tu es quand même déçu », me direz-vous si vous avez vu la série Malcolm. Après tout, Marvel se couvre rarement de gloire. Surtout au cinéma, même si le studio a réussi à sortir l’un de ses films les plus mémorables avec Les Gardiens de la Galaxie, Vol. 3.

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À cela s’ajoute le fait que les protagonistes sont soit peu populaires (tousse, la Captain Marvel de Brie Larson, tousse), soit peu connus. Par exemple, si vous n’avez jamais vu la série Miss Marvel, assez sympathique mais pas exceptionnelle, vous ne connaissez probablement pas la Kamala Khan d’Iman Vellani. Il en va de même pour Monica Rambeau, interprétée par Teyonah Parris, qui n’a pour l’instant été vue que dans WandaVision. Le fait que Marvel n’ait guère fait de publicité pour ce film était pour beaucoup un aveu que ce dernier est bel et bien mauvais.

Mais finalement,The Marvels n’est pas si mal. On est même bien loin de la catastrophe redoutée par les fans.

L’intrigue de The Marvels

Il se passe des choses étranges dans l’univers. Comme des trous de ver qui s’ouvrent pour le voyage intergalactique dans l’espace, sans se refermer ensuite. L’un d’eux se trouve juste à côté de la planète Terre. Et lorsque Nick Fury (Samuel L. Jackson) lance l’enquête en compagnie de Monica Rambeau, astronaute sur la station S.A.B.E.R., les choses deviennent encore plus folles : Monica disparaît et est soudain remplacée par une jeune fille du New Jersey, Kamala Khan.

Mais ce n’est pas tout : lorsque Carol Danvers, alias Captain Marvel, examine l’autre côté du vortex, elle se retrouve téléportée dans la chambre de Kamala Khan ! Et Monica Rambeau apparaît soudainement là où se trouvait Captain Marvel. On comprend vite que les trois ont échangé leurs places sans le vouloir.

Personne ne sait d’où vient le phénomène. Ce qui est clair, c’est qu’un lien s’est établi entre leurs pouvoirs. Et que la personne derrière ces trous de ver ouverts est une certaine Dar-Benn (Zawe Ashton), la nouvelle cheffe des Kree. Cette dernière a d’ailleurs un compte à régler avec Captain Marvel. Il faut dire que notre héroïne a détruit l’Intelligence Suprême des Kree, causant ainsi de grands dommages à cet empire autrefois glorieux.

Une mise en scène fraîche et pleine d’humour

Comme je l’ai dit plus haut, je ne m’attendais vraiment à rien. C’est d’ailleurs peut-être pour ça que j’ai été aussi agréablement surpris par The Marvels. Ce film est tout simplement trop divertissant et sa mise en scène trop enlevée pour qu’on en dise du mal. Les scènes d’action font justement partie des plus rafraîchissantes que Marvel ait produites ces derniers temps, même si je n’étais pas convaincu après avoir vu les premières bandes-annonces.

Avec trois héroïnes qui échangent leurs places de manière incontrôlée à chaque fois qu’elles utilisent leurs pouvoirs en même temps, je m’attendais à une mise en scène chaotique avec des allers-retours entre Danvers, Khan et Rambeau à la manière d’un « Jason Bourne » effréné, jusqu’à ce que mon pauvre cerveau de spectateur explose. J’étais donc prêt à me farcir un film « fatigant », mais la réalisatrice Nia DaCosta m’a prouvé que j’avais tort. Jetez un œil à cette vidéo d’une minute qui rend un superbe hommage à la géniale scène du bus de Shang-Chi, sans se contenter d’en faire une pâle copie :

La bonne nouvelle, c’est que, comme le montre ce petit avant-goût, Nia DaCosta sait très bien mettre en scène les combats de manière variée, mais jamais fatigante. J’affirme même que Marvel a rarement été aussi créatif dans ses chorégraphies de combat que dans ce film. D’autant plus quand on repense à l’abondance d’images de synthèse sans âme d’Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, qui est malheureusement devenu la norme chez Marvel.

D’ailleurs, en matière de créativité, The Marvels se lâche. Vous vous souvenez de Goose, la chatte orange de Captain Marvel, qui était en fait une Flerken ? Elle fait quelques apparitions absurdes et mémorables dans ce nouveau film, notamment en compagnie de sa progéniture. On découvre également une planète où, la langue officielle étant un chant, tous les dialogues sont chantés. The Marvels se transforme alors en une véritable comédie musicale le temps de quelques minutes. C’est fait de manière drôle, kitsch et fantastique : on se croirait presque à Broadway. On est loin de cette scène satirique de Hawkeye.

« The Marvels », offre quelques-unes des scènes les plus inventives que j’ai jamais vues dans un Marvel. C’est surtout le cas pour celles de Kamala Khan (Iman Vellani) alias Miss Marvel.
« The Marvels », offre quelques-unes des scènes les plus inventives que j’ai jamais vues dans un Marvel. C’est surtout le cas pour celles de Kamala Khan (Iman Vellani) alias Miss Marvel.
Source : Disney / Marvel Studios

Des personnages (un peu) développés

Face à toute cette variété de mise en scène, difficile de s’ennuyer. Surtout que le film n’est pas très long : avec 100 minutes au compteur, c’est le plus court de tous les Marvel. Ça en rendrait presque le film divertissant par défaut. Les personnages en paient parfois le prix, mais moins que je ne le craignais.

Carol Danvers, par exemple, est beaucoup plus sympathique et abordable que dans Captain Marvel, où on la présentait comme une femme de pouvoir sûre d’elle et sans aucun défaut. Une surfemme trop parfaite et incorruptible pour être vraie. Dans The Marvels, ce statut de quasi-légende prend un coup dans l’aile. C’est léger, mais suffisant pour que j’arrive mieux à m’identifier au personnage.

J’ai apprécié le fait que Carol Danvers (Brie Larson), alias Captain Marvel, soit plus humaine dans ce film.
J’ai apprécié le fait que Carol Danvers (Brie Larson), alias Captain Marvel, soit plus humaine dans ce film.
Source : Disney / Marvel Studios

Kamala Khan reste elle aussi gaffeuse et sympathique que dans sa série, Miss Marvel. Sa talentueuse interprète, Iman Vellani, veille à ne pas tomber dans une mièvrerie enfantine à la Disney Channel. Et quand les blagues fusent dans le film, c’est souvent grâce à elle. Ou à sa famille (sa maman indienne à la fois envahissante et chaleureuse, son papa attentionné et qui s’efface derrière sa femme), que j’avais déjà trouvée très drôle dans Miss Marvel. Le film leur accorde beaucoup plus de place que je ne l’aurais cru, et c’est tant mieux.

Pour ce qui est de Monica Rambeau, je suis un peu moins enthousiaste. Si l’alchimie entre les trois héroïnes est excellente et porte entièrement le film, j’ai noté quelques bizarreries. Un exemple : enfant, Monica a en effet été abandonnée par sa « tante » Danvers (Captain Marvel), partie combattre les méchants et qui n’a plus jamais donné signe de vie. 20 ans plus tard, la rancœur se dissipe tout simplement en l’espace d’une courte conversation. C’est bon pour le flow du film, mais ça manque de logique, et la crédibilité de Monica Rambeau en tant que personnage réfléchi en pâtit.

Le fait que Monica Rambeau (Teyonah Parris) n’ait pas encore eu son propre film ou sa propre série se remarque à la profondeur de son personnage.
Le fait que Monica Rambeau (Teyonah Parris) n’ait pas encore eu son propre film ou sa propre série se remarque à la profondeur de son personnage.
Source : Disney / Marvel Studios

Mais c’est l’antagoniste, Dar-Benn, qui tombe vraiment à plat. Ses motivations sont certes compréhensibles, mais l’actrice Zawe Ashton a si peu de temps d’écran que même l’elfe noir Malekith de Thor: The Dark World donne l’impression de sortir tout droit d’un thriller psychologique suédois oppressant, avec une étude approfondie de son caractère. En fin de compte, Dar-Benn semble n’être qu’une excuse qui permet aux trois protagonistes de s’allier contre une adversaire commune.

Conclusion : je ne pensais pas apprécier The Marvels autant

Qui l’aurait cru ? The Marvels n’est pas le pire film de l’histoire de Marvel. D’autres opus méritent davantage ce titre. Et ils sont tous issus de la phase quatre de l’univers cinématographique de Marvel.

  • Point de vue

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Mais dans The Marvels, je ressens l’amour du genre et le sens de la curiosité dans chaque plan. C’est l’un des plus grands compliments que je puisse faire à Marvel actuellement. Mais attention, on ne peut pas dire que The Marvels joue dans la même catégorie que Les Gardiens de la Galaxie, Vol. 3. En matière de scénario et de profondeur, ce film d’héroïnes est très loin de pouvoir rivaliser. Et une fois le générique de fin lancé, le film est déjà presque oublié (même si la scène post-générique vaut la peine d’être vue).

Mais en attendant, on n’a pas vu le temps passer et on ne ressort pas du cinéma avec l’impression d’avoir gâché deux heures de sa vie. Et puis d’ailleurs, tous les Marvel ne sont pas obligés d’être aussi bouleversants que Les Gardiens 3. Ça fait aussi du bien de s’amuser un peu devant un divertissement qui ne nous prend pas pour des idiots.

En bref, je suis content.


« The Marvels » est sorti en salles le 8 novembre 2023. Durée : 100 minutes. Interdit aux moins de 12 ans.

Photo d’en-tête : Disney // Marvel Studios

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Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.» 

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