Le service cloud gaming de Netflix est-il voué à l’échec ?
Netflix veut proposer un service de cloud gaming, c’est-à-dire des jeux mobiles et vidéos en streaming. Le succès du géant du streaming de films et de séries dépendra de sa persévérance.
Mike Verdu, vice-président de Netflix pour le gaming, a révélé la news après exactement trois heures et 39 minutes : « Nous pensons explorer sérieusement une offre de cloud gaming qui nous permettrait de mieux toucher notre clientèle. »
Le secteur est sur le qui-vive. À l’occasion de la conférence TechCrunch Disrupt, Mike Verdu ne vient pas seulement d’annoncer en direct sur scène un service de cloud gaming pour smartphone, téléviseur et PC, mais aussi, indirectement, de vouloir faire mieux que Google. Il y a seulement quatre ans, le géant de la recherche présentait en fanfare son propre service cloud gaming, Stadia. En janvier prochain, il sera déjà désactivé ; Stadia n’est qu’un des nombreux services cloud gaming qui ont échoué.
Mais Netflix sait déjà comment faire mieux : « Nous ferons exactement comme nous l’avons fait pour les jeux mobiles : commencer petit, être humble et réfléchi, et évoluer pas à pas », dit Mike Verdu. À ce jour, Netflix propose 35 jeux mobiles. 55 nouveaux sont en développement. De plus, un nouveau studio de jeu devrait voir le jour dans le sud de la Californie. Le modèle commercial devrait s’inspirer du Game Pass de Microsoft. Est-ce que le service cloud gaming de Netflix est-il une évidence pour autant ? J’en doute.
Les nombreux obstacles du cloud gaming
Le premier obstacle que Netflix devra surmonter sera probablement la mise en place et le développement d’une infrastructure technique solide pour les jeux en cloud. C’est du moins ce qu’affirme Joost van Dreunen de la NYU Stern School of Business au magazine The Verge. Selon Joost van Dreunen, le backend de Netflix est basé en grande partie sur les services web d’Amazon (AWS). Selon lui, ce n’est pas idéal pour le streaming de jeux, surtout pour les jeux multijoueurs. De grands studios comme Roblox ou Riot auraient par exemple mis en place leurs propres services afin de garantir des temps de latence et de téléchargement plus faibles. Netflix serait donc sur le point de prendre un engagement similaire. Aussi bien en termes de temps que d’argent.
Un autre obstacle pourrait être la couverture Internet haut débit, encore faible dans le monde entier, y compris aux États-Unis, le marché domestique de Netflix. Le cloud gaming, mais aussi le streaming de contenus UHD, nécessite une bande passante d’au moins 25 mégabits par seconde (Mbit/s). Pour rappel, dans le rapport « State of the Internet » d’Akamai, la Suisse surfait en 2017 à une vitesse moyenne d’environ 21,7 Mbps, ce qui la place au 5e rang mondial ; loin devant les États-Unis. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux services de cloud gaming soient abandonnés après une courte durée de vie.
L’obstacle le plus important reste toutefois l’offre ou le développement de jeux exclusifs pour sa propre plateforme. Sinon, comment Netflix pourrait-il s’imposer face à la concurrence de Microsoft ou de Nvidia en matière de streaming de jeux ? Mais Google et Amazon ont déjà montré que la programmation de jeux était difficile : les propres studios de Stadia ont été fermés par le géant de la recherche dès 2021, soit moins de deux ans après le lancement officiel de Stadia. Cela fait aussi déjà bien huit ans qu’Amazon tente de faire un tabac après avoir dépensé des dizaines de millions de dollars de fonds ; en vain. Seul le MMO New World a connu un bon départ. Entre-temps, le nouveau monde n’est plus peuplé que par une moyenne de 50 000 joueuses et joueurs, alors que 15 millions seraient enregistrés. Pour Netflix, le fait que Microsoft ait une avance de plusieurs décennies en matière de savoir-faire dans le développement de jeux est un facteur aggravant.
Comment est-ce que tout pourrait bien se passer ?
Le vice-président du gaming sur Netflix, Mike Verdu, ne veut rien savoir de tout cela : « Nous voulons développer de nouvelles compétences avec des jeux internes. Nous voulons que les équipes traversent les cycles ensemble, collaborent bien et livrent d’excellents produits », a-t-il déclaré avec optimisme lors de la conférence TechCrunch. « Parfois, la seule façon d’y parvenir est de donner aux équipes l’espace nécessaire au sein d’une organisation. »
Des mots qui sonnent bien et qui veulent tout et rien dire à la fois. Il semble que Mike Verdu reste volontairement vague sur le sujet. Personne chez Netflix ne veut perdre la face comme Google l’a fait avec Stadia. Il est de toute façon encore trop tôt pour évaluer les chances de succès. Mais il y aurait tout de même un scénario concret, explique Lewis Ward de la société d’études de marché américaine IDC à The Verge. À savoir, si Netflix venait à célébrer un autre succès viral en streaming à la Squid Game ou Stranger Things et l’accompagnait d’un jeu AAA tout aussi bon ; bien sûr disponible en exclusivité sur la plateforme cloud gaming de Netflix.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»