« Tomb Raider 1-3 Remastered » à l’essai : tout n’était pas mieux avant

Je me souviens très bien de mes débuts avec Tomb Raider en 1996, j’avais douze ans. Fasciné par l’intro, je l’ai regardée en boucle. Dans le jeu, j’incarnais le personnage de Lara Croft, qui s’est retrouvé dans une grotte, quelque part dans les montagnes du Pérou. Et pour la première fois de ma vie de jeune joueur, j’ai eu l’impression d’être réellement dans le jeu, impressionné par la présentation de l’époque.

En jouant aux versions remastérisées, je ne me suis pas senti absorbé par l’univers du jeu, mais l’environnement familier a réveillé des souvenirs de jeunesse.

Moins de polygones pointus dans « Tomb Raider »

Le réalisateur des versions remastérisées de Tom Raider, le studio Aspyr, a parfaitement répondu à mes attentes en laissant le jeu tel que je m’en souviens. Tomb Raider 1-3 Remastered remplit-il toutes les exigences actuelles ? Non. Ce n’est pas si grave, parce qu’Aspyr voulait rester fidèle à la version originale et y est parvenu. Si vous souhaitez vous faire une idée de l’original, je peux à tout moment passer de la nouvelle version à l’ancienne et inversement.

C’est là que je me suis rendu compte de l’ampleur de la différence entre les deux. Je suis d’abord frappé par le fait que Miss Lara Croft anguleuse aux allures de pin-up dans l’ancienne version est maintenant plus ancrée dans le réel. Aspyr a également remanié l’environnement pour embellir les textures des murs ou des sols et rendre les effets de lumière nettement plus authentiques. Ainsi, au début du jeu, la grotte a des ouvertures dans le plafond par lesquelles la lumière passe. L’éclairage est fidèle à la réalité. Dans l’original, la grotte fermée est pourtant toujours éclairée et l’environnement demeure aussi pesant qu’auparavant.

En jouant au deuxième niveau de Tomb Raider, je me souviens qu’avant, les indices étaient rares dans les jeux. Aucun message m’indiquant que je pouvais déplacer le levier. Je devais y arriver tout seul.

Pire encore pour les puzzles coulissants. On pouvait déplacer certains blocs, mais il fallait trouver lesquels et comment. Dans les versions remastérisées, des points d’exclamation indiquent quand je peux interagir avec un objet. Il suffit de se mettre devant un bloc pour le faire bouger, en maintenant la touche d’action enfoncée et en appuyant sur le pavé de commande. À l’époque, j’ai mis du temps à le comprendre.

J’étais un grand timide à douze ans, incapable de gérer la tension du jeu et régulièrement contraint de mettre la manette de côté. Je sursautais toujours et me mettais en sécurité à chaque grognement d’un loup ou hurlement d’un ours. Aujourd’hui encore, les bruits dans la version remastérisée déclenchent chez moi un sentiment étrange. Pour terminer le jeu à l’époque, j’ai simplement demandé à un ami de jouer pour moi et je lui ai offert des cartes Magic pour le remercier.

Des véhicules toujours encombrants dans « Tomb Raider 2 »

Dans Tomb Raider 2, il était surtout impossible de conduire certains véhicules comme un bateau à moteur ou une motoneige. Je m’en souviens encore. La version remastérisée apporte une amélioration, grâce aux nouvelles options de commande, mais la conduite est toujours une horreur.

En parlant de commandes, vous pouvez passer à celles de Tomb Raider : Legend, plus moderne, si vous avez du mal à gérer les commandes de tank (en anglais) traditionnelles. Personnellement, la manière traditionnelle me convient mieux, parce que j’y suis toujours habitué, même après toutes ces années. Je trouve bizarre de jouer autrement. Et je n’arrive pas non plus à viser avec les commandes modernes.

Je me souviens des énormes véhicules, des fenêtres qui se brisent dans Tomb Raider 2. Aujourd’hui les gens s’énervent effectivement à cause de la couleur jaune pour signaler les zones à escalader (en anglais). Si seulement les développeurs du deuxième volet des aventures de Lara Croft avaient misé sur une telle fonctionnalité. En effet, dans le niveau Venise, je devais détruire certaines fenêtres non signalées pour pouvoir progresser. J’ai mis des heures à l’époque à comprendre qu’il fallait interagir avec un objet.

Je ne me souviens pas d’autres détails du titre, que la deuxième partie commençait par la Grande Muraille de Chine ou d’avoir terminé le jeu. Pour ma défense, je peux juste affirmer que Tomb Raider 2 est sorti en 1997. Cette année là, je m’intéressais plus à Final Fantasy VI, Castlevania : Symphony of the Night ou Oddworld : Abe’s Oddysee qu’à Tom Raider. Ça a changé une année plus tard.

Seins et mimiques inquiétantes dans « Tomb Raider 3 »

J’avais 14 ans à la sortie de « Tomb Raider 3 ». Ce n’est que cette année-là que j’ai découvert tardivement mon penchant pour le sexe féminin et surtout pour les seins. À l’époque, Lara Croft, l’héroïne à très forte poitrine, était le sex-symbol.

Que l’énorme poitrine de Lara Croft soit une erreur est d’ailleurs un mythe (en anglais). Selon ce document, une erreur de programmation en serait à l’origine. En effet, au lieu d’être réduite de 50 %, elle a été augmentée de 150 %, mais le résultat fut approuvé par le reste de l’équipe. C’est ce qui ressort d’une déclaration faite par le character designer Toby Gard lors d’une interview. Jugeant la question tellement déplacée, il a répondu de manière sarcastique en parlant d’une erreur, ce qui est faux.

En tout cas, à l’époque, en tant qu’adolescent en manque, je me suis précipité sur le troisième volet, surtout à cause de Lara Croft. D’autant plus qu’il existait un code pour le logiciel de triche Xploder qui me permettait de voir Lara nue, mais la qualité était très mauvaise. Ce n’était plus la vraie Lara, mais une version d’elle aux cheveux blonds. Le fait qu’une vidéo YouTube soit toujours disponible prouve qu’elle n’était pas au goût du jour, même aujourd’hui.

En tant qu’adolescent, je m’étais rapidement désintéressé de Lara nue et du jeu aussi, parce que le développeur Core Design avait implémenté encore plus de véhicules dans le jeu que dans son prédécesseur. Toutefois, les commandes étaient toujours aussi mauvaises que celles de jeu précédent. Le pire souvenir que j’ai, c’est celles du kayak. Aujourd’hui encore, elles poussent des joueurs et des joueuses au désespoir. Comme c’est le cas dans cette vidéo ou ici.

Ce qui me frappe le plus dans la troisième partie remastérisée, ce sont les scènes intermédiaires retravaillées avec les graphismes ingame. Dans l’original, les visages ressemblaient à ceux de poupées, sans expressions faciales et les lèvres ne bougeaient pas lorsqu’ils parlaient. C’est différent dans la version actuelle. Mais les têtes tremblent toujours comme dans l’original pour exprimer des « émotions » et ça fait froid dans le dos.

Conclusion : une version remastérisée pour le plus grand bonheur des fans

Tomb Raider 1-3 Remastered me fait revivre des souvenirs de jeux. Sur le plan graphique, la première trilogie de Lara Croft a été bien peaufinée. Ainsi, le jeu, révolutionnaire à l’époque, est aujourd’hui plus jouable – les graphismes originaux ont mal vieilli. La réalisation est très fidèle à l’original, ce qui est un point positif pour moi.

Probablement, je ne me replongerai pas dans l’univers de Lara Croft après y avoir joué pour cet article, surtout en raison d’un gameplay poussiéreux. Même avec les commandes « modernes », les jeux ne sont plus au goût du jour. En effet, celles-ci s’inspirent deTomb Raider : Legend, vieux de 18 ans. Les scénarios sont également hors du temps et Lara Croft elle-même a également pris la poussière. Les actions du personnage aux allures d’un « terminator » auquel je ne peux pas m’attacher ne sont plus compréhensibles pour moi aujourd’hui. Je préfère rejouer à la trilogie du reboot, avec une Lara plus attachante.

Si vous êtes fan de la trilogie originale et que vous souhaitez y jouer avec des graphismes mis à jour, la version remastérisée est ce qu’il vous faut. D’autant plus que vous avez droit à trois jeux avec leurs extensions pour le prix d’environ 30 francs suisses/euros.

Tomb Raider 1-3 Remastered sera disponible à partir du 14 février sur Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5, PC, Xbox One, et Xbox Series X. Le jeu m’a été mis à disposition par Aspyr pour ce test sur la Switch.